En guise de lettre ouverte aux combattants congolais
Notre combat est plus profond et nécessite plus d´engagement et d´intelligence
A la fin, ami Berry Muekatone, je me demande si le peuple congolais, comme tel, à tous les niveaux: parlement, urnes, rues, ouvriers, paysans, diaspora...ne doit pas se faire violence et parler la même langue de révolte et de contestation ? Pour cela il ne faut pas seulement manifester à l´étranger, il faut aussi, quand les élections surviennent, prendre ses responsabilités et exprimer clairement ses choix et aspirations.
Beaucoup de maux dont nous voyons aujourd´hui les déplorables conséquences économiques ont été engendrés hier et avant hier...ou ils se font devant nos yeux aujourd´hui. Il faut donc savoir, tout au moins, de quoi on parle et proposer des solutions valables et crédibles à ceux qu´on reproche de dilettantisme et de dépravation de la chose et de la promotion de l´intérêt public. Mais si on ne sait pas comment ceci et cela s´emboîte, ainsi que les dessous des cartes de certains douteux agissements, comment peut-on mener à bien ce poignant et légitime combat qui est le nôtre ?
Je vais donner l´exemple du Senégal qu´on cite aujourd´hui en exemple démocratique mais dont l´endettement extérieur a explosé depuis 2001 à aujourd´hui de...300 % ! Qui ne se souvient pas de l´histoire, sous Wade, des 500.000 $ de corruption refusés par un agent du FMI ? Je peux déjà assurer les senégalais que leur niveau de vie va dégringoler et que cela va faire mal, trés mal demain parce que les paiements des intérêts de ces endettements vont empêcher les investissements sociaux et rendre le crédit privé aux jeunes entrepreneurs bien difficile sinon impossible. Et ceci va peser sur la création d´emploi...les impôts vont augmenter, les redevances de l´eau, de l´électricité et du gaz aussi. Demain quand les senégalais vont aller sur la rue que peuvent-ils changer ? Rien. C´est quand ce genre d´erreurs se font qu´il faut arrêter ces abus et escroqueries économiques et pas quand ils ont déjà été consommés. Ceci ne ressemble-t-il pas aux méfaits causés par les endettements mal rentabilisés de Mobutu ? C´est pourtant le même schéma.
Notre combat, si on l´a bien compris, se déroule autant en aval qu´en amont de la gestion et la promotion de nos pays. Se contenter, quand le voleur a déjà commis ses méfaits, de protester ou de manifester n´est pas bien efficace parce que le préjudice a déjà été commis et le voleur lui-même en fuite. Celui qui nous prive d´écoles pour nos enfants aujourd´hui, d´universités de qualité, d´écoles supérieures valables, d´investissement dans les infrastrutures nous permettant de bien produire et donner l´emploi et le revenu demain à nos enfants, celui-là nous assassine trois fois: aujourd´hui avec le manque et la pauvreté, demain dans nos enfants, après demain dans la vieillesse. Et ce n´est qu´en comprenant cela et en y mettant énergiquement fin que nous rendons réellement justice à notre combat légitime de droits et libertés à bien vivre et nous développer. Mais alors il faut être diligent et se doter d´élites averties et responsables...afin d´éviter demain de se battre contre des moulins à vent quand on nous a déjà volé l´eau, la poule et les oeufs de nos omelettes.
Musengeshi Katata
Forum Réalisance