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21 mars 2006

La Chine est-elle une chance pour l´Afrique ?

Se méfier de l´effet engloutissant

Attention aux chinois

                                                                       « La Nation est une âme, un principe spirituel. »

                                                                                                                                      Renan

Kriss, ne sous estime pas le défaut ou le poids du devoir à domicile des africains face à la machinerie asiatique qui se développe en ce moment. Les africains technologiquement ne sont pas up to date, leur infrastructure est délaissée ou quasi inexistante, ce qui va exiger d´énormes (que dis-je, de gigantesques) investissements. D´autre part, en voyageant dans les métropoles occidentales, et surtout en France, et en comparant le niveau intellectuel du discours africain, je dois t´avouer que je suis fort déçu: les moins instruits, passe encore; mais les intellectuels font preuve d´une naïveté presque criminelle. Mais comment peut-il en être autrement, ils ont été formés par un système qui les méprise fondamentalement. C´est pourquoi je pense que ce tête à tête d´homme à homme ou d´égal à égal avec les asiatiques, comme tu dis, va tourner à la catastrophe faute de préparation et de motivation adéquate. Si l´Europe si développée, organisée et industrialisée se garde de cette confrontation et élève des barrières douanières, je me demande comment l´Afrique va pouvoir faire mieux. Toute rencontre culturelle, doit se pratiquer au plus haut niveau de la liberté entendu comme moteur attentionné de l´impératif existentiel catégorique de la réalisance. S´il y a cannibalisme ou utilitarisme de négation comme il en a été le cas avec la culture occidentale, cette rencontre est inégale et destructive. Depuis le 15ième siècle, c´est le cas entre nous et l´occident imbu et totalitaire.

Prends l´exemple chinois par exemple: ils ne vivent pas d´une aide empoisonnante, ils ont sérieusement formé leurs techniciens patiemment dans tous les domaines clés de leur développement; il n´ont pas laissé l´occident leur pourrir la monnaie ou envahir leurs marchés de produits importés. Et ce n´est que lorsqu´ils se sentirent au point de démarrage qu´ils commencèrent à faire des concessions aux investisseurs étrangers tout en tenant compte que ces contrats soient aussi des contrats de pénétration économiques et commerciaux sur les territoires des partenaires ( voir par exemple VW en Chine et l´arrivée, trois ans après l´érection de l´usine chinoise, des premières automobiles chinois à Anvers.) Si tu me demande mon avis, je vais te dire que les noirs ne sont ni méticuleux dans la défense de leurs intérêts, ni exigeants; ils acceptent trop vite ce qu´on leur propose, pour donner l´impression que quelque chose bouge. En réalité, ce n´est qu´en formant ses propres techniciens et ses ingénieurs qu´on fait le progrès. Tout ce que veulent les chinois, ce sont nos matières premières, rien d´autre; depuis quand vendons-nous en Chine? Il ne faut pas dormir, Kriss; et crois-moi, j´aime bien discuter, mais pas au point de me ridiculiser. J´aime bien ta façon de chercher la vérité, mais il faudrait aller plus profondément dans les choses, et c´est ce qui me manque trop souvent chez les africains. J´ai parcouru les journaux africains, mon Dieu; sais-tu que cette invasion chinoise peut prendre les aspects d´une nouvelle colonisation? Tu n´as qu´à voir Kofi Annan courir comme marchand de mensonge, Mbeki et Obassanjo se conduirent en disciples affables et soumis au capitalisme pendant que dans leurs pays, ce même capitalisme leur mettait les bâtons dans les roues. Où est le redressement chez Mbeki, et à l´arrière pays nigérien, c´est la charia et le chaos analphabète et illuminé. Mandela a été vidé de son image de combattant de la liberté, il est lui aussi devenu un agent de commerce de l´illusion; depuis quand développe-t-on un continent, et même un pays en patronnant des concerts internationaux de musique ? Et je n´ai parlé ni des infections au sida, ni des rebellions armés et érections de dictatures à l´abrutissement des peuples organisés par les occidentaux. Aller manger avec eux à la même table, montrer son aveugle collégialité, n´est-ce pas injurier et mépriser le peuple qu´on exploite, qu´on pille devant votre nez et qu´on assassine à loisir?

Eh bien, vois-tu Kriss, il faut d´abord devenir exigeant pour soi-même, et pour cela on doit cultiver la fierté qu´on porte à soi-même, savoir ce qu´on veut et comment on le veut. Et être décidé à aboutir à n´importe quel prix par soi-même, pour soi-même.

On attribue, à tort ou à raison les rapports politiques à une comparaison de liens sexuels, et beaucoup de pousser l´analogie jusqu´à suggérer que tout rapport humain est de l´ordre de la libido, c´est à dire entre la masculinité et la féminité ; en clair et pour être plus précis, entre la phallocratie du pouvoir et la fertile et belle féminité de la société. Cette sexualité politique, pour peu qu´elle nous révèle l´aspect primaire, et non moins généalogique important pour la liberté, pour peu exacte qu´elle soit, n´en touche cependant que le début, ni le but, la portée et surtout la part la plus réalisante : sa finalité.

Même la femme la plus soumise a droit à se réaliser, et ne peut se départir de sa sensibilité, de ses désirs, de ses ambitions pour les aliéner à une phallocratie incapable de lui ouvrir les horizons respectant son identité profonde et lui permettant de réaliser ses rêves, d´aimer et de chérir ses enfants.

Ce que les comparaisons et les analogies oublient, c´est que la féminité comme la phallocratie font partie d´une valeur existentielle hermaphrodite : c´est à dire possédant à la fois les qualités et les pouvoirs masculins et féminins : une multitude, en fait qui s´attache, par les divers débats intérieurs qui la dominent et la secouent à réaliser un équilibre fructueux qui ouvre à tous et à chacun le riche chemin de la réalisance par laquelle démocratie, tolérance et respect des valeurs éthiques et morales s´exercent et accomplissent chacun dans ses ambitions et ses possibilités : la culture. Elle est non seulement constituée d´hommes, de femmes, d´enfants, de malades, de faibles, tous ambitieux et épris de réalisation ; mais elle est aussi l´enjeu et le siège de tous les legs exigeants du passé, du présent, du futur de chaque peuple dans sa quête existentielle infinie. Réduire cette grandeur à une simple copulation politique et productive, c´est oublier qu´elle a des enfants qu´il faut protéger, des amis qu il faut respecter, des étranger dont il faut apprendre à reconnaître les droits, la liberté et la réalisation autant imaginaire que matérielle.

C´est te dire, cher Kriss, que plus que jamais le pouvoir africain doit instruire, organiser et émanciper sa jeunesse et ses cadres intellectuels, car sans une sévère et adéquate préparation, ils ne sauront être à la hauteur de leurs devoirs. Et quel que soit  l´ami ou le partenaire actuel ou prochain, pour qu´il respecte notre identité et nos droits, nous devons être à mesure non seulement de les lui exprimer clairement, sans la moindre ambiguïté ; mais aussi de les défendre efficacement. A tout moment. Et sans le moindre doute. Cela sécurise, et incite le respect de tout. J´en suis persuadé.

Avec toute mon amitié,

Musengeshi Katata

Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu

munkodinkonko@aol.com

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