La crise économique actuelle ne met-t-elle pas dangereusement la démocratie en danger ?
Mais oui. Avec les endettements publics exorbitants contractés par les pays industrialisés occidentaux depuis 20 ans, nous sommes aujourd´hui bien tombés dans le chantage néolibéral des banques et des financiers internationaux le plus difficilement négociable qui soit. Paie tes dettes ou meurs comme un chien de rue sans maître. Mais si tu veux de nouveaux emprunts ou du temps pour asseoir tes réformes, alors tu dois entreprendre les coupes sociales les plus impopulaires et les plus dures de ton histoire sociale. prophylaxie ou meurtre démocratique ?
Notre quête démocratique est-elle aujourd´hui prise au piège destructeur du néolibéralisme par le surendettement public ?
Tout cela aurait pu bien marcher pour les politiciens qui s´endettèrent depuis 20 ans en espérant que la croissance les guérirait de leurs maux…Hélas, la croissance ne fut pas si généreuse qu´on l´espérait et on prit l´habitude de s´endetter régulièrement sans pour autant comprendre le danger réel de ce qu´on faisait. Il faut dire que lorsqu´on s´endette, on le fait sur sa productivité économique, ses avoirs ou…l´avenir de ses enfants.
Peut-on dire que les fausses titrisations faites par Wall Street sur les Subprimes et l´écroulement de la Lehmann Brothers avaient provoqué la crise économique que nous subissons aujourd´hui ? A mon sens non, ils déclenchèrent son décantement, cette crise ayant des origines bien antérieures : notamment le défaut de croissances réelles effectives d´une part compensées ou forcée avec l´appauvrissement scandaleux des africains, et de l´autre le rétrécissement progressif du marché mondial par l´entrée économique de nouveau pays dit « émergents ». La Chine, le Brésil, l´Inde et l´Afrique du Sud.
Et plus la situation se corsait sur la scène internationale réelle ou dans l´industrie des finances avec les pertes sèches d´environ 50.000 milliards engendrées par les Subprimes et la banqueroute de la Lehmann Brothers, et plus les croissances firent défaut et les dettes devinrent difficiles à payer. Il ne resta qu´à les renouveler régulièrement, or les créanciers, craignant la perte de leurs créances, étaient devenus plus exigeants. Et la croissance tant attendue ne venait toujours pas.
Le grand danger que court actuellement les démocraties occidentales est cette situation de faiblesse politique que les Etats endettés cultivent malgré eux face au dictat des Milieux financiers employant l´instrument du renchérissement des placement d´adjudications publiques pour pousser les pays en difficultés à faire des coupes douloureuses dans leurs budgets et politiques sociales. On le voit en Grèce, au Portugal, en Espagne, en Italie, en Belgique…au plus un pays est endetté, au plus il doit réduire ses dépenses en faisant des coupes sociales sans alternative aucune. Cela ne plait, bien sûr pas au peuple qui va sur la rue ; mais plus dangereux est la perte de crédibilité de la politique et ses institutions qui ont laissé pourrir la situation pour en arriver là.
La démocratie est bien en danger dans cette crise parce que ceux qui doivent l´exercer, les hommes politiques, sont en discrédit ; quant à ceux qui en sont propriétaires, et sous les dictats de plans d´assainissements financiers, n´ont d´autre alternative que de subir l´amère pilule. Si cette situation n´était que passagère, on fermerait la ceinture et on mordrait dans son citron, or nous nous dirigeons vers un néolibéralisme dont la gouverne pourrait durer bien longtemps !
Que devient alors la démocratie pendant la dictature du néolibéralisme des endettements publics ? Prendra-t-elle fin un jour ou assistons-nous impuissants à la perte de nos acquis et nos droits sociaux pour aboutir dans un monde encore moins démocratique et moins humain qu´hier ? Ceci est inquiétant, très inquiétant. Il est peut-être temps de se poser des questions aujourd´hui et surtout d´y répondre rapidement, au lieu de fermer les yeux et se réveiller demain en catastrophe.
Musengeshi Katata
"Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu"
Forum Réalisance