On ne peut exiger des autres qu´ils oublient leur histoire pour mieux les chosifier
Commentaire sur Facebook portant sur les relations entre la Belgique et la
RDCongo
Les
milieux financiers néocolonialistes belges doivent cesser d´intriguer contre le Congo et
son avenir !
Moi par contre je n´ai pas aimé l´intervention de notre ami Maurice Van Der
Maelen...je n´aime pas les gens qui, sans savoir combien le problème est
complexe et psychologique, et même en oubliant qu´ils sont aussi de ceux-là qui
créèrent ce problème rageur dans le passé, viennent rappeler les gens à suivre
un sentier étroit. Il est vrai, dirai-je qu´il est aujourd´hui facile de dire
aux gens de sortir du passé alors que soi-même, avec le capital fait jadis avec
le sang et les larmes de leurs victimes, on continue, comme le dit Berry
aujourd´hui, à avoir la peau dure !
On n´a pas du tout oublié le sujet; ce sujet, comme le dit jean Ziegler,
est un problème qui continuera, des générations et des générations, à meubler
avec ses atrocités et son illogisme humain, le subconscient des africains. Et
peut-être vaudrait mieux, lorsque les africains en débattent, à ne pas jouer
les faux professeurs d´école qui voudraient bien, comme par bâton magique,
faire disparaître la vérité ou pousser les gens au simplicisme pour mieux se
guérir de ses propres manquements passés envers les malheureuses victimes
congolaises entre autres. Nous savons ce que Léopold II disait des belges (son
propre peuple): "petit pays, petit
esprit". Il envoya ses missionnaires en Afrique avec l´injonction:
"Apprenez leur à croire, pas à
raisonner" et poussa cependant l´ironie et le sarcasme en disant: "Bon chrétien, bon crétin !".
Ceci pour dire que j´entends toujours avec joie les congolais discuter et
réfléchir sur leur passé, parce qu´on ne peut pas faire l´avenir sans s´être au
préalable instruit du passé. Je n´aime pas l´africain qui accepte trop
volontairement lorsqu´on lui demande d´oublier son passé ou de ne pas s´en
instruire, parce que j´ai la nette impression alors qu´on veut en faire un phagocyte:
un être sans passé et sans histoire; un fantôme culturel en somme qu´on peut
aliéner et chosifier à loisir.
Ceci dit, Didier, nous devons voir les choses de l´avant, certes et nous
débarrasser de nos erreurs passés, c´est certain...seulement, comment le
fait-on sans juger, sans se construire un idéal meilleur permettant de répondre
aux nouvelles exigences futurs ? L´impérialisme dont Berry nous a invité à parler,
est d´une des formes les plus sournoises et pénétrante qui soit parce que les
belges s´arrangent, autant sur le plan financier, culturel, économique que
politique, à nous soumettre á leur existentialisme qui, lui, fait profit de nos
richesses et de nos marchés sans nous reconnaître objectivement les mêmes
droits ! Or, nous sommes de cultures différentes, nous avons des femmes et des
enfants aussi beaux sinon aussi chers que ceux des belges...nous nous devons de
nous opposer vigoureusement à cet impérialisme primitif qui assassina nos
élites, pillait scandaleusement nos matières premières...et prétendait nous
dire ce qui est sujet et ce qui est hors sujet !
Je conseille, pour tous ceux qui ne l´ont pas encore lu, le dernier livre
de Jean Ziegler. "La haine envers l´occident"; les gens se rendront
compte alors non seulement combien l´impérialisme occidental est sournois et
cruel, mais aussi ils apprendront avec quelques excellents exemples combien ces
gens sont raffinés et criminels. Se débarrasser de cet impérialisme est
irrécusable...mais cela commence aussi dans la critique du passé, dans l´esprit
des gens et dans l´intelligence rationnelle et logique avec laquelle les élites
vont s´opposer à cette honteuse calamité humaine. Ceux qui tuent à distance nos
femmes et nos enfants avec la pauvreté et l´indigence emploient une arme
aujourd´hui autant cruelle qu´invisible en Afrique: la corruption; aussi, pour
guérir nos institutions, nos élites et nos sociétés, il faut aussi luter contre
cette pègre sociale. Ceci dit, la liberté ne se donne pas ; ni d´un belge,
ni d´un américain, ni d´un allemand ou d´un chinois, elle se réalise, elle se
bâtit, elle se défend. Nous devons seulement veiller à ce que nous ne restons
pas enfermés ni dans nos erreurs passés, ni dans nos lamentations car cela
pourrait nous empêcher de retrouver notre identité sociohistorique positive, de
développer nos capacités et nous forger un avenir qui rende justice aux
attentes et aux rêves qui sont légitimement les nôtres.
Musengeshi Katata
« Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu »
Forum Réalisance