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15 décembre 2005

Liberté, égalité, fraternité

La France des dés pipés.

C´est curieux ce qu´une loi comme celle du 23 février 2005 peut provoquer en avalanche érodant sensiblement la paix sociale pourtant acquise avant cette bévue. Et on se demande pourquoi en fait le législateur française avait-il eu besoin d´elle ; oui, pourquoi au fait ? Pour laver définitivement le cerveau des Domtomiens qui avaient fini à se croire français ?  Ou pour faire la différence entre les immigrés et les anciens esclaves ? Ou s´agissait-il tout simplement, dans le cadre de la discrimination positive, de donner aux nostalgiques des douleurs passées, comme le dit Sarkozy, l´occasion, selon le fameux syndrome de Stockholm, de rallier ces récalcitrants de la république à leurs bourreaux d´hier ? N´est-ce pas avoir jeté de l´huile sur le feu couvant ? Si au moins, en place de cette passé-sectomie, on leur garantissait liberté et réalisation ; mais qui peut garantir l´emploi de nos jours ?

 

Il n´y a qu´une explication valable : la crise économique et le prochain étalage de son catalogue de restriction. Un réflexe de Pavlov, en somme, qui devait provoquer un suivisme faussement solidaire ; mais hélas, le ballon, pour peu intelligent qu´il fut, a réveillé des douleurs introverties dans les consciences déjà mises à mal par une longue crise qui, en centralisant et en rationalisant le capital, les a laissé sans emploi, livré au racisme et à la discrimination montante. Ce qui, dans leurs subconscients réactivait des associations affectives, sentimentales, historiques d´une incroyable crudité.

La France voulait seulement se donner patte blanche, comme les américains envers leurs concitoyens issus de l´esclavage auxquels, après leur avoir offert 15% d´indemnités d´impôt pour esclavage, l´establishment blanc mit au poing le deuxième volets de son plan : profitant du somnifère de cette reconnaissance morale, ils rachetèrent, exproprièrent ou étouffèrent tous les industriels noirs qui étaient parvenus à détenir des moyens de production. A la fin de cette opération, les noirs se retrouvèrent encore plus dépendants des blancs. Echec et mat. On pouvait donc les aiguiller volontairement vers les sports, l´amusement et la musique. L´instruction universitaire étant payante, rares sont ceux des noirs qui pouvaient s´offrir ce luxe ; ils pouvaient s´époumoner dans de brûlants gospels, mais le miracle social, lui, leur restait inaccessible.

Dieu est blanc, leur avait-on inculqué ; mais eux, ils allaient vainement frapper à la fausse porte.

A moins de servir dans l´armée, de s´essouffler en trois jobs par jours qui les occupaient parfois entre 15 et 18 heures par jour (on se croirait sous le code noir ; seuls manquaient les fers et le fouet du maître). La musique, oh oui ; là ils pouvaient aller. Ou le sport : en avant, vive l´Amérique, gloire au drapeau américain ; mais lorsqu´on y regarde de près : 70% des prisonniers et délinquants sont noirs, alors qu´ils ne représentent que 15% de la population. Quand aux revenus, en moyenne, l´américain noir gagne 61% de moins que son compatriote blanc. Malgré les millionnaires de la musique et malgré ceux du basket. Des chiffres effrayants, des chiffres criant si on sait que les latino américains et même les chinois arrivés aux Etats-Unis après les afro américains les ont surpassés et relayés à la dernière place sur l´échelle sociale de la démocratie américaine. Et dans un système

intransigeant de Share of the value, les riches blancs s´enrichissaient, tandis que les pauvres noirs étaient, en nombre de jour en jour croissant, livrés à l´assistance sociale, sans assurance maladie invalidité. On peut se demander : que font donc les élites afro américaines, dorment-elle ?

Elles ont été déjouées et découplées de ses obligations par des postes sénatoriaux, des emplois hautement rémunérés pour donner l´impression que le rêve américain était accessible à tous et faire taire ainsi les critiques au système social : chacun pour soi, Dieu pour tous leur a-t-on dit. Et pendant que les rues abondaient de jeunes désoeuvrés et trop souvent désespérés par leurs sorts, à l´horizon pas de leader qui prenne leur cause à cœur et les défende. Républicains comme démocrates se succédaient à la maison blanche, mais rien ne changeait. A croire qu´ils étaient tous

d´accord sur le sort réservé aux noirs.

L´aversion des noirs aux chiffres sociaux ou à la vision globale de la réalité était-elle la cause de cette impasse ou l´intellectuels noir n´existait-il pas ?

 

En France, en reprenant le système américain, on veut jouer la même musique pour obtenir le même ballet social : l´hégémonie raciale absolue des moyens de production. Et en se réveillant, les Domtomiens font bien de se battre pour une meilleure liberté, parce que celle qui va régir la crise a une robe étroite et courte : on appréciera ses charmes, mais peu pourront en jouir.

Pour l´intellectuel des Antilles ou celui de l´immigration, ce sera l´occasion de sortir de la logique trompeuse de la liberté positive et d´exiger des promesses toute françaises depuis 1789, celles d´une liberté pleine et entière. En est-il capable ? A-t-il compris qu´il faut prendre la grande porte de la forteresse, plutôt que de se pencher à la fenêtre grillagée pour sortir le détenu en petites portions ? Ou ce sera, comme toujours, lorsque les noirs se trouvent devant l´armada occidentale : divisés, déjoués et en définitive conviés à se saisir de fantômes et de mirages de promesses plus vides et aliénantes que réelles et franches. Car ne nous y trompons pas : depuis 600 ans, l´occident ne fait aucun compromis véritable tout en soumettant l´homme noir à tous les sévices imaginables, et celui-ci a fait l´expérience d´un auditeur blanc toujours aveugle, sourd et méprisant lorsqu´il s´agissait de reconnaître des droits légitimes aux noirs  : il furent promptement assassinés et réduits au silence par des emprisonnements, des coups d´Etat téléguidés, une politique sournoise de pillage raffiné de moyens monétaires et économiques, le tout arrosé d´une aide désorientante. Et trop souvent, surtout sur le terrain africain, l´homme noir, en désespoir de cause, dut se retirer sur lui-même et nourrir ses rêves ou meubler ses attentes d´amères déceptions. Aides-toi et le ciel t´aidera. Quelle ironie, n´est-ce pas ; pendant que l´homme blanc, lui, vous arrachait pain, richesses et vous conviait ou vous confinait à accepter un sort sans avenir ? Ce fut le cas en Amérique, en Haïti, au Congo, en Namibie, en république Sud africaine, au Mozambique, à Madagascar, au Kenya, en Angola, à Cuba, Philippines…Partout où l´homme blanc a exercé son hégémonie, et la liste est longue.

   

Ce qu´on veut faire en ce moment dans l´hexagone, c´est de vider les valeurs nationales de leurs contenus abstraits et intransigeants pour les remplacer par des valeurs de circonstances, plus ségrégatives, moins engageantes pour l´Etat français endetté : celui qui est chargé de faire respecter l´âme de la Nation française. Le combat ne sera pas facile, cette loi du 23 février 2005 le prouve amplement ; et la crise économique ne fera qu´envenimer les choses parce qu´elle a tendance à relever le système social de solidarité pour le remplacer par l´indifférence ou la jungle sociale. Et cependant, il n´est jamais trop tard pour changer les choses ou les transformer au mieux. Une Nation unie et solidaire de ses propres valeurs est mieux armée pour affronter l´avenir quel qu´il soit.

Le capital, dans cette crise, est devenu, que ce soit aux Etats-Unis, en France ou en Allemagne, dans tout pays capitaliste, omnipotents et craintif de l´énorme choc qui l´attend lorsque la Chine et l´Inde auront fait leurs armes à la périphérie en lui coupant toute possible retraite ; ce jour là il devra accepter le duel qui sera pour l´économie occidentale terrible et incisif, parce qu´ils se battront contre leurs propres intérêts : leurs propres investissements dans ces deux pays. Voilà où auront mené la cupidité et l´égoïsme borné du profit.

Et croire, comme l´Afrique ou le tiers monde le pensent, à tort, que l´occident ouvrira ses barrières douanières ou baissera le rideau de fer de ses subventions protectionnistes, c´est ne pas connaître le jusqu´auboutisme hégémonique de cette culture, et attendre Godo. Ils ne le feront que s´ils n´ont plus d´autre choix. Et même ce jour là, ils voudront gagner à cette opération.

L´Afrique ferait mieux de mettre rapidement son instruction et son enseignement à jour, sans ça elle va patauger. Les temps ont changé ; de nos jours les informations circulent à la vitesse grand V de l´Internet et de la communication électronique. Nul ne peut plus se cacher derrière son ignorance et croire qu´il gagnera une manche au hasard. Le hasard n´existe plus, il a été remplacé par la raison et les intérêts de la réalisation humaine. Celui qui ne l´a pas compris mourra d´une mort atroce, et personne ne se retournera pour le regretter. Ce n´est pas seulement l´argent ou le capital, ou même l´instruction qui sera déterminante ; ce qui fera l´enjeu et la différence demain, c´est la capacité imaginaire, la créativité et l´emploi créatif de la connaissance.

L´esprit, en s´instruisant et s´informant, doit rester libre et accessible à la fantaisie créative et à la joie de la matérialiser pour réaliser ses rêves, chérir ses attentes, et défendre des valeurs humaines qui non seulement cultivent la bonté, la justice et la liberté comme repaires précieux de l´existence, mais incite aussi à l´émancipation intérieure de l´être humain, ainsi que son engagement à se reconnaître de toute la culture humaine. D´année en année, aussi vite que se déploient la connaissance et la créativité humaine, d´énormes problèmes d´écologie, d´énergie, de matières premières et des valeurs éthiques et morales surviennent et nous relancent dans un défi sans fin. L´enfant de demain doit en être conscient et y apporter des solutions dignes et élégantes, sinon le monde retombera dans des conflits interminables. Il doit être intransigeant envers lui-même, sévère et décidé envers ceux qui essaient ou entreprennent d´emmurer sa liberté et son libre épanouissement, et avec enthousiasme mettre son intelligence au service des siens. 

Tel est notre monde demain : un monde rapide, sans compromis que celui des intérêts ; mais aussi un monde où la beauté, l´amour, toute passion humaine pure et belle est plus que jamais importante. A condition d´aimer et de chérir la vie dans ses fleurs les plus florissantes.

Musengeshi Katata

Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu

munkodinkonko@aol.com

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