La RDCongo et les fers d´un néocolonialisme vicieux
Des élections qui n´ont rien révélé, arrangé ou apaisé ; le Peuple ne se trouve ni rallié, ni uni vers la réalisation de se valeurs idéales profondes.
Sous les pas futés d´un injurieux néocolonialisme sans avenir
« Celui qui cède sa liberté pour gagner en sécurité, n´a droit ni à la liberté, ni à la sécurité. » Benjamin Franklin
Le vin est tiré, il faut le boire…jusqu´à la lie, pourrait-on dire pour la RDCongo. Kabila alias Kanambé, le protégé intrigant de l´Union Européenne et du néocolonialisme occidental a gagné. Bemba, son adversaire dont on ne situait pas tout à fait ou pas clairement le projet de société, a perdu et apprend bien vite ce que cela signifie pour lui : notamment qu´il allait être attelé à une charrue dont les bœufs pillant et exploitant de l´occident ouvriraient la marche pour les intérêts privilégiés de l´industrie occidentale face à l´ouragan chinois qui les repoussait lentement mais sûrement dans le chômage et l´endettement public.
Louis Michel, l´architecte intrigant de cette méchante victoire avait déjà invité le chef de la Banque mondiale Wolfowitz à Bruxelles pour discuter avec lui des modalités par lesquelles de nouveaux crédits pouvaient être accordés à la RDCongo afin de permettre naturellement aux nouveaux élus congolais d´acheter de nouvelles automobiles, autant que d´assurer leurs honoraires et les tantièmes invisibles qui reprendraient si vite le chemin secret des banques belges et suisses. Rien de nouveau, en fait. Ces voitures et ces bibelots d´installation allaient, comme toujours, renvoyer ce financement en Belgique, dans les poches des industriels producteurs de bien de consommation, tandis que le peuple congolais, lui serait prié d´honorer le paiement entier d´une dette dont il n´avait ni profité des avantages matériels, ni discuté des conditions draconiennes de remboursement. Ce coup était tellement cousu de fil blanc que les économistes véreux eux-mêmes s´en détournaient de honte. Parce que ce genre d´escroquerie ne conduisait qu´à aliénation et l´appauvrissement organisé d´un pays, tandis qu´elle corrompait la morale et la motivation de ses élites soudoyées et dépossédées de tout argument économique, financier de bonne gestion. Et toute politique dépendant de l´étranger et qui ne savait ni engranger, ni résoudre souverainement ses impasses financières ou payer le prix de ses propres ambitions perdait sa souveraine et son pouvoir. Et ce faisant le respect de son peuple. Mais n´était-ce pas cela que Louis Michel, au nom du capitalisme néocolonialiste occidental voulait instaurer en pays africain riche en matière premières pour conserver devant l´avancée industrielle chinoise tonitruante, et devant l´impasse économique européenne grandissante de la crise économique actuelle, des atouts décisifs pour l´avenir ? Nous le pensons bien, car sans matières premières fondamentales, toute économie, toute industrie serait ralentie ou étouffée. Ce serait un argument de taille dans certains pourparlers contraignant à l´ouverture les marchés chinois, par exemple.
Le peuple congolais se mordra les doigts pour avoir fait un choix politique douteux ; mais avait-il réellement le choix ? Tous s´est-il passé en toute légalité ? J´en doute, et cependant, le mal est là. Encore faut-il savoir de quelle nature est ce mal ! Pour ce qui est de l´occident, cette confrérie aux abois se trompe bien sur sa stratégie envers l´Afrique, et cela depuis 600 ans. N´a-t-elle pas remarqué qu´elle est toujours revenue en catastrophe en Afrique pour y afficher une fausse humanité, de fausses coopérations ou aides que ses intentions cachées ne partageaient pas ? Et si dans le passé il s´agissait de noyer son nègre, de saboter toute tentative d´indépendance politique et économique en transformant ce continent en un vaste marché corrompu privé de tout avenir autre que celui de rester sous la coupe occidentale, cette fois, il s´agissait plutôt de mettre la main sur les nerfs industriels de la guerre commerciale qui pourraient profiter à l´industrie chinoise librement, sans donner à l´occident la chance de négocier de substantifs et vitaux avantages.
La chine a déjà compris cette stratégie des terres brûlées, parce qu´elle n´était rien d´autre qu´un aveu de sournoiserie et de fausseté car, ayant mis continuellement les bâtons dans les roues à l´Afrique pour l´étouffer, retarder son développement en élevant contre elle des barrières douanières et commerciales l´empêchant de vendre en occident, ou encore en y déversant des excédents agroindustriels qui ruinaient son agriculture, l´Europe et l´occident entier s´est, par rapacité et bas complexes raciaux, privée de partenaires commerciaux qui, s´ils étaient développés et solvables aujourd´hui, lui rendraient de grands services en achetant chez elle des produits industriels de hautes qualités qu´elle surproduisait sans ne plus savoir où les placer. Ce qui expliquait cet injurieux chômage, et cet endettement public des plus restreignant qui empoignait les économies industrielles centristes du Pouvoir Blanc. Et on avait beau crier et chanter démocratie et liberté, le système financier et économique occidental imposé au monde entier avait des consonances négatives volontaires à l´endroit des africains noirs particulièrement. Ce n´est donc pas, dans la crise économique, financière et commerciale actuelle la faute à nul autre que les occidentaux eux-mêmes, parce que subjugués par leur rapacité et leur mépris pour le continent africain, ils s´abaissèrent à étouffer, se priver de leurs propres futurs clients !
On se trouvait, comme dans un mariage phallocratique et sans amour, où le mari battrait, violerait et mépriserait sa femme à loisir en la traitant de tous les noms. Il pousserait l´indélicatesse et la prétention, lui qui ne savait pas faire jouir sa propre femme, à aller promettre à la voisine qui se bronzait sous leur fenêtre, monts et merveilles sexuelles. Mais un jour, à la sortie de l´église, un étranger s´approcha de sa femme et lui fit compliment de sa beauté. Cela souleva la jalousie et la colère du mari qui empêcha sa femme désormais de sortir sans son autorisation. Un jour, revenant de ses beuveries coutumières, il trouva la maison vide : sa femme avait pris le voile avec son admirateur étranger. Et depuis, souffrant de tous les maux, hirsute et peu soigné, il criait à toutes les tables de taverne combien il aimait sa femme, et combien il aimerait la rendre heureuse. Trop tard, c´est le moins qu´on puisse dire. Quelques mois plus tard, lors du procès d´un divorce froid et distant, ses amis et lui-même furent surpris de rencontrer une femme nouvelle, gaie, souriante et étrangement belle et attendrie par l´amour que lui prodiguait avec empressement son nouveau partenaire. L´ancien mari sombra très vite dans l´alcoolisme et la déprime ; il perdit son emploi, son logement et se retrouva comme clochard à arpenter les rues de la ville en lambeaux. Et chaque soir, au coin d´un feu réchauffant de fortune ; il avait beau dire qu´il avait été marié à l´une des plus belles femmes de la ville, ses auditeurs n´y prêtaient oreille : il doit sûrement être fou, se disaient-ils. Le délire vagabond.
L´occident doit bien se demander ce qu´elle défend, parce qu´en 600 ans de ses rapports avec l´Afrique, le bilan, lorsqu´on est objectif et sincère, est bien trop entaché de crimes et d´exactions en tout genre. Incorrigible, cette culture n´est pas arrivée à considérer l´avenir de l´Afrique autrement qu´étant soumise et aliénée à ses étroits intérêts. Et il lui a fallu bien de violence depuis l´esclavage qu´elle pratiqua joyeusement pendant 400 ans, suivi de 100 ans de colonisation et de 46 ans de francafrique, d´accéder à l´évidence que les africains, les noirs, sont des êtres humains indépendants et souverains, autant dans leur historicité que dans leurs aspirations. Et que comme tout être humain, toute race vivant sur cette terre, eux aussi avaient droit à la liberté et à la réalisation. La nouvelle montée de la Chine provoque un branle bas, un curieux mélange de mauvaise conscience, de fausseté mal contrôlé, de manquements dont on se gênait, d´un sourd refus de reconnaissance réelle et sincère à tout un continent qui se demandait toujours : qu´est-ce qui se passe ; savent-ils ce qu´ils font ? Et l´angoisse des invendus de la crise économique faisant, le chômage et l´endettement financier pour cacher la vérité ; tout cela conduisait à une stratégie de dernière minute qui, tout en voulant changer les choses ou redonner une nouvelle opportunité à l´occident de s´améliorer…ne détériorait les choses que plus profondément. Parce que ceux qui avaient appris à se détester, à mentir, à suivre le moutonnement de leur sort ingrat se trouvaient devant une vérité qui les laissait eux-mêmes pantois : eux aussi avaient droit à la liberté et aux libres devoirs de leur réalisation. Quiconque essayait donc de rétablir l´ancien ordre chosifiant, ou se refusait à commettre les efforts qu´impliquait la liberté et la démocratie, se préjugeait lui-même et entachait à la réalisation de ses rêves, de ses attentes et ceux des siens. Et c´était pourtant là que commençait toute définition de la valeur humaine.
Et si la liberté et la réalisation appartiennent à tous, il n´y a aucune raison que l´occident s´évertue, aujourd´hui encore, à décider de ce qu´elles seront demain ou après demain en Afrique. Ou continue à intervenir avec un paternalisme borné et sournois dans la gestion, le bien être et l´évolution économique, financière et culturelle du continent noir. Par amour pour la liberté et la démocratie. Et même si nous étions tous concernés, que la liberté était, somme toute universelle, chaque enfant de cette terre, chaque société, chaque Etat devaient en exercer librement et non moins consciemment les prérogatives. Ce n´est pas en méprisant, en pillant, en dénigrant, en opprimant volontairement ou sciemment qu´on respecte les autres ou qu´on encense les valeurs indéniables de la coexistence pacifique. Et si par hasard il ne s´agit ni de liberté, ni de démocratie dans l´existence moderne, mais de dominance et d´oppression ; alors pourquoi serions-nous tenus de supporter quoi que ce soit, nous qui croyons à la liberté et à la démocratie ?
Mais peut-être devons-nous être d´accord sur le contenu de ces deux mots d´abord; parce qu´à ce qu´il semble, nous avons des idées diamétralement opposées la-dessus.
Musengeshi Katata
Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu