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12 octobre 2006

A380: le scandale écumant

Faites vos jeux, rien ne va plus !

EADS : vendre la peau de l´ours avant de l´avoir abattu

Pour la petite historique de cette affaire entremêlée et plutôt curieuse pour le management et la réputation industrielle européenne, mes lecteurs trouveront sur ces pages les informations dévoilant le détail substantiel du scandale :

-          http://www.lexpress.fr/info/quotidien/actu.asp?id=4345 

-          http://www.lexpress.fr/info/quotidien/actu.asp?id=5914

-          http://fr.biz.yahoo.com/10102006/27/la-valeur-du-jour-paris-gallois-prend-les-commandes-d.html

Comment le nouveau chef Louis Gallois, à sa première visite à Hambourg arrivera-t-il à convaincre les allemands devenus méfiants par tous les scandales financiers qui assombrissaient leur ciel, aboutissant inexorablement à des liquidations riches en pertes d´emplois, et surtout à la ville d´Hambourg qui avait fait un subventionnement de 700 millions d´€ pour s´assurer du site de montage du A380, que ce qu´ils craignaient tous allait arriver ? il s´est contenté de dire que la rationalisation qui s´imposait allait être équilibrée entre la France et l´Allemagne. Rien de plus. Bien peu pour un management européen du plus haut étage de l´aviation qui s´était mouillé jusqu´au cou face à Boeing, son concurrent américain immédiat, et pire : face à ses clients qui lui avaient fait confiance et se devaient de dévier vers Boeing ou demander des indemnités en attendant que les européens sortent de leurs malheurs.

Le A380 allait causer des pertes irréversibles de 4,8 milliards d´€ jusqu´en 2010. Et on se demande bien si on doit parler de dilettantisme, de légèreté, ou tout simplement de management incapable et euphorisé gratuitement. Un défaut des temps ? Toujours est-il que les scandales financiers, de corruption se multipliaient entre ces deux Etats, créant de plus en plus de chômeurs. C´est à qui en porterait la charge. Daimler voulait revendre ses parts à l´EADS que le gouvernement allemand, pour sauver les meubles voulait racheter ; mais tout le monde sait que ce n´est pas augmenter l´influence des Etats qui construirait ce A380 plus rapidement, et ce, avec des gains plutôt que des dettes qui assombrissent déjà l´horizon.

Et c´est dans cette ambiance que se déroula, peu avant l´arrivée de Louis Gallois à Hambourg, la visite du Tsar Putin en Allemagne. Un monarque des matières premières énergétique qui après son voyage en Afrique du Sud, en Algérie, venait faire une journée de travail chez les consommateurs de son gaz en Allemagne. Et pour ne pas qu´on ne le taxe d´égoïste, sur le conseil de son ami Schröder (ex chancelier siégeant désormais au conseil d´administration de Gazprom), cette dernière mettait fin à l´insolvabilité de Schalke 04, un club de football de grande tradition sportive allemande, avec un contrat de parrainage publicitaire de 150 millions d´€ par an ! Belle aubaine pour ce club endetté de 250 millions d´€. Pour le reste, lorsqu´il demanda ouvertement à participer officiellement à l´EADS, les allemands lui refusèrent ce privilège avec l´excuse : trop stratégique. Cela n´empêchait pas la banque nationale russe de posséder 5% des parts publiques de ce projet. On fêta cependant les 4500 sociétés allemandes qui avaient investi en Union Russe depuis la désagrégation de l´ancienne union Soviétique. Et si quelques tons discordants apparurent avec l´assassinat par des inconnus de la journaliste russe et critique écologique et des droits des hommes du gouvernement Putin : Anna Politkovskaïa; en homme politique versé dans la politique et les intrigues du pouvoir, le président russe se défendit brillamment en établissant que son gouvernement n´avait aucun intérêt dans la disparition de cette pauvre femme et mère d´enfants qui ne faisait que son travail. Fin de polémique ? Le cheval de troie des occidentaux sous les allures des droits des hommes ne semblait pas impressionner Putin; il connaissait la chanson, par ailleurs, on n´était pas en Afrique pour tromper et aliéner les gens tout en les massacrant sournoisement avec des méthodes plus subtiles, et bien plus inhumaines. 

Mais chers lecteurs, nous essayons toujours d´établir et d´éclairer avec subtilité des rapports qui touchent à la géopolitique mondiale, afin de permettre aux africains, à tous nos lecteurs de prendre pied dans un domaine que beaucoup de gens ignorent ou sous estiment, mais qui décide de leurs avenir et de leur bien être futur. Ainsi, que veut Putin à travers l´Allemagne ? C´est clair prendre pied sur le marché commercial occidental européen. Cependant que les occidentaux le craignent parce qu´ils est à la fois le pays possédant les plus grandes réserves de pétrole et de gaz du monde. D´autre part, les occidentaux n´oublient pas qu´il a réussi à faire avorter leur achat aux enchères de toutes les perles industrielles de l´Ex Union Soviétique entamé aveuglément et plutôt inconsciemment par Boris Jelzin et savamment concocté depuis Londres. Typiquement occidental : pendant que Gorbatchev chantait naïvement les louanges de la Perestroïka et du Glasnost, eux, en profitaient pour s´accaparer de 4500 sociétés soviétique au prix du pain de 9 milliards de $. Energiquement et avec succès, Putin remit les matières premières entre les mains de sociétés nationales, et celui qui s´y opposa comme Mikhail Khodorkovsky en essayant de mettre une jambe en politique fut arrêté, sa société accusée de fraude fiscale et rachetée par l´Etat Russe, tandis que dans la bonne tradition russe, son propriétaire était envoyé pour 8 ans au goulag. Un autre russe qui eut les mêmes ambitions : Boris Abramowitsch Beresowski eut la sagesse de s´exiler à Londres avant que la longue main du pouvoir ne mette la main sur lui. Tout cela témoignait d´un volontarisme politique affirmé et bien organisé dans ses buts et ses ambitions d´agrandir l´influence de l´Etat Russe. Cela ne plaisait pas aux occidentaux qui aimeraient bien côtoyer un Etat Russe faible et se laissant dévorer à toutes les sauces épineuses du capitalisme. Or comme le montre cet article, Wladimir Putin organise et modernise son armée qui est devenue bien plus efficace et performante qu´hier. http://www.fsa.ulaval.ca/personnel/VernaG/EH/F/cons/lectures/armement%20russe.htm 

Par ailleurs, l´économie de l´Union Russe est en ce moment croissante aux environs de 6,5% : des chiffres dont rêvent les occidentaux avec passion, sans en approcher les abords, même pas au Etats-Unis. Cela a permis à Putin, en 2005, d´avoir un excédent budgétaire de 16 milliards de $ dont il épargnait jalousement une bonne partie coulée en or ! (Pas en dollars, remarquez la subtilité) Et tout à coup, le russe se voit en position de force pour acheter des participations en Allemagne lui ouvrant les portes occidentales de l´Europe de l´Ouest.

Beaucoup diront : tiens, je croyais que l´Union Russe faisait désormais partie du monde libre ! Oui, mais…C´est un club de méfiants que ces pays du club des dix, le clan restreint du Pouvoir Blanc: ceux qui font la stratégie capitaliste et séparent les amis des ennemis, ceux qu´on doit endetter à tout prix pour les soumettre et ceux qui doivent plier les genoux, suer sang et eau, ramper dans les dettes pour avoir le droit de manger le pain sec. Et ces gens se méfient du Tsar russe, parce qu´ils se sont rendus compte que non seulement il a vu ce qu´ils veulent lui faire en coups bas pour entrer en possession des immenses réserves de matières premières et du marché russe, mais mieux que le rêveur Gorbatchev et l´alcoolique Jelzin, Putin était brillant et ambitieux pour son pays. Mieux, au besoin, il savait jouer le jeu et mettre ses atouts énergétiques en balance. Et gare à celui qui ne saurait plus un jour honorer sa facture de gaz ou de pétrole auprès de lui ; il lui appliquerait le même traitement qu´à l´Ukraine ou la Georgie. Un homme conséquent, et déterminé.

Mais quel était donc le problème réel de ce Tsar rénovateur, à part que l´occident, tout en ayant besoin de lui, le gardait cependant à bonne distance comme un serpent à sonnettes ? Le grand problème de Putin venait de la Chine qui faisait des bonds de développement énormes et risquait de balayer l´Union Russe sur son passage, il le pressentait. Par ailleurs, avec la fin de l´Union Soviétique, son nouveau pays avait gagné en transparence et démocratie, ce qui lui permettait une meilleure organisation rationnelle de la production. Mais la modernisation de l´industrie allait par trop lentement, parce que les mentalités n´avaient pas encore pris conscience du changement sociohistorique des orientations des facteurs et des marchés. Par ailleurs, la nouvelle oligarchie de riches et de milliardaire se perdait dans la luxure pour rattraper quelques vœux ou désirs perdus, et dépensait plus dans des futilités importées au lieu de financer le changement qui était nécessaire pour l´avenir. Et le temps pressait, au rythme où se développait la Chine, dans 10 ans, au plus tard 15 ans celui qui ne saurait pas prendre le train chinois se retrouverait assimilé aux rails de l´express. Le voyage de Putin en Afrique n´avait eu que pour raison de s´allier, au front des matières premières énergétiques où l´Union Russe était sans concurrence, de futurs alliés au cas où certaines situations l´exigeraient. Une façon comme une autre de rappeler les anciennes relations internationales, en montrant que malgré l´hégémonie occidentale, il y avait un autre roi des matières premières, et c´était l´Union Russe. L´occident n´a été sans remarquer cette petite nuance piquante. Ce qui avait fait dire à un ancien conseiller de la maison blanche : " Si l´Union Russe veut faire partie de l´Occident, ce sera aux conditions de l´occident ; pas aux conditions russes". Et si le Tsar avait un autre plan, s´il ne venait pas plier les genoux ? Après tout, c´était lui qui avait les matières premières. Et ce n´est pas comme au Congo où on pouvait fomenter des guerres civiles et piller à loisir ; Putin et son peuple savaient défendre leurs richesses efficacement. Et pour la petite histoire de famille, la nouvelle torpille russe hypersonique atteignait une vitesse de 5300 km/heure ! L´ennemi n´avait même pas le temps de la détecter ou de réagir que…

Il est évident que le crise de l´EADS n´a rien à voir directement avec Putin. Et cependant, sur un autre point de vue, s´il proposait d´y investir officiellement, et que sa banque nationale achetait 5% des actions de cette société d´aviation, il y avait bien un lien. Les mauvaises langues disent que les russes veulent profiter du know how aéronautique occidental pour améliorer leur Tupolev qui en Afrique et en Amérique latine crashent d´années en années plus souvent de vieillissement ou d´insuffisances techniques. Mais cette histoire et ce rapprochement que je garde parallèle permet peut-être à mes lecteurs de comprendre les choses autrement qu´en les lisant en articles d´informations plats et peu réfléchis, ce qui n´ouvre pas toujours à comprendre les dessous des cartes. Ou pourquoi Putin est-il, par exemple gardé à distance malgré tout par les occidentaux, ou encore : ceux-ci ne dépensent pas vainement une chance de se rapprocher de l´Union Russe qui est stratégiquement importante pour eux ? Préfèrent-ils le voir ramper ou s´exténuer devant leurs portes parce qu´ils ont en Afrique des chantiers de matières premières plus couchantes ?

On comprend alors beaucoup mieux le voyage de Putin en Afrique. Et quiconque croyait que ce pays ne cherchait qu´à être petit et servir docilement le capitalisme occidental dans son épopée rapace à travers le monde était bien aveugle. Dans l´avenir, celui qui ne cherchait pas le maximum n´aurait que des cacahuettes, car dans l´avenir la concurrence sera des plus tendue, et disputée sur tous les marchés. Celui qui dort, eh bien, il mourra seulement sans se réveiller. Se reposer ou être libre, disait Thrucydide.

Musengeshi Katata

Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu

munkodinkonko@aol.com

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