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8 juillet 2006

Les victimes terroristes de Londres du 07 juillet 2005

Première commémoration dans une ambiance douloureuse

Les larmes des victimes innocentes

« La violence est le dernier refuge de l'incompétence. »

Isaac Asimov. Extrait de Fondation

Hier vendredi 07 Juillet 2006 à Londres a été commémoré à Londres la première cérémonie honorant les 52 victimes de l´attentat terroriste qui avait fait de la capitale de la Grande Bretagne la victime choquée et impuissante face à un terrorisme international qui faisait des siennes et s´en prenait, sans le moindre égard, aux innocents. Cérémonie sourde, où les survivants ainsi que les familles des victimes disparues se sont recueillies devant de belles gerbes de fleurs, leurs larmes, leurs soupirs révoltés, leurs pensées attendries aux victimes. Et quelle que soit notre confession, nos idées politiques, et même notre désintéressement citadin, nous ne pouvons que condamner ce genre de moyens barbares et criminels d´expression, de lutte ou de contestation. Ceux ou celui qui s´abaissent à ce genre de violences sont à punir sévèrement et à bannir de toute société humaine. Car ce sont des bêtes humaines de la pire sauvagerie.

Emu, visiblement touché, Tony Blair assista à la cérémonie et tenta tant bien que mal à soulager les victimes et leurs familles. Et malgré le poignant et douloureux silence qui régnait sur toute cette cérémonie, tous ceux qui y avaient assisté ont perçu dans l´air contrit une question martelant le vide inconsolable de ce sobre rituel : pourquoi ?

J´avais fermé les yeux de pudeur, et de peine ; des pensées tourbillonnantes m´avaient soudain envahi : la douleur des autres ne laisse personne indifférent, surtout si les rescapés, ayant perdu jambes ou portant des cicatrices déformantes aux visages défilaient en une file interminable pour poser leurs fleurs devant un autel symbolique. Et pendant que ce rite insolite se déroulait, je me suis demandé si Tony Blair était conscient qu´il était, comme le lui reprochait l´opposition, en partie responsable de la violence gratuite qui avait été exercée sur cette mondaine ville de la couronne britannique ? S´il n´avait pas fait vendetta avec son ami Bush pour envahir l´Irak, ces gens ne seraient-ils pas plus heureux chez eux, à aimer et chérir les leurs, ceux dont, par cet attentat, ils ont à tout jamais perdu la présence, la santé, la vue ou les membres ? N´était-ce pas aujourd´hui un peu facile de jouer le compatissant quand on aurait pu, antérieurement, éviter l´irréversible qui avait frappé á tout jamais ces familles innocentes et cette ville désormais marquée ? On le sentait : rien ne serait plus comme avant. La sagesse après coup, ne jouait-t-elle pas avec la vie des autres, leurs peines, leurs pertes ? Les enfants qu´on avait vu poser des fleurs pour leurs père ou leurs mères, qui les consolerait ? Tony Blair savait-il ce que c´est que grandir sans père, sans mère ? Absurde. Tout cela me semblait bien absurde et vicieusement prétentieux. Des monuments, des fleurs…était-ce vraiment cela le prix innocent que devaient payer ceux qui supportaient les erreurs de leurs politiciens au pouvoir ?

Cela me fit penser aux nombreux soldats américains, plus de 3 mille qui revinrent chez eux en bière ; que devaient donc penser leurs parents : tout est OK, Mr. Bush ; à la prochaine guerre, faites-nous signe, nous vous enverrons le dernier de nos enfants ? Ne prenait-on les choses un peu trop facilement parce qu´en réalité ce sont les enfants des autres dont on se servait pour faire politique, qu´on envoyait au front comme de vulgaires instruments de politiques tordues, gratuites, comme pour le Vietnam ? Quand ce petit jeu mesquin finira-t-il ? Quand ces prétentieux et arrogants de notre monde actuel apprendraient-ils à respecter la vie des enfants des autres ? Etaient-ils au pouvoir pour les protéger ou pour les sacrifier sur un autel quelconque de douteuses vanités ?

Et puis, tout à coup, une étrange nausée me monta à la gorge ; et sans que je ne puisse m´en défendre, mes pensées firent, dans un éclair historique, une recollection   de siècles d´images, de situations qui me firent perdre contenance pendant que des larmes chaudes me vinrent aux yeux. Toute l´histoire de l´esclavage passa devant ma vue : les négriers, les voyages confinés et insalubres, les vente, les fouets, les tortures, les exécutions pendus, brûlés vivant…tout y était. Je ne savais pas où me cacher car les images me poursuivaient partout ; elles étaient dans mon crâne, enracinés dans ma mémoire. Suffoquant, je m´éloignait quelque peu et trouva, dans un coin solitaire, ma contenance. 400 ans de cette violence sourde et injuste, n´était-ce pas, pour tous les états qui s´y étaient adonné, du pur terrorisme étatique ? Ou comment pouvait-on expliquer l´esclavage, la colonisation ?

Nous aussi nous avions nos morts et nos regrettés qui, eux, jalonnaient l´histoire de leurs sangs et de leurs larmes sans qu´on ne leur offrit des fleurs ou des monuments. Pire, leurs bourreaux s´empressaient aujourd´hui à mentir, à nier, à cacher la vérité qui leur était devenue gênante et compromettante. Terrorisme ? Mais l´Afrique, depuis 600 ans ne connaissaient que cela ! Sous toutes les formes : terrorisme animal et esclavagiste, terrorisme culturel, économique, financier ; c´était à n´en pas finir. Et on ne voyait personne, même pour les victimes de l´Apartheid qui venait faire cérémonie et allocution pour les victimes. Ou ces victimes n´en étaient pas, parce qu´elles furent noires ?

Tendre pensée à Steve bantou Biko, à Patrice Lumumba, à Martin Luther King, Malcolm X, Amilcar Cabral…ah, que l´histoire humaine pouvait être médiocre, féroce et injuste ! De qui que ce soit, à quelque victime que ce soit, la violence est toujours un crime des plus bas ; il ravale celui qui la commet ou l´a imposée en société au rang animal le plus inculte de l´existence humaine.

Musengeshi Katata

Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu

munkodinkonko@aol.com

            

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