Pour un avenir partagé, équitable, valable pour tous.
En réponse à l´excellent commentaire de Illel Kieser 'l Baz sur réalisance sur l´article : Le noir est une couleur de noblesse. http://realisance.afrikblog.com/archives/2006/09/27/2778075.html
Pas seulement un simple changement, mais aussi l´apport d´un idéal supérieur nouveau ; est-ce possible, ou ceux qui en rêvaient divaguaient les yeux ouverts ?
« L´art d´aimer l´existence dans toute sa profonde et fragile beauté ; c´est aussi l´art de tuer les dieux trompeurs et illusionnant. Et de faire renaître en leur place d´un amour dont la grandeur réelle, imaginaire et la splendeur pratique sont plus louables et nourrissantes que la simple et affable poursuite de perfection » Musengeshi Katata
Cher Illel Kieser 'l Baz, je vous avoue que j´ai été agréablement surpris par vos propos ; c´est la première fois sur ma page que quelqu´un vient en peu de mots expliquer le but de cette page, et surtout, rejoint à tout égard la stratégie que nous considérons comme étant la meilleure pour sortir non seulement l´Afrique, mais aussi la contestation fondamentale périphérique envers, ne mâchons pas les mots, l´impérialisme occidental et son totalitarisme économique, militaire, géopolitique.
Maintenant, celui qui pense qu´il s´agit d´abattre cette culture (et beaucoup de colériques et d´excédés s´y abandonnent par désespoir ou par simple égarement), se trompe car elle a, ne le cachons pas, ses bons côtés et bien sûr une somme incontestée de nos propres apports (volontaires ou forcés) en efforts, en prestations de toutes natures, et même en sympathies – ce qui révolte, cependant, c´est qu´au lieu que ces richesses soient employées à démocratiser et à garantir l´élargissement et la reconnaissance de la réalisation de tous et d´un chacun, elles servent plutôt à nourrir un moloch empirique, centraliste et exclusivement réservé aux prétentions des maîtres de la Norme. Il s´agit bien, par contre, de lui rendre le sens humain et universel nécessaire et souhaitable à l´édification d´une vraie liberté, d´un sens de justice et d´équité qui soit praticable et valable partout et pour tous. En vérité la seule voie à la démocratie, parce que, comme le grand Shakespeare le disait, si la forêt empêche souvent de voir l´arbre, elle cesse d´être forêt si elle méconnaît l´unité singulière de son tout. En démocratie, ne pas prendre en compte l´épanouissement et la réalisation individuelle (et je prends comme exemple ici le chômage occidental et les effets destructeurs et excluant de la francafrique), c´est tuer la démocratie par ses racines. Et même si l´impression générale satisfait au regard et à l´opinion surfaite, seul le sort respecté et reconnu d´un chacun reste la fierté et la mesure par laquelle tout système se juge et se qualifie.
J´ai aussi parlé du cheval de Troie, et cependant que l´invasion des révoltés – si on peut les appeler ainsi – se doit, à mon avis, de vaincre une épreuve de taille : celle d´apporter des valeurs, un système de références et de normes plus ambitieux, plus réalisant au sens éthique, moral et réel que celui qu´on leur avait fait subir ! Et c´est là que se trouve la dichotomie de cette prétention : comment diable, en ayant subi le mal, la cruauté et l´injustice comme norme culturelle tolérée, ces pauvres seraient-ils capables de transcender la médiocrité en reproduisant le bien ? En sont-ils capables ou ont-ils été rongés et abrutis par leurs blessures béantes et leurs âmes violentées ? C´est demander aux analphabètes, aux ignorants, aux pauvres en lambeaux et aux empêchés délirants de fermer les yeux, de se fonder sur la meilleure projection de leurs rêves pour abattre ou contraindre le monstre du sacré qui se trouvait devant eux, à adopter un idéal plus humain, plus réalisant pour tous. Terrible effort, car même si ces pauvres réussissent à structurer et défendre valablement leurs droits, il y aurait toujours à vaincre ou convaincre ceux qui, possédant les rênes et les moyens de réalisation, se refusent à accepter l´enrichissement promis de l´élargissement tout en se disant : un tien vaut mieux que deux tu l´auras. (Ne le voit-on pas aujourd´hui dans la crise de surproduction actuelle ; les riches ne financent ou n´encouragent que les projets qui les rendent encore plus puissant et influant !) Et ce principe est loin d´être uniquement le repaire des nantis ; c´est aussi un grand instinct naturel qui sévit aussi rageusement chez tous les arrivistes, les étriqués de vision, que chez les pauvres illusionnés.
En conclusion je dirai que le poids du changement repose, hélas, encore une fois chez les pauvres et l´armée des nouveaux arrivés affamés d´équitable opportunité de réalisation. Et il ne s´agit pas de déposséder vulgairement les riches et s´emparer de leurs biens, mais de réorienter et redéfinir la liberté et la réalisation comme étant des biens existentiels à la fois communs et individuels appartenant à tous. Et cela semble bien ironique ou sarcastique, parce que le moloch qui les opprimait et les étouffait leur avait aussi demandé, et cela des siècles durant, ces sacrifices sanglants, tout en les excluant. Qu´est-ce qui aurait donc changé, se demandera-t-on. Le système, naturellement ; la portée et le contenu du pouvoir dans toutes ses intentions et ses moyens d´exercice. Le mot est tombé : c´est le pouvoir qu´il faut changer et démocratiser, parce que celui-ci influe sur les idéaux et les objectifs et méthodes de structure et de réalisation sociale. Celui qui dit le contraire est un charlatan, un illusionniste borné. Mais comment arriver au pouvoir, si celui-ci est la veillée officielle jalouse d´une caste à laquelle le système et ses engrenages offraient tous les avantages et les privilèges pour asseoir sa prédominance et le défendre ? Celui qui veut répondre adéquatement à cette question a déjà compris pourquoi nous réclamons l´abattement de la francafrique. Parce que c´est le meilleur moyens de changer les choses, du moins, en Afrique. Le prochain pas serait, naturellement, d´exiger de l´occident qu´il reconnaisse nos droits et nos revendications vers un monde, une démocratisation des moyens de réalisation économiques, financières, politiques. Parce ce que c´est le seul vrai moyen de défendre et de respecter réellement toute culture humaine quelle qu´elle soit. Et d´ouvrir les portes à une véritable démocratie humaine, à la vraie liberté ; plutôt que de les clamer à pleine gorge pendant qu´on oeuvrait exactement et sciemment du contraire. Le comble, dans tout cela, c´est que les riches ou les nantis ne perdent pas, mais le pauvre non plus; et cela, c´est ce gain qu´il ne faut pas perdre de vue. Car envers et contre tout, il ne s´agit pas de revenchardise, mais de vraie liberté partagée et assumée pleinement. Equitablement et sans exclusion ni systématique, ni à priori. En sommes-nous capables ?
Musengeshi Katata.
Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu