A propos du Méga deal entre la Chine et la RDC
Un deal de dupes plus démonstratif qu´utile au développement économique du Congo ?
Lorsque j´ai reçu à plusieurs reprises cette information que je connaissais déjà, je me suis dit qu´il était temps de l´analyser plus profondément. Et malgré tout je me fais violence parce qu´il saute aux yeux que ce fameux deal n´est rien d´autre que la nouvelle aventure d´un pouvoir pris à contre-pied par une réalité économique décevante et plutôt terne de dynamisme et de promesses. Ainsi s´empressait-on, comme le dictateur Mobutu l´avait fait, à faire recours au gigantisme inutile pour enfumer les gens. Et naturellement conserver ou justifier l´exercice du pouvoir.
D´abord, il ne s´agit pas de ma part d´un quelconque épanchement personnel; ce n´est même pas le fait d´un parti pris. Il est vrai qu´après mon voyage au Congo, et au vu et su de mes observations sur place, je considère l´élite au pouvoir actuel au Congo comme aventurière et profondément incapable. Et ce n´est pas seulement parce que Kinshasa croule sous les déchets domestiques.
Le Congo, il est vrai, est grand; on perd facilement l´orientation quand on n´a pas les moyens rationnels sévères d´analyser et de juger autant des voies et moyens que du potentiel de nécessités que ce pays exige pour le mettre sur la meilleure voie de développement.
Avant d´en venir proprement à ce fameux deal, je me permet de faire un petit éclaircissement: celui du contexte sociohistorique dans lequel tend, dans la mesure de l´intelligence et des possibilités créatives de son peuple, à se développer pour mieux remplir ses devoirs envers Tous ses enfants. Et je le souligne ici fermement parce, et cela m´a été confirmé à Kinshasa par les dires de quelques ministres médiocres, que le Shaba ou Katanga comme on veut, devait être privilégié ou que cette province devait dominer tout le Congo. je suis né au Shaba, c´est connu. Les conditions révoltantes et douloureuses dans lesquelles la famille Musengeshi a quitté cette province la veille de la proclamation de l´indépendance me mettent dans l´embarras.
Pourquoi ? Simplement parce d´une part je suis resté Lumumbiste, et de l´autre, je n´ai ni oublié, ni pardonné nos biens saisis illégalement autant que la mort tragique de mon grand père. Aujourd´hui encore, lorsqu´on me parle de cette province où mon père a été premier bourgmestre élu avant l´indépendance, j´ai, et je l´avoue sincèrement, une colère qui ne s´est ni assagie avec le temps, ni avec la distance. J´ai toujours difficile à croire que des gens qui se sont abaissés à de tels actes de barbaries et d´injustice se soient aujourd´hui, et sans réparer ou se distancer de leurs actes passés, devenus des démocrates consciencieux et avertis. Peut-être suis-je resté ancré dans une logique de jugement de faits réels, qui sait.
Il est tout de même bizarre que Simon Kimbangu, Patrice Lumumba aient tous été transférés au Katanga pour y être assassiné...ou emprisonné à vie. Curieux et plutôt, en ce qui me concerne, hautement suspect.
Maintenant, si vous voulez, revenons à ce fameux deal proprement dit. Je ne sais pas combien de fois on doit dire aux africains, et particulièrement aux congolais que le progrès ne s´achète pas, il se conçoit et se réalise ! C´est dans l´organisation et l´adéquation des modules de production, dans leur critique et leur perfectionnement que le progrès, et bien sûr la réalisation du développement se découvre et s´entretient. Dans ce deal si faussement élevé au deal du siècle ou à un chantier exceptionnel pour l´avenir ou le développement du Congo, on n´achète, en définitive qu´un ou plusieurs vulgaires instruments d´emploi. Or, la logique économique la plus élémentaire dit qu´on ne construit pas une route avant d´avoir construit la voiture qui doit y circuler ! Ce défaut, il est hélas, courant aux africains qui, dans leurs complexes ou leurs aveugles désirs de se propulser ou de se donner les apparences du progrès, tombent, hélas dans l´amateurisme de consommation le plus infantile. Au grand intérêt et plaisir des exportateurs étrangers, naturellement.
En fait, tout ce deal ne serait, en définitive, que la plateforme coûteuse permettant aux industries étrangères de vendre leurs automobiles au Congo, et ce faisant de s´emparer des accumulations financières congolaises. Pourquoi ne pas employer, comme je le ferai à leur place, ces 9 milliards pour mettre sur pied l´industrie du fer et celui des outils de production mécanisés à jour ? Quitte à employer, si les ingénieurs et techniciens congolais manquent, les chinois ? Le Congo possède une considérable réserve de fer, et bien de techniciens au chômage ou sous employés. Pourquoi diable ce délire africain et particulièrement congolais s´accrochant au voyeurisme disqualifiant de la facilité ?
Dans cette histoire, j´ai plutôt l´impression qu´un enfant des maquis voulait se doter d´un rêve ou d´un jouet illuminé qui témoignerait de son arrivisme. La fin du maquis tanzanien ou du marché aux oeufs durs...Ce que ce projet ou ce rêve représentait pour la société dans son ensemble économique était de seconde importance. Et permettez ma retenue quant à tous les badauds et inconscients qui applaudissaient ou se laissaient aveugler par de telles bourdes mettant la charrue devant les boeufs. Mais où étaient donc les économistes et les ingénieurs congolais pendant qu´on leur volait le travail, les finances, la conceptualité ? Tous en train de dormir ou couchaient-ils tous devant cette criante malfaçon économique ?
Personnellement je me demande pourquoi de telles erreurs émergent toujours de cerveaux africains. La logique renversante de tels projets est tellement ahurissante et frappante qu´on se demande si les africains, dévorés par leurs aveuglement à sortir de la misère et de leur dépendance envers l´occident, ne se jetaient-ils pas avec fracas...aux pieds de leurs geôliers et prédateurs d´hier ! Voir les choses solidement, en développant à chaque pas les aptitudes et les capacités de ses propres enfants en leur demandant de faire montre du meilleur d´eux-mêmes; pourquoi cette démarche semblait insatisfaisante ou insuffisante aux africains, que diable ? La Chine, cependant montrait que c´était la seule voie véritable de développement !
A la fin, je vais finir par croire qu´il y a un mépris évident de l´africain, du congolais envers lui-même ou les capacités de ses propres enfants. Or, le progrès n´est pas un miracle extérieur qu´on doit acheter ou s´en approprier de l´usage; c´est plutôt la réalisation de rêves et d´attentes profondément échues d´un peuple, d´une nation. Et on doit se demander si, encore une fois, avec le vulgaire troc d´un tel projet, on ne confirmait que le manque de confiance et de capacités qu´on entretenait à l´endroit de ses propres enfants et de leur avenir ! Encore une fois. Ni la France, ni les Etats-Unis, encore moins la Chine ne se sont abaissés à de tels deals condamnant l´intelligence et les capacité des leurs. Bien au contraire. Mais alors, pourquoi les africains croyaient-ils que pour eux l´heure ou le sens de l´histoire fonctionnaient autrement ?
Comme je connais les congolais, ils vont jubiler et acclamer ce projet. Puis, comme hier avec Mobutu, ils vont se mettre dans quelques années à pleurer des larmes de crocodiles sur les conséquences négatives que ce projet révèlera. L´occident, elle, se frottera les mains: encore des idiots qui crieraient à l´aide et à l´assistance. Après tout, cette culture ne vivaient actuellement plus d´elle-même, mais des erreurs et faiblesses de leurs victimes du passé. Et si certains rejettent toute la responsabilité à Kabila alors, ils auront tort car le peuple qui se choisit un incapable pour le gouverner ne peut pas se plaindre si ses rêves et ses attentes sont traînés dans la boue. Ou Kabila serait-il un génie issu des maquis tanzaniens et d´une université jadis inexistante... à Washington ? Le génie africain, décidément, est fabuleux. Un échangeur ou quelques kilomètres de routes ou de chemin de fer ne font pas encore le développement d´un pays. Ne nous y trompons pas.
Musengeshi Katata. Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu.
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