Adieu Aimé Césaire. Un géant noir a quitté la scène de la vie.

A Aimé Césaire. A titre d´oraison funèbre.

La liberté humaine a perdu un grand tribun

A mon frère le plus doué, mon maître, la voix de ma conscience et celle de notre éternel combat humain ; c´est bien de peine que tu ne sois plus des nôtres ! Et déjà, devant notre champ de bataille aux duels acharnés, ton départ nous attriste et nous esseule.

Tous ceux qui ont eu la joie et la fierté d´entendre ta voix, de lire tes mots, de te savoir auprès d´eux dans le sort historique où l´existence humaine nous a conduit, ceux-là vont te regretter amèrement. Dieu merci, grand frère, nous as-tu légué ton talent qui, lui, inlassablement chantera ses vers à nos cœurs angoissés.

Maintenant, aujourd´hui que nous t´avons perdu, ton image et ton discours se sont enflammés dans nos âmes tourmentées et inassouvies de leurs plus belles attentes. Et en nous amoureux et épris de la liberté et de ses fleurs fructueuses et vives, a grandi la foi précieuse de ta fidélité.

Repose en paix, ô enfant aimé du continent éternel. Puisse nos prières émues et attendries te bercer ce voyage silencieux et sans retour qui est maintenant le tien. Nous ne t´oublierons jamais, car au fond de l´amour chaleureux de tous les femmes et hommes de bonne foi, ta droiture restera légendaire.

En toute humilité, respect et profonde admiration; et en place de tous les tiens qui ne cesseront de t´aimer,

Musengeshi Katata

Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu 

Forum Réalisance

Comments

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[Musengeshi Kat]

Selon toute vraisemblance, vous avez une grande opinion de la valeur humaine; ce que personnellement, et au nom de tous mes lecteurs, je vous suis très reconnaissant. Nous vivons, hélas, une curieuse époque où le sensationnalisme, l´instinct prédateur primitif ambusqué, les abus en tous genres semblent être plus importants que le bien et les vertus qui ont permis à la race humaine de cultiver son excellence et le respect d´elle-même. Et si cette tendance continue, si ces destructions de valeurs persistent, l´injustice et la violence visibles ou invisibles, légalisées ou tolérées par indifférence risquent de transformer la culture humaine en désastre amer.
L´Afrique souffre, chère Anne, et amèrement ; et parfois je me demande si, autour de nous, dans nos coeurs, le barbare ne s´était pas déjà installé. Souffrir à l´effort et aux saints devoirs que nous oblige l´immuable ambition de notre meilleure réalisation sensible, passe encore; mais être depuis des siècles violenté, martyrisé, assassiné ou privé de liberté et de droits humains au point qu´aujourd´hui ces mêmes prédateurs d´hier se croient en droit de revenir et de remettre cela sous de faux menteaux d´aide et d´humanisme...permettez, chère Anne, c´est au dessus de ma dernière tolérance.
Ce que la pauvreté et le "Tapez, utilisez, abusez des faibles" qu´on voit en France, aux Etats-Unis, en Allemagne, en Afrique ne sont rien d´autre que la preuve qu´en matière d´humanité ceux qui se gargarisent par trop souvent de slogans et de fausses prétentions humanitaires, tout en ne pensant qu´à eux-mêmes ou en repoussant leurs semblables à la détresse; ceux-là ne portent pas haut la fierté et la dignité humaines. Et qu´il est grand temps que nous veillions à ce que de vrais valeurs humaines soient défendues par de vrais tribuns qui ne nous mèneraient pas à l´impasse de la vache enragée ou celle de l´indigence méprisante et avilissante. Que ceux donc qui se reconnaissent d´une meilleure humanité d´idéal lèvent la voix et cessent de courber l´échine, car sinon, ce sont des voyous et des salauds qui nous dicteront leurs grasses et étroites petitesses. Quelle horreur !
Sincère remerciement, et bien de choses à vous et aux vôtres. Votre humble et dévoué

Musengeshi Katata
"Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu"
FR

[anne arel]

qui nous permettent encore de croire que le monde peut changer !

Je vous ai lu sur un article de Jean Ziegler, et je vous retrouve dans des propos que l'Afrique que je trouve extrêmement justes et malheureusement pas assez souvent repris par les médias, ceux qui font qu'en France, certains pensent à leur manière, car ils n'ont pas l'esprit critique.

Merci aussi pour votre texte sur Aimé Césaire.

Je sais que l'Afrique souffre, et aussi en France, un pays riche, des gens qui n'ont pas de toit sous lequel dormir, qui ne mangent pas à leur faim, qui tentent d'oublier avec la drogue ce que la vie ne leur donne pas, des jeunes, des vieux, tout craque de partout pour rendre plus riches quelques irresponsables.

[Musengeshi Kat]

Je te remercie, ami Letroll, pour ton gentil mot mais aussi pour le sentiment et l´admiration qui s´en dévoilent. La Patrie humaine a perdu un de ses meilleurs enfants, et malgré tout, la lutte continue ! A ce tribun auquel nous devons l´écho révolté de nos propres voix, la couleur et la ferveur de nos larmes, le prix convoité et résolu de nos exigences et de notre légitimité à la liberté et la libre réalisation; cet homme, ce monument noir restera à jamais enseveli dans nos coeurs. Et ils serait grand temps qu´après de si beaux vers dont il nous a si généreusement fait l´offrande, que nous nous attelions à bâtir et protéger ce à quoi nous aspirons si véhémentement et qui fut son seul espoir. Afin que nos sentiers ne soient pas seulement pavés de grands tribuns morts, de larmes et de souffrances sans fin, mais aussi du sourire et de la joie de nos chers enfants.
Merci, ami Letroll de te joindre à nous en ces moments difficiles, pour réitérer que la véritable Patrie humaine est universelle et sans frontière. Mais que chacun doit y accéder et apporter sa meilleure part d´humanité.
Musengeshi Katata
"Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu"
FR