La crise, ses mensonges, ses illusions, ses dangereux fantasmes
En Europe actuellement la crise fait son chemin. On crie, on se débat, mais
la crise, elle fait son chemin. Haro aux bonus ? Beaucoup de vent pour
rien car le vrai problème de la crise était ailleurs ; ce qu´on craignait
avec l´explosion des bonification bancaires c´était tout simplement un
phénomène d´échauffement de la rapacité de la part des banquiers. Pourtant, ce
phénomène n´existait pas dans la crise. Mais alors, pourquoi voulait-on nous
faire croire que les Etats auraient une quelconque influence là-dessus ?
Oui, depuis quand l´Etat, n´importe quel Etat, lorsque les banquiers auraient
rendu les aides qu´ils avaient reçues dernièrement, est-il en droit
d´intervenir dans les modes de paiement d´entreprises privées ?
Dans la douloureuse vallée incertaine de la crise…
"Rien ne sert de courir, il faut partir à point" Jean de la Fontaine
Oui, au fait, de quel droit l´Etat pouvait-il justifier cet
interventionnisme comptable et quel intérêt avait-il donc à le faire ? Que
cachait tout ce tapage international soutenu autour des bonifications de
traders ou de banquiers qui ne faisaient que leur travail de gagner l´argent ?
On comprendrait cela si les banquiers et les traders malheureux ayant reçu l´aide
publique se mettait à distribuer des bonus sans le moindre géne; mais on a aussi vu que les pouvoirs
publics ne savaient pas empêcher l´exécution de contrats de paiement pris
avant la crise…alors ce tout feu toute flamme pour prétendre trouver un règlement
international pour limiter les gains et les bonifications de banquiers…une
belle foutaise qui ne tiendrait pas. Les banquiers, comme l´a dit un banquier
allemand ouvertement, ne se mêlent pas de limiter les honoraires des
politiciens !
Toute cette affaire vient du fait qu´on veut faire croire aux gens que ce
sont les banquiers seuls qui sont responsables de la crise, ce qui n´est
absolument pas vrai. Cette impression a été renforcée par l´écroulement de la Lehman Brothers le 14-15 septembre 2008
qui a mis à mal l´économie mondiale en mettant à nu la fragilité d´un système
longtemps aux prises avec des déséquilibres colmatés et rapiécés de toutes parts
depuis des décennies. Et il faut bien le dire : si les banquiers de la Wall Street avaient si joyeusement joué
à la titrisation et noyé l´Amérique d´hypothèques immobilières gratuites et
insolvables, c´est bien parce que la politique monétaire de la Fed les y invita
gracieusement avec une véritable marée monétaire à vil prix. Et maintenant les banquiers
seraient les seuls à avoir tort parce qu´ainsi le voulait l´opinion
publique ? Seraient-ce toujours les banquiers qui furent responsables du déficit
commercial américains envers la Chine ? Ou encore ce sont les banquiers
qui avaient appauvri, avec leurs surproductions industrielles, l´Afrique en
nuisant gravement au développement de ce continent ? Ou les banquiers étaient-ils
responsables de l´endettement exorbitant de GM ou des guerres américaines excentriques
et coûteuses ?
Peut-être, pour être juste, mais aussi pour rendre justice à tous ceux qui
se demandent encore aujourd´hui de quoi est faite cette crise, devrons-nous la
décrire pour qu´on la comprenne mieux. Cette crise est un gigantesque excès d´offre à
tous les niveaux ! Cela veut en fait dire : trop de produits, peu d´acheteurs.
Et pour cacher ce déficit criant à l´équilibre économique, on a, depuis 20 ans,
incroyablement augmenté les moyens financiers afin de permettre aux sociétés
productrices de vendre avec l´aide du crédit qui fut couvert par le marché
hypothécaire américain entre autre, et par des sociétés de financements ayant
poussé du sol comme des champignons. Ce qu´on ne voyait pas, ou qu´on voulait
ignorer comme le fit GM, c´est qu´on vendait de moins en moins et qu´on était
acculé à emprunter 5 $ pour générer un profit de 1 $. En fin de compte, GM a dû déposer son bilan et se mettre
sous la protection de l´article 11 de la loi sur les banqueroutes aux Etats-Unis.
Plus de 80 banques américaines sont tombées définitivement en faillite et ont
disparu corps et bien.
En fait, rien ne marchait plus au sens commercial du terme sans encourager et
même aider ses clients à l´étroit de s´endetter de plus en plus scandaleusement.
On se souvient du mot d´ordre de Sarkozy envers les africains en 2008 peu avant
la crise : « Endettez-vous ! ». Les
Etats, les sociétés, tout le monde fut de la partie, tant l´argent était bon
marché et une bourse généreuse permettait d´emprunter sur les marchés et jouer
au casino en gagnant ! Tout l´occident se jeta dans l´arnaque à la bourse
pour gagner, avec l´argent facile, encore plus d´argent. Hourrah, vive le
capitalisme sans foi ni loi ! Aujourd´hui, cependant, c´est le grand réveil
dans la grande sobriété…Le crash boursier de 2008 a coûté jusqu´aujourd´hui
plus de 50.000 milliards $ et beaucoup de sociétés commerciales et de personnes
privées y ont perdu leurs épargnes de pensions, leurs habitats, leurs emplois…fini
la nouba. Et pendant que les banqueroutes commerciales et mêmes bancaires étiraient
les sociétés industrialisées et poussaient les gouvernements à de grands
emprunts pour soutenir d´un côté les banques, de l´autre les sociétés
commerciales, la crise, elle, attisée par la surproduction et l´insolvabilité,
continuait à ronger toutes les substances fragilisées de l´économie réelle. La
prochaine manche s´appelle le chômage. Un chômage cruel et dur qui allait durer
plusieurs années…mettant de nouveau à mal les caisses sociales de pays…déjà
lourdement endettés. Et jetant par millions des familles entières dans la détresse.
Fin de récession ? Possible, mais fin de la crise, j´en doute bien
fort. Aux Etats-Unis, et ce malgré l´énorme plan d´aide financier d´Obama, le
chômage continuait à étirer la société de ses malheurs. En France, chez Télécom
en 18 mois 22 employés se suicidaient ; en Allemagne on s´était précipité,
pour sauver la victoire de la droite le 27 septembre, de retenir 1.500.000
employés en travail partiel au lieu de les envoyer au chômage. Les invisibles
vivants et menaçants de la crise. Après les élections ces mesures prendraient
fin…ce sera la grande ruée aux bureaux d´emploi. L´économie américaine représentant
30% de l´économie mondiale ne sortait pas encore de sa léthargie et vendait ses
dettes plutôt que sa plue value industrielle ou commerciale. La reprise
serait-elle déjà là ? Oh là là il ne faut pas rêver. Nous croyons très
certainement que le pire va encore arriver – du moins, pour recouvrer le niveau
de 2007. Cela va prendre du temps, tant qu´une demande vraiment solide sera
absente. En ce moment ce sont plutôt les mesures étatiques qui tirent le carrosse,
or, à part les banquiers, aucune économie ne se développe solidement avec l´aide
publique.
Non, je pense plutôt qu´il s´agit, dans toute cette histoire de
bonification contrôlées ou encadrées de préparer le sommet de Pittsburgh. Et
surtout de donner l´impression qu´on est maître de la situation, ce qui n´est
absolument pas le cas. Les laitiers sont en colère en France, en Allemagne et
en Suisse et réclament des subventions or, ces subventions sont exactement ce
qui est à la base de cette crise. Après l´aides à la casse des marchands d´automobiles,
on attend une crise des ventes incroyable d´autant que la branche connaît une
surcapacité de 80% ! Non, il s´agit seulement de faire bonne figure à
Pittsburgh et en prévision de la crise de l´emploi qui va bientôt démarrer, de
justifier les bas salaires qu´on obligera les gens de prendre pour remettre l´économie
à flot. Le chef de la DGB, le syndicat allemand du travail, Michael Sommer, a prévenu tous les partis candidats aux législatives
allemandes que si l´un d´eux croyaient rejeter les coûts de cette crise sur les
ouvriers, que la DGB allait s´y
opposer énergiquement. Des tumultes sociaux de contestation sont à craindre. Et
pour ma part de pense qu´avant 2013-2014, parler de relance est une bien belle
illusion qui ne fait ni sérieux, ni averti. Il faudra du temps pour réparer
toutes les erreurs du passé. C´est une grande crise comme nous n´en avons
jamais vécue, pas une petite querelle de famille.
Musengeshi Katata
« Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu »
Forum Réalisance