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22 décembre 2006

Sur le quantitativisme aveugle et son impasse

Produire et accumuler à tout prix, mais qu´en est-il de l´harmonie, de la fin de l´hérésie de la cupidité entraînant le consommisme abrutissant ? 

La fin du mythe envahissant d´un productivisme étouffant ?

« Ce n´est pas l´abondance qui est excellence, mais la qualité »  Joseph Joubert

Si la vie, et partant la réalisation existentielle était une belle femme à laquelle la phallocratie du pouvoir paternel s´évertuait à faire l´amour, et par lequel naîtrait de beaux enfants dont le pater familias s´empresserait à aimer, à promouvoir et à défendre le bonheur ; alors le productivisme excédentaire, impérialiste ou hégémoniste est une perversion qui plaçait la rapacité au dessus de l´harmonie, et même de l´équité. Et Joubert aurait complètement raison…si…eh oui, si tous les êtres humains, les pays, les cultures pouvaient parvenir à la raison, à la satiété ; ou du moins établir entre eux des rapports paisibles et respectueux permettant des échanges et des rapports d´équilibre et d´équité. Or, ce n´est pas le cas ; certains états ne sont nés ou gouvernés que par la violence et la cupidité comme principe politique d´exercice existentiels. Et on a beau se cacher derrière des slogans, des institutions, de faux aveux publics de liberté et de démocratie, la machinerie politique qui œuvre en sous main, elle, convoie et perpétue de vieux complexes, de vielles appréhensions qui ont marqué le psychisme politique de certains peuples au plus méfiant ou à la fausseté légendaire humaine. Sortir des marasmes historiques, des bas instincts des caractères individuels des peuples ou des gouvernants, c´est plus vite dit que réalisé. Par ailleurs, les défauts, à défaut de négation ou d´orientation vers la valeur évidente et émancipatrice du bien, se perpétuent et s´enveniment, autant que par convenance ou commodité, elles se cachent derrière de faux manteaux sociaux de discours et de logiques placardés, en se faisant fêter comme des vertus de la démocratie et de la tolérance.

« Les premiers seront les derniers », affirme la Bible ; la religion catholique, cependant, a tout mis en œuvre pour imposer et consolider le contraire. Et par un orgasme religieux formaliste couvert d´or et de liturgie, elle s´institutionnalisa en intermédiaire absolu menant à Dieu. La prière, l´offrande à ses œuvres et son entretien devint le vin permettant à l´individu d´avoir accès autorisé aux faveurs des cieux. Or, comme le disait Jean Paul Sartre, il ne s´agissait pas de chanter les louanges de Dieu en enrichissant l´église ou en lui octroyant des pouvoirs dont, l´histoire en était témoin, elle n´avait que trop fréquemment abusé, mais bien de réaliser et de créer le bien activement, volontairement pour savoir mériter l´excellence et les louanges de la volonté divine. Une bien grande différence symbolique : celle d´être sujet et acteur responsable direct de l´histoire, de son contenu et de ses valeurs ; ou au contraire n´être qu´un passager certes doué, mais sans son traducteur et son costume légal, incapable ou interdit à défendre de par lui-même le sort précieux de sa vie éphémère. Cette dialectique de l´idolâtrie par admiration dépossessive désengageait l´être humain autant qu´elle le déresponsabilisait face à ses devoirs de s´améliorer, de se parfaire pour avoir accès  à l´Harmonie et à l´équilibre de la perfection. Tout ne devenait ou n´aboutissait qu´à la consommation, bouffe aveugle et dépendante de l´industrie et du capital qui, eux, se chargeaient de perfectionner et de gouverner les choses de la vie. On en oubliait pourtant que ces hommes politiques, ces managers, ces papes n´étaient, eux aussi, que des êtres humains ; et c´est dire tout aussi faillibles ou mortels que tout être humain !

Le productivisme répond à tout cela et bien plus encore : à un état socioéconomique qui, tout en se réclamant du cartésianisme dans ses méthodes de production ou de gestion, était cependant régi par une vision et une organisation primitive de l´usage et de la finalité sociohistorique. Pourtant, c´est la finalité réelle qui compte, pas l´immédiateté du résultat, parce que le résultat est temporel ; la finalité, elle, comme le bien, la vertu ou l´harmonie, permanente et sans âge. Autre chose : croire qu´avec de fausses vertus, de fausses méthodes ou prémisses on arrive à la vérité, à l´harmonie ou la perfection, c´est encenser le vice, le crime et la perversion et croire qu´une institution quelconque peut faire un miracle, remettre tout en place ou réparer les dommages causés par la négligence et les bas instincts. Depuis que la justice et les prisons existent, on aurait déjà obtenu des sociétés sans criminalité. Or, ce n´est pas le cas ; les pays riches, industrialisés sont toujours aussi criminels. Si les trois pays les plus criminels du monde : Le Mexique, le Brésil et les Etats-Unis continuent, ainsi par ailleurs que l´Afrique du Sud à accuser, malgré la répression sociale criminelle et le régime d´enfermement pénitencier hautement organisé de ces pays, à entretenir un haut niveau de criminalité sociale, on ne doit pas s´en étonner. Il suffirait d´aller dans l´histoire sociale de ces états pour conclure que les générations de citoyens de ces pays ont été marquées par les violences se léguant de par les structures, les valeurs ou l´idéal social dominant. Ce n´est pas non plus, comme le prétendait Jean-Jacques Rousseau que l´homme est né bon, et que c´est la société qui le pervertit. A moins que, comme il le dira dans l´Emile en 1762 : "Le Dieu que j'adore n'est point un Dieu des ténèbres, il ne m'a point doué d'un entendement pour m'en interdire l'usage : me dire de soumettre ma raison, c'est outrager son auteur. Le ministère de la vérité ne tyrannise point ma raison, il l'éclaire." Ou encore, plus précisément : "Conscience ! Conscience ! Instinct divin, immortelle et céleste voix ; guide assuré d'un être ignorant et borné, mais intelligent et libre ; juge infaillible du bien et du mal, qui rend l'homme semblable à Dieu." Brillant penseur, sa phrase bien connue : « Il étonnant que Dieu qui est si bon ait mis dans un corps tout noir, une âme toute blanche » prouve, malgré toutes les allégations gratuites des racistes et envahisseurs occidentaux de l´Afrique, que contrairement à l´homme noir, eux, ils avaient des âmes bien noircies par leurs basses intentions. Mais tout le monde sait aujourd´hui que la naïveté n´est pas toujours une vertu, quand les autres n´ont pas de saines intentions ! 

Produire, produire à tout prix. Consommer et aspirer à des biens, un confort de plus en plus raffiné et ample, tout cela est humain et légitime à toute société, à tout être humain. A moins que dans l´exercice de cette légitimité de réalisation humaine, on veuille se réaliser au détriment des autres, en leur créant volontairement préjudice, ou en les étouffant tout simplement. Depuis 600 ans, hélas, c´est le cas de l´occident envers l´Afrique, de l´air atmosphérique, de l´écologie mondiale, des matières premières qu´on consommait comme si elles poussaient sur les champs à satiété. Et à l´horizon, pas un grain de sagesse ou de retenue ; bien au contraire, la francafrique avait été instaurée pour alimenter et asseoir un abus criant aux libertés, aux droits et aux légitimes aspirations africaines. Celui qui croyait encore que l´Irak a été envahie pour lui apporter la liberté et la démocratie que bien de noirs, d´indiens ne connurent aux Etats-Unis qu´après avoir subi les uns l´esclavage, les autres une extermination occidentale qui les décima pour leur arracher leurs terres ; celui-là se trompait bien.

La liberté est de la production, de l´exercice individuel, national ; et dans notre monde d´aujourd´hui dépendant de rapports internationaux pacifiques. Mais en aucun cas un autre peuple, un autre gouvernement ne peut s´arroger le droit abusif, de démocratiser, en pédagogue prétentieux et faussement zélé, ses voisins. Cela sentait l´exploitation, la domination, le pétrole et l´abus d´influence à s´y méprendre. Et c´est pourtant ce genre de piraterie, de violentement gratuits des droits et des libertés humaines qui détruisent la confiance et la paix mondiale en créant des réflexes de défiance, de protection…atomiques comme ceux de l´Iran. Et déjà, ces occidentaux prétendaient, après avoir été incapables d´empêcher cette invasion gratuite, à imposer au tiers monde, à la Corée et à l´Iran, de s´abstenir de poursuivre des ambitions nucléaires ! L´art d´être à la fois au four et au moulin ; être au balcon et se regarder passer dans la rue. Un art ambigu, et pour le moins faux, parce que le juge est à la fois le confesseur, la loi, le juge et celui à qui le crime profite. Décidément trop pour être honnête et équitable, cette constellation.

Or, le nucléaire, à la vitesse où les occidentaux consomment les hydrocarbures du monde à gorges déployées, sera, dans un proche avenir, incessible à la survie de tout développement humain pour la plupart de pays du monde. Les autres sources d´énergie solaires, biologiques, des courants marins, n´ont pas encore la capacité de supporter une intense et déterminante satisfaction d´une économie industrielle au sens complet ou large. Ce faux paternalisme interventionniste ne s´explique que si les économies occidentales considèrent que les autres pays du monde actuellement pauvres ou faibles économiquement n´ont pas droit à l´industrialisation ou à une défense efficace, et cela veut dire qu´ils veulent les garder soumis et sous développés. Ou ils veulent leur faire subir à tout moment des invasions comme ceux d´Irak, ou leur imposer, comme en Afrique, une francafrique qui ruinait ce continent, l´appauvrissait et le privait de moyens économiques et financiers de développement. Pour y déverser leurs excédents à loisir ou leur imposer militairement ou économiquement leur dictat ouvrant ainsi à consommer à cœur joie leurs matières premières dont les enfants africains eux-mêmes ne sauraient profiter. Une sournoiserie des plus discriminante.

Beaucoup d´intellectuels occidentaux pris au piège évident de cette philosophie existentielle abusive cherchent à sortir de l´impasse, cependant qu´elle n´a qu´une issue : celle que leurs sociétés, que la logique de domination et d´impérialisme occidental avait refusé de reconnaître au monde : celui d´une décentralisation économique et financière, et maintenant, comment l´imposer aux autres ? C´est la Chine qui allait en rire et prétendrait à raison : parler tout à coup de la vraie liberté et de la vraie démocratie, quand on aurait soi-même écumés les mers et pillé et violenté le monde entier pendant des siècles... A qui voulait-on de nouveau faire avaler cette fausse pilule ? La chine savait bien qu´on lui avait vendu de l´opium pour un médicament occidental ; elle ne l´avait pas oublié. Et croire que les uns devaient surproduire pendant que les autres, leurs victimes resteraient passives et vivraient d´aides et d´aumônes, c´est de la pure affabulation. Aucun pays ne se développe sans s´industrialiser, sans épanouir ses moyens et ses possibilités existentielles au plus haut. La Chine qui se développe aujourd´hui, ainsi que l´Inde, ne vivent pas d´aumône, ou de mendicité. Il a fallu une longue accumulation conséquente et strictement orientée à épanouir les facteurs créatifs de leurs sociétés. Là où aucun étranger n´investit jamais parce que ce n´est ni dans son intérêts, ni dans ses vues : dans la connaissance, la science, l´éducation et la créativité, parce que ces investissements sont de longues haleines, et leur finalité, sans un intérêt national idéel, sans rendement aucun pour un étranger. N´est-ce pas vrai que le FMI et la Banque Mondiales imposaient aux pays africains de privatiser leur éducation et leur organisation de santé lorsque ceux-ci arrivaient à des impasses de paiement de leurs dettes ?

Autant dire que si l´accumulation (privé ou public) est toujours d´actualité, surtout pour le tiers monde ; le productivisme d´excès ou d´envahissement, lui, va devoir être revu. Surtout au moment où la Chine va s´en servir pour tomber l´occident. Beaucoup d´optimistes ne voient pas venir le danger chinois écrasant ; tant pis pour eux. C´est pourtant la première fois dans l´histoire qu´un pays aussi haut peuplé va marcher sur le monde, et croyez-moi, ce sera incroyable. L´occident ne croira pas ce qu´il lui arrive, parce que ce sera largement au dessus de ses pires cauchemars. Et lentement, comme un château de cartes, tout s´effondrera parce qu´on sera occupé à colmater à tous les fronts : à celui du chômage, de l´endettement, des productions en baisse par recul sur les marchés internationaux…et même sur le tableau de la démocratie et des libertés la décroissance prochaine aura une incidence des plus inquiétante, car celui qui n´a plus les moyens de sa politique, et demande à ses citoyens de travailler jusqu´à 67 ans comme en Allemagne pour des salaires modestes pendant que l´énergie, le coût moyen de la vie augmentait incessamment, et par surcroît de s´assurer individuellement pour sa pension et ses soins médicaux parce que les assurances solidaires sont en banqueroute, celui-là doit s´attendre à des remous sociaux, ou du moins à expliquer pourquoi les riches devenaient encore plus riches et les pauvres de plus en plus démunis. Restructurer ? Encore plus de chômeurs ?

La France n´accusait-elle pas le plus haut chômage de jeunes (20%) en Europe ? Aller en Afrique disserter suavement sur la valeur, comme l´avait fait Dominique De Villepin dernièrement si péniblement en en prenant plein la bouche, cela n´arrangeait cependant rien au drame social qui couvait en France, dans tout l´occident ; il faudrait peut-être dire aux jeunes la vérité, c´est à dire : amis, les temps ont changé ; maintenant, c´est chacun pour soi, Dieu pour tous. En riche pays de la fille cadette de l´église catholique, le chômage n´avait pas encore trouvé de solution. C´est sans doute ce que les intellectuels véreux ou sans imagination purgeaient sous leurs sanglots impuissants qu´on entendait à l´autre bout du monde. Et ce n´était que le début d´une longue traversée de la vallée de la décrépitude. Le soleil serait-il au rendez-vous de l´autre côté ? L´Union Européenne, elle, pour changer, s´élargissait avec fracas. Mais désormais, toute solution momentanée aura, à long terme, des effets négatifs pour le centre européen…et les capitaux investis dans l´ancien Est communiste européen ont ceci de particulier : ils créent de nouveaux consommateurs, mais pas nécessairement de nouvelles innovations et de nouveaux emplois au centre européen. Et le principe : petit pays, petits problèmes ; grand pays, grands problèmes, reste, même pour l´Union Européenne, une évidence. Et tous ces pays actuellement pauvres, lorsque les produits chinois ou indiens moins chers frapperont à leurs portes, pour tenir le coup en zone industrielle européenne plutôt chère, cèderont à l´économisme logique primaire de l´épargne. Rien ne sera plus facile, même pas l´avenir ; surtout en pays saturés. Et ce ne sont pas des coups de gueule grossiers comme ceux de Sevran, de Frêche, ou de Finkielkraut et autres qui y changeront grand-chose.

L´Afrique arrivera-t-elle, dans cette constellation, enfin à accumuler ? A sortir des fanges de l´utilitarisme occidental chosifiant ? Ce serait catastrophique si elle ne profitait pas du renchérissement des matières premières et du train express chinois pour se mettre à jour en modernisant et en motivant son éducation, ses universités désuètes et sa formation professionnelle désorientée et sans usage ou application locale. Pas étonnant que les cadres universitaires africains s´expatrient à un rythme effrayant, surtout pour le Ghana, entre autres. Faute d´emplois. Et avec toute la bienveillance du monde, on devait se demander : qui donc ferait le progrès et garantirait l´avenir aux autres, aux faibles, aux ignorants et aux malades ? C´est pourquoi, et quelque soit l´amour que les élites portent à l´occident qui entretient et encourage cette perversion, les choses doivent changer et cette situation aussi le plus rapidement que possible, parce que sans cela, ce ne sont pas des élites ; ce sont des écornifleurs qui consomment et bradent les richesses du peuple sans lui ouvrir les portes de l´avenir. Bien au contraire, comme des sangsues, ces incapables buvaient le sang frais du peuple, l´affaiblissant d´année en année, ajournant ainsi douloureusement sa liberté et son indépendance économique et financière. Si cela s´appelle élite responsable, eh bien… Et pourtant l´afrique, à notre avis convaincu, représente, dans son développement,  une chance inouie pour l´Europe. Mais si celle-ci ne connait que le langage de l´aliénation, de l´exploitation et de la soumission pour dialoguer et respecter les autres peuples...

Musengeshi Katata

Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu

www.realisance.afrikblog.com  

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