Fidel castro: l´adieu sans gloire
Depuis 1959, le Maximo Lider gouvernait à Cuba. Aujourd ´hui, à l´âge de 81 ans, épuisé par la maladie, il abdique et remet le pouvoir définitivement à son frère Raoul. Qu´a-t-il réellement apporté à son peuple en 49 ans de dictature socialiste ?
Plus de doctrine et de défensisme que de réelle révolution ?
Aucune petite nation n´a à ce point résisté efficacement contre les incessantes intrigues américaines pour s´approprier de sa souveraineté et exploiter cette île dans son intérêt. Et le monde entier considère Cuba comme l´exemple victorieux consacrant l´inégal combat entre David et Goliath. Mais au moment où David jette l´éponge, on se demande ce que le mur de défense et d´idéologie socialiste qu´il avait élevé autour de son pays pour protéger son peuple de l´exploitation capitaliste américaine; si ce rempart avait permis aux cubains d´épanouir et de sauvegarder non seulement leur liberté théorique, mais aussi de l´encenser par des institutions, des logiques de production, un sens social de l´existence qui leur permit de réaliser au mieux leurs rêves.
Etait-ce le cas ? Quand on a gouverné aussi longtemps au nom d´une liberté et d´une société reniant tout individualisme gratuit et inféodation économique de l´étranger, on se doit de présenter, au moment où on se retire, un tableau économique et social démontrant qu´on avait raison. Du moins que la liberté et la réalisation individuelle et sociale pouvaient être entreprises et réalisées autrement qu´en passant par l´esclavage, la colonisation ou l´exploitation économique étrangère unilatérale. Le bilan politique de Fidel castro, quel est-il en somme ? Sur le point de vue de l´éducation, de la santé, de l´alimentation, ce bilan est positif. Mais lorsqu´on va plus profondément au coeur du moteur industriel de la production, de la productivité et de la créativité imaginaire de ce pays, on se rend compte que ce pays n´était pas sorti d´une logique de défense. Il ne produisait ni machines, ni outils industriels de reproduction.
C´était simple, et n´importe qui pouvait le voir dans la rue où les cubains, faute de produire leurs propres voitures, s´accrochaient désespérément avec des réparations péniblement amoureuses des vielles antiquités américaines De Soto, Chevrolet, et consorts. Pourquoi diable n´ont-ils pas eu la fierté ou le courage de produire leurs propres automobiles ? Le socialisme impliquait-il la castration créative individuelle pour accéder à la liberté tant prisée ? Cette liberté qui ne se libérait pas de l´expectative pour rendre justice aux exigences contemporaines des temps, que valait-elle à la longue ? N´enfermait-elle pas son homme dans l´illusion doctrinaire plutôt qu´en l´émancipant face aux ses obligations progressives envers sa pleine et exigeante réalisation ?
Voilà le dilemme devant lequel se trouvait Cuba et Fidel Castro: à force d´avoir placé le socialisme au dessus de toute autre valeur individuelle ou collective de société moderne, ce dictateur avait oublié que la liberté créative, celle qui est réellement la reine de toute révolution, cette belle vertu avait été fonctionnalisée et réduite à des plans rigides l´empêchant de foisonner, de moissonner une liberté tendant dans ses discussions et ses projections réelles vers l´absolu, sa véritable liberté.
Depuis quand le dictateur savait-il qu´il conduisait son pays à l´impasse ? Au plus tard lorsque les résultats économiques chinois ne laissèrent aucun doute sur le puissant avenir que cette grande nation se préparait, il comprit ce qui se passait et apprit par-là même les erreurs et les manquements de déontologie politique dont il avait été la victime. Au lieu d´offrir à son peuple une liberté réelle de libre réalisation au four et au moulin de sa souveraineté, il l´avait enfermé dans une liberté fonctionnelle définie et régie par une tutelle de fonctionnaires qui en étouffèrent son véritable épanouissement.
Accumuler, organiser et entreprendre une industrialisation fondée sur la haute créativité du peuple souverain autant dans ses ambitions que dans l´exercice de ses responsabilités envers sa finitude; cela ne se fait pas ni avec des slogans, ni avec un cloisonnement embusqué à quelque doctrine supérieure que ce soit. La Chine le démontrait. Et pour se développer, ou du moins se doter des moyens de développement, elle n´avait ni changé de doctrine politique, ni égaré ses efforts dans des prétentions socialistes ambiguës en Afrique. Elle n´avait non plus pas cédé à la maladie dont soufraient les africains, par exemple: à vouloir acheter le progrès plutôt que de le faire par soi-même. Les résultats chinois étaient aujourd´hui éclatants. ces chinois disaient au monde que ce n´est pas la doctrine politique qui compte, mais bien l´intelligence et le sens de l´organisation qu´une élite met à jour pour réaliser les rêves et les attentes de ses enfants.
Echec et mat, donc pour le Cuba de Fidel Castro dont l´élite s´était cachée derrière l´idéologie socialiste tout en ne voyant pas que l´important était ailleurs, notamment dans la réalisation réelle et hautement responsable d´une véritable liberté de réalisation laquelle passait par l´accumulation et l´épanouissement et la mise en responsabilité de la créativité intellectuelle individuelle afin d´obtenir un succès valable pour la société. Et une conclusion était devenue absolument claire dans la victoire chinoise actuelle: toute idéologie qui, à force de se fêter elle-même ou de s´embusquer derrières des principes vides de simple conservation du pouvoir, ne remplit pas son véritable devoir envers son efficience et envers les légitimes attentes que le peuple place en lui. Une théorie idéologique, somme toute, ne vaut que ce que ses élites en retirent en résultats réels pour leur peuple. Et du coup, tout chemin pourrait conduire à Rome...si on a pris le soin de se nantir d´une bonne monture conduisant à bon port.
Personnellement, et bien conscient autant des 48 ans d´un embargo économique et commercial criminel de la part des américains et des occidentaux jusqu´à ce jour, et toutes choses restant égales, je considère que Fidel Castro a été un bien nécessaire à Cuba. Hélas, et cela tout le temps qu´il est resté au pouvoir, il n´a pu industrialiser ce petit pays. Du moins, lui donner les moyens de briser efficacement les fers que l´Amérique revancharde avait mis à son cou. Réagir, s´embusquer derrière quelque idéologie que ce soit ne mène nulle part si on n´arrive pas à sortir de la défensive pour devenir maître et acteur de sa propre réalisation. Aussitôt annoncé le départ de Fidel Castro, Louis Michel se précipitait à Cuba pour voir si, par des achats et des crédits douteux on ne pouvait pas dévorer à loisir les accumulations cubaines. Toujours la même sournoiserie. Les chinois, eux ont su se garder de sangsues occidentales. Les autres peuples doivent apprendre à se garder de vampires économiques de notre monde, sans cela, qu´ils ne s´étonnent pas s´ils restent pauvres et nécessiteux.
Musengeshi Katata
Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu
Forum Réalisance