Sur le bourbier Tchadien
Un exemple type de ce qu´est le pouvoir en Afrique actuellement : incapable, félon, sanguinaire, vide de toute ambition africaine réelle.
Le Tchad face aux enjeux gourmands qui l´étouffent
Les rebelles étaient arrivés jusqu´au palais présidentiel à N´djamena ; pourquoi diable n´ont-ils pas renversé le régime francafricain corrompu et incapable de l´ancien rebelle Idriss Déby Itno ? Au lieu de cela, ils se retirent hors de la ville ; partie remise ? Leur rapide avancée les avait coupé d´approvisionnement. Et puis il y avait, en coulisse, les menaces sourdes de la diplomatie française d´une part, celle de l´Union africaine de l´autre, et enfin celle de l´ONU. Prendre le pouvoir dans ces conditions, c´était sans doute se livrer à une douloureuse isolation qui risquait de ne mener nulle part. Un exemple type des agissements occultes que la francafrique et l´ordre international établi avaient savamment tissé autour de dictateurs africains pour les sauver de toute révolte ou putsch indésirables. Mais qui diable avait pensé à défendre les peuples pillés, vilement appauvris par des incapables notoires qui s´accrochaient au pouvoir en vendant les intérêts de leurs peuples à la francafrique ? Oui, comment ? Ou fallait-il attendre que les français leur désignent un représentant valable, ou que l´ONU qui n´avait su préserver l´Irak de l´invasion illégale américaine leur conseille qui jouissait de la légalité du pouvoir ou pas ? Rappelons-le, l´actuel dictateur tchadien était lui aussi un rebelle jusqu´à son putsch armé en 1990.
« Si la France doit faire son devoir, elle le fera, a souligné ce mardi 05 février le président français Nicolas Sarkozy. (…) L’armée française n’est pas là pour s’opposer par les armes à qui que ce soit, mais maintenant il y a une décision juridique du Conseil de sécurité prise à l’unanimité et si le Tchad était victime d’une agression, la France aurait au conditionnel les moyens de s’opposer à cette action contraire aux règles du droit international ».
La France, dans le bourbier qui l´attend dans toute l´Afrique se retire stratégiquement derrière l´ONU ; et ce faisant, elle ne résoudra pas le problème des équations africaines aux composantes révoltées contre la francafrique. Ces rebelles, même si personne n´a de sympathie pour eux, encore moins pour tous ceux qui, par la violence et le meurtre, s´accaparaient du pouvoir en Afrique, les africains aspirent malgré tout à un changement historique de compétence et d´engagement politique. Car bien ont déjà compris qu´il ne s´agissait pas de changer de têtes, mais bien d´efficacité économique permettant de créer l´emploi et d´investir dans un développement social permettant aux africains de jouir et d´entretenir leurs existences aujourd´hui appauvries et sans soutien.
Comme le disait le brillant Bernardin Mungul Diaka : « Quand le moteur d´une automobile est en panne, changer de chauffeur ne résout pas le problème » ! L´Afrique veut se débarrasser à la fois de ses incapables et traîtres que du joug occidental malfaisant qui a été levée sur elle en 600 ans d´une domination occidentale criminelle et inhumaine. Ce qu´on lui propose, hélas, n´est qu´un formalisme frustrant qui, sous des formes fallacieuses, la pillait tout aussi sournoisement qu´hier sans changer les choses au mieux ou œuvrer à sa prospérité.
Et cette tendance félonne de la part des occidentaux s´est accrue avec l´entrée en place géopolitique industrielle de la Chine. Or, et c´est notre profonde conviction, l´occident aurait plus à gagner en soutenant la relève économique de l´Afrique parce qu´à la longue, cet occident aurait besoin de marché et de partenaires économiques solvables et prospères. A quoi lui servirait une Afrique mendiante et appauvrie dans l´avenir comme c´est le cas actuellement ? A rien, sinon à subir ou concilier les incessantes rebellions que la frustration et la pauvreté auraient engendrés.
Fallait-il croire que Monsieur Jean Marie Bockel vendait du vent, qu´il avait tort de vouloir enterrer la francafrique ? Nous ne le croyons pas, et au demeurant, même si toutes ses déclarations n´étaient que des ballons politiques, on pouvait cependant le prendre au mot et suivre ses pas en veillant à ce que la francafrique soit vraiment abattue. Et il aurait besoin de vrais amis, tant ses ennemis autant africains qu´occidentaux le combattraient.
Qu´on le veuille ou non, l´Afrique s´est réveillée et dans sa révolte, ses animosités, elle risque vite de se transformer en bourbier incessant aux brasiers inextinguibles. Et ceux des occidentaux qui, comme certains africains se cachaient derrière la Chine en disant :
« Laissons-leur donc investir et réparer nos bourdes et nos désastres, et attachons nous à nous emplir les poches comme par le passé » ; ceux-là se trompent. Car si les africains ne s´en rendaient pas compte, la Chine, elle le fera et veillera à ce que les investissements qu´elle faisaient en Afrique profitent au développement de l´Afrique et des africains. C´est le moyen le plus sûr d´exclure les occidentaux de ce continent et par là de sécuriser autant les matières premières que le futur marché africain dont la puissance et les capacités pourraient être, dans l´avenir, pleines de dynamismes.
Un français d´origine africaine s´écriait, dans sa cécité et son aliénation : « Il faut sauver l´Afrique de la colonisation chinoise ! » Je me demande où il voyait les esclaves ou les négriers chinois Tels que « les droits des hommes » (français) ou « Liberty » (anglais) ?
La chine est surpeuplée, et bien plus loin de nous que ne l´est l´Europe qui nous ravit jadis de 200 millions d´âmes. Nous aurons plus facile à nous en débarrasser ou de s´opposer à son influence malfaisante si tel est le cas, que nous ne le pouvions contre la horde occidentale de jadis.
Au lieu de défendre aveuglement les intérêts de ses anciens maîtres et fossoyeurs culturels, ce monsieur devrait leur demander à ces occidentaux de la francafrique de cesser leurs ignobles mépris criminel envers l´Afrique noire. Ou fallait-il que l´appauvrissement, la corruption et l´avilissement des africains continue, parce que ceux qui en profitaient étaient blancs ?
L´exemple du Kenya nous a montré combien sous la fameuse « démocratie » l´Allemagne avait usé et abusé de l´élite de ce pays pour enrichir ses petites et moyennes entreprises, ses usines d´armes légères et ses banques au détriment du peuple kenyan. En occident, tout le monde chanta, dans la bonne tradition d´aveuglement par les apparences, le Kenya comme un exemple démocratique à suivre pour toute l´Afrique. Et aujourd´hui, où en sommes-nous ? Au bord de la guerre civile et du chaos social. Les accumulations sociales et économiques du Kenya ? Disparues, envolées en fumée. A la longue, on se demande si l´intelligentsia africaine se rend compte qu´on la repoussait elle et les leurs vers un gouffre insultant de dépendance et de misère. N´était-il pas temps de changer les choses ? Et de préserver les siens de ces pirates économiques qui les menaient sournoisement à un sort cruel et immonde ?
L´important, en Afrique actuellement, ce n´est pas le changement d´hommes du pouvoir ou même les voies légales, illégales ou violentes d´acquisition du pouvoir. Le plus important est le contenu et l´exercice de ce pouvoir dans les buts et les intentions pour lesquelles cette représentation de la légitimité du peuple s´exerce. Trop d´amateurs, d´illuminés et d´incapables se précipitaient au pouvoir en Afrique parce qu´il était le seul lieu où on pouvait s´enrichir à loisir honteusement sans faire preuve ni d´intelligence, ni de créativité. Cela tient autant de la pauvreté mentale que de la précarité matérielle que ce continent traverse actuellement. Et je formule le vœu que des africains imbus des leurs, et surtout intelligents et avertis accèdent au pouvoir en Afrique pour changer l´orientation sociale et son organisation au mieux. Car tous ceux qui y accédaient actuellement, outre leur médiocrité et leurs incompétence, ne brillaient pas par leurs résultats.
Les africains doivent le comprendre, et non seulement vouloir le changement, mais aussi savoir choisir celui ou ceux qui en sont les plus capables de l´exercer efficacement. Au lieu de verser chaque fois des larmes de crocodiles lorsqu´on n´a pas pris la peine de voter ou d´acclamer ceux qui tiendraient leurs paroles et défendraient fièrement les leurs. Le pouvoir, il n´est pas seulement un honneur ou une préséance de privilèges et d´avantages ; il est aussi, et cela tient de sa définition autant que de son contenu de légitimation, un vœu, une ardente promesse d´efforts et d´assiduité ayant pour objet de répondre aux attentes et aux espoirs des propriétaires de sa légitimité. Actuellement on a plutôt l´impression que l´occident, la francafrique s´est appropriée illégalement la légalité du pouvoir en Afrique noire. Ceci doit changer, naturellement.
Musengeshi Katata
Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu
Forum Réalisance