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30 novembre 2005

Manque de dialogue ou manque de vision

Correspondance Internet

A Y, Sur le manque de dialogue ou de communicabilité.   

Chère Y. ta remarque est des plus pertinente et si je peux y répondre, je dirai que depuis des siècles, l´homme noir a été contraint à suivre, à se taire, à imiter plutôt qu´à créer, et à se soumettre plutôt qu´à s´imposer sur l´enjeu de sa propre existence. Voilà le mal, et il est plus profond que certains ne le veuillent le reconnaître, parce que dans leurs subconscient refoulé, s´exprimer, faire part de ses désirs, de ses rêves et s´organiser à les défendre ou à les asseoir dans la réalité, c´est enfreindre un interdit agressif et dominant qui peut conduire à la mort ou à l´exclusion de la part du maître blanc. Et si on y fait attention, on remarque que l´homme noir ne s´exprime réellement que par la musique, par exemple, par un biais somme toute ambiant, complémentaire ou accompagnant l´expression culturelle, plutôt que de s´attaquer au fond: à l´instrument de libération et de forge sensible. Beaucoup vont s´écrier en lisant ces mots, d´autres vont nier la vérité pour ne pas accepter le mal invisible qui les ronge. Et cependant, il est bien là. Et parfois plus puissant qu´on ne le pense, et c´est parce que ce genre de vérité n´est pas accepté que l´homme blanc, ou l´arabe sous lesquels nous avons connu l´enfer, ne s´en utilise que mieux pour nous désorienter et nous conduire à des impasses qui, sous quelques aspects individuels satisfaisant qu´ils soient, ne nous repoussent que d´autant mieux dans son filet de soumission, d´aliénation et de dépendance.

Beaucoup de noirs se répugnent à s´exprimer, parce qu´il ont peur de faire des fautes d´orthographes, ou pire: de dévoiler leur âme, ce que depuis des siècles l´homme noir a appris à protéger, pour ne pas succomber mentalement dans la nullité, ou s´offrir inutilement au couteau de l´ennemi de nos pensées. J´ai donc pris l´habitude de faire des fautes d´orthographe dans mes remarques, pour les encourager à s´exprimer. L´important, ce n´est pas la forme, mais bien le contenu. Et tout le monde sait que le français n´est pas notre langue culturelle. Sur ce site même, quelqu´un m´a taxé d´endormi; encore un à mon avis, qui réagit mal. Je tais ce que je pense de son intervention.

Le niveau intellectuel, moral, éthique de notre existentialisme s´estompe dans le silence parce que ni dans les livres, ni dans l´art ou le discours philosophique dominant blanc il ne trouve sa libre réalisation. C´est pourquoi il faut encourager toutes les formes d´expression qui nous rapprochent de notre sensibilité introversée, afin que notre véritable libération culturelle s´effectue le plus rapidement que possible et vienne refermer ce trou devant lequel nos âmes assoiffées trépignent. Et à mon avis, il n´y a que l´amour de nous-mêmes, l´amour profond de notre race et de notre peau, de notre culture, qui peut le mieux nous ouvrir aux portes de l´assouvissement et ceux de la réparation d´un voeu historique pathétique et merveilleux, parce qu´il révèle, malgré toutes les offenses et les blessures qui nous ont été faites, que nous sommes une des plus belle et des plus courageuse race de cette terre. Et cela, c´est une vérité incontournable; il suffit de se retourner et de voir ce que nous avons, dans des conditions d´oppression incroyable, réalisé. Etre un noir, appartenir à cette culture incomparable, devient un don inégalable de résistance et de ferme fidélité à la première race de Dieu. Il ne suffit pas seulement d´y croire, il faut aussi le dire à haute et intelligible voix, afin que ceux qui hésitent ou qui sont encore imprégnés par la timidité ou la retenue leur imposée depuis trop longtemps, se libèrent et redeviennent créatifs et positifs; nous ne sommes ni des brigands, ni des criminels, ce que nous exigeons est légitime et universel: le droit d´être, de rester et de devenir nous-mêmes. Et sur ce chemin retors et souvent tortueux, nous avons besoin de toutes nos voix, d´une organisation qui nous rende solidaire et imposant pour asseoir sans gêne et sans complexe nos buts: nous épanouir et nous réaliser pleinement, comme tout autre culture, dans sa sensibilité, ses attentes, ses rêves, sa créativité: être libre et indépendant au sens le plus profond et le plus généreux du terme. Sans le moindre doute, quoi qu´il en fasse; c´est notre droit.   MK

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