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18 mars 2006

France: la révolte des débutants

Sous la loi De Villepin

Au barricades, les aspirants!

                                                                                 « On ne peut mûrir pour la liberté si on n´a pas été

                                                                                 préalablement mis en liberté ».   Emmanuel Kant.

De nouveau la France est le théâtre de protestations, de cavales. Mais cette fois ce n´est pas la banlieue, c´est sa consoeur la périphérie de l´engagement : ceux qui, pour la première fois entre dans le monde du travail. Et monsieur De Villepin leur a fait cadeau d´une prochaine loi qui va permettre à leurs employeurs de les renvoyer sur la rue sans tenir compte ni de la loi, ni de quelques considérations sociales que ce soient, et ceci pendant 2 ans. La guillotine de la dictature du capital. Ou l épée de Damoclès du profit sans responsabilité.

L´Etat français jetterait-il sciemment ses enfants en pâture aux loups du kleenex, sans les protéger, sans leur donner la chance de se défendre adéquatement ?

Que se passe-t-il ; liberté, égalité, fraternité et en période de crise la cage aux folles ou la chambre aux puces pour ceux qui ne savaient pas se défendre ?

Chacun sait que les aspirants à la vie professionnelle, après leurs formations ou leurs études, ont un besoin réel croissant de constance et de stabilité : ils quittent la vie de préparation qui étaient une vie de privation et d´efforts. Certains ont dû, pour terminer leurs études, s´endetter ; d´autres se sont éreintés à nettoyer les bureaux, les voitures les week-ends à la pompe à station. Rien n´avait été gratuit et facile, pour la plupart. Certains, avec leur premier emploi s´offrent enfin un logement décent, des repas réguliers, une vie d´intégration active à la société ; et beaucoup deviennent indépendant de leurs parents ou s´engagent prudemment dans des liens familiaux. Et ça ! Deux années d´insécurité, de ban professionnel sans filet, sans protection légale. Livrés, avec débarras aux loups de « Croatie et de Germanie », comme le chantait si bien Serge Reggiani il y a quelques années.

Derrière cet ignoble abandon de protection sociale, qu´y avait-il donc de si alléchant que le pouvoir baisse la culotte à ce point ? Tout cela, à ne pas s´y tromper, est le résultat de la politique de discrimination positive associée à une politique du prêt à jeter, après le prêt à consommer ou plus précisément le prêt à exploiter. L´avantage pour l´état était évident : améliorer ses statistiques, et faire effet psychologique de fausse activité sur le marché de l´emploi en autorisant une rotation permanente qui cacherait mieux qu´on se déplaçait rageusement sur place. Pour le patronat, le profit était énorme : pouvoir renvoyer ces aspirant le plus rapidement que possible, c´est pouvoir en engager rapidement d´autres avant qu´ils ne deviennent chers. L´insécurité qui rentabilise et accroît le profit. C´est donc, pour ceux qui croient encore que cette loi est du pur hasard, une preuve que ce n´est pas le cas. La loi De Villepin est bien une tentative de jeter les jeunes chômeurs aux pieds du capital, afin que celui-ci sorte de sa réserve d´engagement. Sans profit, pas d´emploi ; c´est bien connu.

La question est : cela changera-t-il les choses ? Le marché de l´emploi français va-t-il enfin connaître le boom attendu ? Celui qui y croit doit être né faussaire ou marchand de faux vin, parce que cela prouve tout simplement que ce système n´a pas de débouché autre que de se rabattre sur le profit synergique de la stagnation : employer le plus longtemps à bas prix et pouvoir recommencer indéfiniment. Et la jeunesse touchée, que devient-elle si elle ne sait pas trouver rapidement stabilité, assurance et garantie lui permettant de s´intégrer rapidement dans la société établie, de fonder famille, de faire des enfants ?

Pour les enfants, il n´y a pas de problèmes : les arabes et les africains s´en chargent. Mais s´est-on demandé : si ce sont toujours les pauvres ou les alimentés par l´aide sociale qui faisaient des enfants, que ceux-ci sont, ne soyons pas aveugle, tous défavorisés par rapport aux enfants qui seraient issus de la société aisée et intellectuellement mieux formée ? Les problèmes de la banlieue n´avaient-ils pas réveillé le jugement social français ? Il faut croire que le pouvoir en France, comme en Allemagne par exemple, s´exerçait encore comme il y a cinquante ans : au bon hasard la chance. Le fonctionnaire dans ses ambitions conservative et peu avertie. Les temps avaient pourtant changé et exigeaient une bien moderne conception socioéconomique de l´Etat. En Allemagne, pour prendre cet exemple que les français veulent copier et entretenir, le chômage était eu plus haut point (12%), c´est dire que cette politique du kleenex sur le marché de l´emploi ne faisait pas des miracles. Par ailleurs, avoir abandonné sa courbe démographique aux kurdes et aux turques ne lui a pas porté bonheur : non seulement c´est un débâcle sans précédent, mais l´étude de Pisée a prouvé que les enfants allemands devenaient de plus en plus idiot et peu créatif. Et ces solutions socioéconomiques plus désespérées qu´efficaces n´apportent rien de nouveau, bien au contraire, elles dépriment.

En vérité, ce qui se passe en France actuellement est la preuve qu´une nouvelle conception de la société s´impose. Et ce n´est pas seulement la faute de la gestion publique, ou celles des managers en mal de croissance si la société se trouve acculée à une impasse insoluble ; la faute incombe aussi à ces étudiants et académiciens qui se laissèrent inculquer des notions dépassées, qui vinrent dans la société reproduire des schémas conservateurs ou décriés au lieu de faire usage de leurs jugement pour relever les erreurs et user de critique pour influencer la société dans une plus large, plus démocratique conception socioculturelle. Je sais, c´est plus facile à dire qu´à faire, surtout si la Patron ne tolère pas de critique ; et après tout, c´est lui qui paie. Mais voilà, au point où nous en sommes arrivés, ce sont les faibles, les pauvres qui paient les pots cassés. Croire qu´on pouvait se taire pour protéger sa carrière pendant que la France entretient la Francafrique, étouffait l´Afrique et la ruinait avec des méthodes cannibales…nous y voilà : les clients futurs de la France font défaut, et c´est sa jeunesse aujourd´hui qui passe à la casserole. C´est aussi simple que ça.

Y a-t-il un espoir que la France se réforme dans un sens plus humaniste, plutôt que d´être abandonnée ou régie par des forces capitalistes moins regardantes sur sa société et ses idéaux que sur la maximalisation du profit ? Elle pourrait bien se donner la peine de remplir ses idéaux de plus de contenus réels ; et cependant, dans le concert international actuel, les autres : c´est à dire l´Allemagne, les Etats-Unis, tous les pays capitalistes impérialistes doivent arriver à la même conclusion afin que leurs économies, au lieu d´être adversaires acharnés, s´assagissent et se respectent mutuellement. C´est possible ; il suffit de jeter un coup d´œil vers les pays scandinaves pour être agréablement surpris. Ce n´est pas le paradis, mais c´est beaucoup mieux que la jungle qui va bientôt s´abattre sur la France et l´Allemagne.

En fin de compte, et quoi qu´on dise c´est une question d´idéal et de philosophie existentielle que de simple réformisme. La France en a-t-elle le courage et la hardiesse de prendre ce chemin émancipant ?

Musengeshi Katata

Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu

munkodinkonko@aol.com                       

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