Montée remarquée du Nazisme en Allemagne des municipales
Un mal qui répand la terreur, mal que le ciel en sa fureur…
«Tous les gens querelleurs, jusqu´aux simples mâtins,
Au dire de chacun, étaient des petits sains »
La Fontaine : les animaux malades de la peste.
C´est tout de même curieux, en occident, qu´au plus on faisait des lois contre le racisme, contre la discrimination ; au plus les sociétés occidentales essayaient avec empressement d´étouffer cette honteuse maladie du mépris des autres qui les rongeait depuis des siècles, et plus il revenait au galop. Chassez le naturel…Et au gré de crises sociales, économiques, ces courants injurieux et intolérants qui avaient connu avec Hitler et son national socialisme leur apogée scandaleuse et inhumaine, ce chancre haineux, en rage exultante remontait aux gorges de la jeunesse, des fonctionnaires, des soldats, de politiciens douteux…Et tel un cancer invincible et sournoisement latent, il s´étalait lentement dans le corps social avec ses arguments tordus, illogiques et faussement suffisants. A quand la prochaine flambée ? Personne ne le savait. Mais ce qui était sûr, c´est qu´en nuées disparates et têtues, la vermine se propageait et s´entretenait, se refusant autant à la destruction qu´à entendre raison. Et lentement, pour les occidentaux qui aimaient à se dire démocrate, à effacer le plus discrètement que possible les traces passées de leurs crimes et massacres de par le monde, la situation devenait des plus embarrassante. Surtout pour l´Allemagne qui fut le dernier bastion du racisme, de l´antisémitisme, et de l´idéologie résolue de la domination de la race blanche sur toutes les autres races humaines. Bien entendu sous l´excellence de la race arienne allemande.
Encore une fois, ce dimanche 17 septembre 2006, l´Allemagne devait assister à des votes qui proclamèrent d´une part une sensible érosion des grands partis politiques établis (Parti Socialiste, Chrétiens Démocrates), tandis qu´elle annonçait l´entrée remarquée du NPD au parlement du Mecklembourg Vorpommern avec 5,7% des voix. A l´Est disent certains, les montres marchent autrement. Et pourtant, cela n´a pas été sans réveiller la méfiance du gouvernement fédéral d´Angela Merkel qui décida aussitôt de mettre, au delà des 19 millions d´€ mis à la disposition pour combattre le radicalisme nazi, un nouveau budget de 100 millions à la disposition du combat contre le nazisme en Allemagne. En temps de crise et de restrictions budgétaires, on se demande ce que valait ce genre d´annonces post électorales. Par ailleurs, comment s´expliquait-on que malgré tous les efforts éducatifs, politiques, financiers, et malgré 60 ans de culture démocratique affirmée, le sac aux puces vicieuses ne tarissait pas ?
En France, en Union soviétique, en Autriche, en Suède, en Suisse, et même en Pologne, pays qui avait été parmi les premiers violenté par le national socialisme et où plusieurs camps de concentrations, d´extermination de juifs allemands et européens furent érigés, on fêtait, imprimait et vendait ouvertement toutes les reliques et les insignes de cette hideuse époque. Tandis que tous les groupements nazis européens s´y approvisionnaient en armes et en publications, vidéos et musiques de propagande. A croire que toute l´histoire criminelle et inhumaine du troisième Reich ainsi que son idéologie totalitaire n´avaient jamais eu lieu !
L´élection du Cardial Ratzinger comme pape Bénédicte ou Benoît XVI a curieusement redoré le blason nazi, surtout lorsque son enrôlement à 17 ans en 1944 dans l´armée du Führer fut connu. On se souviendra que l´église catholique se mit sournoisement aux côtés d´Hitler pendant que celui-ci massacrait devant les yeux du Vatican les juifs. Par ailleurs, après la guerre, Rome aida secrètement les criminels nazis recherchés à quitter l´Europe pour l´Amérique latine en Argentine, au Chili, au Brésil.
Ce fut la même chose pour les aveux tardifs de l´écrivain et prix Nobel de littérature allemande Günter Grass, auteur de « Der Blechtrommel ». Tous ces faits, aussi anodins soient-ils, créaient involontairement des liens de reconnaissance réelle à une idéologie criminelle décriée. Et si on ajoutait l´échec éclatant de la justice allemande en 2003 de se débarrasser définitivement des néonazis en les faisant condamner par la haute Cour Constitutionnelle, tentative qui n´avorta que parce que le témoin à charge s´avéra n´être autre qu´un V Mann (investigateur secret de la BND), ce qui juridiquement rendit ses informations et ses témoignages partiaux et inutilisables en Droit. Cette nouvelle montée du radicalisme nazi avait des curiosité qui attiraient l´attention de tout observateur : par exemple, un condamné pour propos racistes, un chirurgien purgeant sa peine de 9 mois d´enfermement est élu dans une grande municipalité du Niedersachsen, à Verden. Tout cela un preux hasard ?
La crise économique, expliquaient certains cette montée inquiétante du nazisme en allemagne. A ce compte là l´Afrique devait être pleine de radicaux de droite, de racistes et d´antisémitistes ; ce n´était pas le cas, n´est-ce pas ? Nous concédons cependant une responsabilité pesante à la réunification bâclée, et cependant, qui l´avait donc bâclée ? Certainement pas les étrangers, ni les africains. Ce furent les allemands eux-mêmes. Un brillant économiste allemand : Hans-Werner Sinn auteur du best seller allemand : « Peut-on encore sauver l´Allemagne ? » s´était écrié scandalisé : « Il a été surprenant de constater qu´avant la réunification, l´Allemagne accusait 27 millions de salariés ; après la réunification, et bien qu´ayant fait gain d´un surplus de population de l´ex DDR de 25% de sa population antérieure, la BRD n´accusa alors que 26 millions de salariés ! » Que s´était-il donc passé ? Sournoisement, et contre toute les lois économiques d´intégration, l´industrie allemande avait procédé, en vitesse éclair, à la rationalisation la plus effrontée de toute son histoire sociale. Résultat ? 30 à 40% de chômage à l´est, immigrations des jeunes, criminalité liés au chômage et à la paupérisation, désuétude des liens sociaux, endettement des communes et de villes désertées. Et rien de tout cela ne pouvait être reproché aux étrangers ; bien au contraire : ils avaient participé avec leurs impôts et la fameuse « taxe de solidarité de 5,5% » à la modernisation de l´infrastructure de la maraude ex DDR. Par ailleurs, en vendant les matières premières à l´Allemagne et en achetant ses produits finis, les étrangers, quels qu´ils soient participaient au bien être de tous les habitants de l´Allemagne autant qu´ils aidaient au paiement de dettes dont ils n´avaient profité ni des intérêts, ni du principal. Alors, pourquoi cette haine raciste gratuite ? Si les étrangers n´achetaient plus allemand, de quoi vivraient donc ce peuple dont les nazis prônaient la haine des étrangers ?
On le voit, ceux qui firent l´esclavage, la colonisation, massacrèrent et pillèrent de par le monde et continuaient à vivre des matières premières et des ventes de leurs surplus industriels à l´étrangers, eux qui aimaient à donner des leçons d´économie, de politique ou de culture aux africains, se trouvaient chez eux en face d´une éducation sociale, culturelle défaillante. Pire : l´analyse économique et sociale des suites du talent économique et intellectuel avec lequel la réunification allemande avait été entreprise et organisée prouvait que les architectes ne s´étaient pas couverts d´éloges. Et malheureusement, comme toujours en économie capitaliste aveuglée, plus prétentieuse que responsable ; ce sont les pauvres, les enfants et les vieillards qui paieront les frais de ces erreurs. Et pas seulement demain et après demain, mais plusieurs décennies encore. Le mot de Franz Müntefering alors président de la SPD : « Nous devons humaniser le capitalisme !» arriva bien tard : les « Heuschrecken » comme ils les qualifiait, ces sauterelles voraces avaient déjà fait les siennes et dévoré toute la moisson, et les victimes éduquées au faux et à « l´enfer, c´est les autres » s´en prenaient déjà aux innocents. Le désespoir aveugle et ignorant.
L´Allemagne, décidément, est en ébullition sociale. Dans la société la plus sévère et la plus fière de ses normes industrielles d´organisation et de compétence, on découvraient des centaines de tonnes de viandes avariées dans ses chambres froides, certaines vieilles de 7 ans ! Les statistiques sociales relevaient 2,5 millions d´enfants vivant à la pauvreté de l´aide sociale (deux fois plus qu´en 2003). Et tandis que sa dette publique galopait, que ses assurances maladies invalidités étaient au bord de la banqueroute, la différence sociale entre les riches et les pauvres devenait de jour en jour plus grande. Un chômage impénitent, comme une méchante et interminable pluie battait la chaussée des villes, des villages, mettant à mal l´économie nationale, et l´humeur de plus d´un citoyen atteint par la « crève ». Et à l´horizon pas de croissance formidable, mais bien, dès janvier 2007 l´augmentation de 3% de la taxe sur la valeur ajoutée. Mais gardons les pieds sur terre, ce ne sont pas les étrangers qui en sont responsables. Et contrairement à ce que certains allemands aiment propager, ce n´est pas le monde qui a un besoin urgent de l´Allemagne, mais bien l´Allemagne qui a un besoin urgent de tous ses amis pour survivre. Aujourd´hui encore plus qu´hier.
Musengeshi Katata
Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu