La France a-t-elle accusé l´Allemagne d´envahir l´Union Européenne de ses exportations bons marchés?
On a presque envie de rire sous cape, tant cette réclamation d´étouffement
par des exportations allemandes amusent. Pourquoi ? Mais parce tout
l´occident avait employé le même système pour étouffer l´Afrique et l´endetter,
avec des prêts intentionnels consignant à l´achat des excédents étrangers, au
plus ruineux. Au cœur de la crise économique et le bas blessant les finances
publiques de tout l´occident, un vent insidieux de protectionnisme courait,
allègre mais bien tendancieux, les rangs des nations industrialisées. Le
dernier éclat fut celui de l´affaire Etats-Unis Union Européenne où Boeing reçut,
en deuxième envol, un appel d´offre curieusement taillé sur mesure…mettant les
européens hors de course malgré une bien meilleure proposition en qualité et en
capacité de services.
Guerre
de protectionnisme voilé de fausse fraternité ou larmes de crocodiles ?
Est-ce de notre faute si nos
produits sont plus aimés, jouissent d´une meilleure réputation de qualité que
ceux des autres ? Disent les allemands, mais est-ce réellement le cas ou
l´Allemagne « aidait » ses produits à mieux se positionner à
l´exportation, ce qui augmentait leurs ventes à l´étranger ? Il faut dire
que ce n´est pas du tout par hasard que les produits allemands sont meilleurs
que les autres…les réformes faites par Gerhard Schröder (1998-2005) avaient
notamment pour but de diminuer les coûts à la production. Quand ceux-ci
augmentèrent en Allemagne de 0,2% de 2000 à 2005 et de 2005 à aujourd´hui de
0,7% ; en Europe ces coûts augmentèrent en moyenne de 2% et 2,1% pendant
les mêmes périodes respectives. Gerhard Schröder avec la fameuse réforme Hartz
IV, appauvrit la consommation nationale mais dégagea la poudre pour les
exportations. Puis il ne faut pas oublier que dans la crise actuelle et même si
l´Allemagne a cédé sa première place au monde de plus exportateur à la Chine,
la fabrication de machines de production dans laquelle l´Allemagne s´est faite
dans le monde entier une réputation remarquable, cette branche fonctionnait
malgré tout…grâce à sa réputation de précision et d´indéniable qualité.
Des pays comme le Portugal, l´Espagne, la Grèce ont vécu au dessus de leurs
moyens et n´ont pas fait les réformes nécessaires. Pour prendre un exemple
frappant, pendant que dans l´Union les prix du coût du travail diminuaient de
-13,5% depuis 1999 jusqu´aujourd´hui, en Grèce ces prix explosèrent jusqu´à
+15% ! L´Allemagne, reconnaissait Mme Lagarde, ministre de l´économie en France,
a dans les dix années passées, incroyablement bien fait son devoir à
domicile : la compétitivité des produits allemands a augmenté pendant que
ce pays a exercé une pression élevée sur les coûts du travail. Quand on
considère les prix unitaires à la production, on se rend compte que les
allemands ont été dans ce domaine incroyablement bons. Et elle ajoutait à
propos de la crise et face à la stagnation des croissances que celle-ci causait
dans l´Union : Je ne suis cependant pas certaine que ceci soit un modèle à
suivre à long terme pour les économies de l´union. Nous avons un besoin évident
d´un meilleur équilibre.
En clair il n´est plus temps d´appauvrir les populations en Europe avec des
salaires restreignant la consommation, mais bien de donner plus de moyens
financiers aux marchés nationaux afin de stimuler la consommation et bien sûr
ainsi les industries et leurs investissements. Tout cela était bien et
joli ; le grand problème des retardataires est qu´au moment où ils ont
besoin de compétitivité, s´ils ne s´y sont pas préparés…ce sont les autres qui
vendent, naturellement. Et si alors ils élèvent les salaires pour relancer
leurs économies, ce sont de nouveau ceux qui étaient compétitifs et
concurrentiels qui faisaient l´affaire. Autant dire que Sarkozy et ses
prédécesseurs avaient dormi…réclamer aujourd´hui que l´Allemagne prenne des
gants ou prenne des égards à l´endroit de pays retardataires dont la France…est
pour le moins insoutenable. Ils auraient dû, eux aussi, faire leurs devoirs à
domicile au lieu de jeter la poudre aux yeux de leurs industriels et leurs
consommateurs pour jouer les enjeux idéologiques ou opportunistes politiques.
L´histoire de l´EADS et de l´appel d´offre américain qui ne s´avéra pas
être équitablement ouverte aux européens trouva lapidairement les conclusions
d´un fonctionnaire américain : Notre
pays est en crise, nous avons un chômage qui ne nous permet pas de négliger
notre propre économie. Eh oui, ces champions du marché libre…lorsque leurs
propres blessures saignaient, on en oubliait certains principes qu´on fit jadis
si souvent avaler aux autres. Le spectre du protectionnisme était-il déjà
invité à danser au festival d´une crise économique qui prenait toutes les
allures d´une longue et périlleuse épopée ? Hélas, oui ; on essaiera
de freiner ou de contenir ses dégâts, mais qui donc allait livrer ses
consommateurs et son économie aux étrangers quitte à écoper d´un chômage encore
plus ruineux…pour l´amour qu´on a des autres partenaires internationaux ?
Comment cela allait-il être pris dans le pays ? Sûrement pas très
patriotique ou responsable…On en était donc là, attablé avec des excuses toutes
faites…et bien valables pour des actes de self défense.
Obama avait défrayé la chronique avec son cri, en début de semaine en
instaurant un nouveau ministère pour le commerce extérieur : « Nous voulons promouvoir
l´exportation ». Un cri qui a fait sourire ironiquement tous les
connaisseurs étrangers parce qu´on se demandait : au moment où le dollar
était coté plus cher que l´Euro et que la compétitivité des produits américains
n´effrayait personne en Europe, en Asie ou en Afrique ; comment diable
l´Amérique allait-elle briser les records dans l´exportation ? Avec les
armes ? Ce n´est pas suffisant ; tout le monde n´est pas né à
Brooklyn dans le monde ou était issu du Texas. On ne résout pas les problèmes
économiques avec les armes ! Puis avec la crise économique, les gens et le
crédit s´étaient assagis de projets hasardeux ; on spéculait plutôt aux
finances ou on achetait dans les matières premières sûres, les denrées
alimentaires. Fini l´aventure à la Wall Street. Eh oui, ces dettes et ce monstrueux
chômage américain, cela engendre de ces déclarations ! Maintenant mêler
les diplomates à la vente de bananes et de pièces de rechange…cela risquait
bien de déshonorer leur métier en les mettant en danger d´être cités devant les
tribunaux commerciaux pour…corruption, défaut d´exécution, ou même à y citer
quelques clients récalcitrants. Comment distinguer le diplomate protégé par un
statut international de l´agent de commerce ordinaire ? La crise,
décidément, rendait les gens imprévisibles…et peu respectueux de convenances établies.
Musengeshi Katata
« Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu »
Forum Réalisance