Afghanistan : des soldats allemands abusant des os de morts.
Des comportements irrespectueux dans une campagne sans issue ?
« L´amérique devient lentement un allié pesant pour les européens »
Peter Scholl-Latour sur NTV, en duel avec Don Jordan, journaliste américain.
Le gouvernement et le commandement militaire allemand ont essayé de rabaisser la portée et l´ampleur de ce tourisme militaire allemand de mauvais goût largement documenté par des photos souvenirs que les recrues autant des forces spéciales que des soldats ordinaires avaient collectionné dans leur campagne Afghane. Les photos, de plus en plus éloquentes, firent leurs apparitions comme par hasard, dans Bild, le journal populaire à scandale. Posant avec des ossements de morts ou les employant à écrire leurs noms et leurs unités, les recrues allemandes ne sont largement servies sur des cimetières détruits par les batailles et les incessants bombardements de cette guerre. Mauvais goût ou les signes indisciplinées d´une campagne qui, de jour en jour devenait absurde ou ennuyeuse par son manque moral de légitimation, ou son but clair et précis comme le sont les campagnes militaires ? On se le demande bien, d´autant que bien d´allemands ne voyaient plus d´un bon œil que cette campagne qui avait débuté avec des raisons d´assistance de police aux forces américaines, aujourd´hui s´embouait dans une finalité ou des buts qui ne dépendaient nullement des allemands eux-mêmes. A quand la fin des hostilités ? Quand rentrera-t-on définitivement chez soi pour laisser ce pays qu´on a largement, si pas complètement arraché aux criminels talibans se régénérer et reprendre une vie normale ? Combien de temps encore allait-on craindre le retour des talibans ? Bien de questions qui, à force que cette occupation étrangère durait, en dévoilait d´autres, par exemple : pacifier ce pays abusé jadis par les talibans sans empiéter son caractère musulman, l´occident en avait-il, au delà de ses propres contradictions, le talent ?
Certes, les jeunes filles allaient à l´école, les femmes faisaient musique, découvraient lentement les loisirs de participer à l´épanouissement de la société autrement que comme personne soumise et strictement régentée par de stupides interdits de la plus basse phallocratie masculine bornée musulmane. Mais était-ce tout ? Partout, et bien en majorité, les femmes observaient encore le recouvrement du chef ou la préséance masculine que leur avait imposé le coran et l´Islam, peut-on croire un seul instant, ou même espérer qu´après le départ des troupes étrangères, les forces modernistes au sein de cette société musulmane s´imposeraient et se battraient pour la modernité ? C´est à espérer. Sincèrement. Car, en réalité, ce qu´il fallait changer ou réorienter, c´est l´influence abusive et absolutiste de l´interprétation ou de l´imposition du Coran dans la société. Et cette discussion ne pouvait se faire ni par la violence, ni par les étrangers ; elle devait se faire par les hommes et les femmes afghans face à la question : comment allier l´Islam et la modernité civile le plus harmonieusement du monde, aux profits de tous, et surtout des femmes qui ont toujours souffert du joug masculin ?
Et c´est peut-être l´occasion de rappeler, d´une part que les Etats-Unis en abattant illégalement le régime de Saddam Hussein en Irak, débarrassait certes le monde d´un dictateur indésirable, mais détruisit aussi les structures civiles de la société islamique la plus progressiste de tout le monde musulman. Et face à la montée indésirable du fondamentalisme musulman de par le monde et de son influence néfaste et dangereuse pour la tolérance et les aspirations démocratiques des autres membres de la communauté internationale, on se demande si le désordre civil actuel en Irak n´aboutira pas à engendrer exactement ce qu´on reprouvait : d´un islamisme plus fondamentaliste que progressiste ou tolérant.
A part l´Egypte, le Maroc dont le roi avait autorisé une femme non seulement de devenir imam, mais aussi de prêcher devant lui, tous les pays musulmans du monde, et malgré l´amitié ou d´étroits liens avec l´occident accusaient une sournoise phallocratie absurde et obsédée que la lettre même du Coran entretenait avec, ne mâchons pas les mots, un parti pris primitif et borné. Sur une liste rapide on pourrait placer l´Arabie saoudite, le Koweït, l´Iran, la Libye, le Soudan, …et bien d´autres encore. Tout ce qu´on pouvait dire de ces pays, c´est qu´aucun d´eux ne voyait réellement la nécessité de discuter une interprétation modernisée du Coran, ils s´abandonnaient tous à des imams et des muftis qui eux restaient enfermés dans l´étroite chambre passionnelle et aveugle de la lettre du Coran. On entendait même des lettrés du Coran avouer : la libération viendrait du coran lui-même. On se croyait devant un négrier qui apprenait à son esclave que la liberté pour lui s´appelait soumission complète et aveugle. Si cela pouvait s´appeler liberté…l´occident n´en donnait-il pas l´exemple en entretenant, malgré toute modernité et prétentions culturelles de démocratie et même de liberté, l´injurieux monstre de la francafrique à l´égard de l´Afrique ? De quel droit alors cet occident bouffon à ses propres valeurs pouvait-il prétendre instruire, assister ou conseiller les autres états du monde sur la démocratie ou la liberté ? Ou devait-on s´accommoder de bombardements intempestifs et criminels gratuits et arbitraires comme en Irak ou au Liban, au nom d´une pompeuse et plutôt vide que respectueuse…démocratie ?
Cette vilaine affaire de militaires allemands se moquant des morts en pays islamique ne vient pas arranger l´opinion selon laquelle, et malgré civilisation, culture et instruction militaire, ce genre d´écarts de mauvais goût était hélas toujours possible. Et pour une armée qui avait été estimée et épargnée jusque là par l´adversaire invisible contre lequel se battait la coalition proaméricaine, elle risquait de perdre sa réputation et devenir la cible normale d´attentats revanchards. Mais, soyons pragmatique, si on canardait les talibans comme des pigeons, devait-on après leur mort prendre plus soin d´eux ? Il ne faut donc pas exagérer la portée ou l´importance de ces incidents. Plus important était de quitter sans dommage ce lointain pays où on jouait de solidarité avec les Etats-Unis sans savoir quand, où se terminerait cette assistance et les buts qu´elle poursuivait. Car on risquait bien de se retrouver à 24 fronts dans le monde, toutes attisées par une Amérique devenue imprévisible et rageusement militariste depuis le 9/11.
Musengeshi Katata
Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu