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26 mars 2007

En RDC : l´élimination politique de Bemba ?

Le pouvoir actuel en exercice essaierait-il de cacher ses déboires et ses difficultés à se mettre au travail en faisant la chasse aux sorcières par l´élimination des opposants ou adversaires politiques avertis ?

Le vrai visage du faux

Tout ce qui se passe actuellement au Congo de la RDC, pour peu choquant et surprenant que ce soit, ne nous étonne pas. Tout ce qui va suivre, ce qui se passera désormais au Congo-Kinshasa est le salaire autant de la fausseté que celui de l´incompétence la plus banale en politique. Et on peut déjà se demander : à quoi a servi les élections si le pouvoir qui en est sorti se comporte déjà en dictat de violences et d´éliminations politiques ? Quand diable s´attaquera-t-il à la tâche impérieuse de relève et de promotion économique ?

Si c´est tout ce qu´elle a à son agenda, ce pouvoir est de la plus belle mystification que Louis Michel soit arrivé à instaurer au centre de l´Afrique. Et n´ayant de légitimation réelle que ses promesses et ses affinités à la Belgique et à l´Union Européenne et leurs étroits intérêts, il lui manque non seulement d´assurance, mais aussi de plan réel de redressement d´un pays dévoré depuis 10 ans par des guerres civiles qui ont commis près de 4 millions de victimes. Au demeurant, si les élections avaient été légitimement gagnées, pourquoi le gouvernement qui en est issu ne se met-il pas au travail et prouve qu´il est réellement le vœu légitime du peuple ? Oui, pourquoi se met-il d´abord à éliminer, à intimider, à créer des troubles et des conflits meurtriers pour institutionnaliser sa légitimation ? Tout cela ne prouve-t-il pas que ce pouvoir est bancal, sinon sans le moindre intention d´efficience ? S´agissait-il de massacrer et de martyriser à nouveau, ou s´agissait-il de prouver qu´on était capable d´organiser et de générer au mieux la prospérité du pays ?

D´abord Tshisekedi puis Bemba, à quoi donc menait ce jeu, sinon à faire taire le rôle de contrôle de l´opposition dans la société ? Mais, s´en étonne-t-on d´un président aux origines douteuses, ayant été élevé dans le maquis de Tanzanie, où les notions de Patrie, de politique ou d´économie étaient des plus buissonneuses ? Moi tout cela ne m´a pas surpris, et je prédis à ce pays un marasme continu tant que ses élites croiraient tous ce qu´on veut leur faire avaler. Les élections organisées et chapeautées par Louis Michel n´avaient qu´un but : mettre le Congo sous la poigne de la Belgique et de l´Union Européenne avec une fausseté d´intention sans pareille, parce qu´elle était à la fois sournoise et abrutissante. Un vrai festival du faux pour cacher l´angoisse que provoquait la menace concurrentielle que la montée industrielle chinoise et indienne leur insufflait. Et dans toute l´Afrique noire des matières premières, c´était le branle bas des dictateurs secourus et des élections orientées pour garder le pouvoir et  la mainmise sur les richesses de ces pays.

Et le Congo est un pays stratégique riche en matières premières. Mais ce qu´on oublie souvent, c´est qu´il a aussi un peuple qui en avait assez de vivre depuis 600 ans sous la coupe inhumaine occidentale. Et même si on faussait ses élections, qu´on corrompait son pouvoir et ses élites ; on ne reculait que malheureusement des échéances de libération irréversibles. L´histoire même de ce peuple est instructive et particulière car son meilleur leader, Patrice Lumumba disait bien : « Entre la liberté et l´esclavage, il n´y a pas de compromis ». Et croire que le congolais ne savait ni réfléchir, ni raisonner…c´est se réveiller un jour avec une révolte qui coûterait bien plus que si on avait pris la peine de ne pas prendre tous les africains pour des idiots. Ils ont déjà compris que l´entrée de la Chine sur la scène stratégique mondiale était une chance de remettre bien de choses en question. Notamment en se donnant un nouveau partenaire de développement. Et c´est justement cela qui dérangeait l´occident et le poussait, tout en arguant liberté et démocratie à domicile, de garder cependant la corde au cou des africains. Mais les africains dont les femmes et les enfants mourraient de faim, devraient-ils les abandonner à eux-mêmes, ne pas faire cas de leurs cris perçants ?

Pour l´occident, la francafrique instaurée en 1960 pour déjouer les africains, et dont la fonction avait été de vider l´indépendance et les velléités de liberté et de souveraineté de ceux-ci prenait lentement des fissures ; et il était trop tard pour jouer le bon samaritain, car les chinois arrivaient en force cependant que les coûts de la vie en occident, le prix des matières premières, le chômage y augmentaient. Investir en Afrique ? Cela gèlerait des capitaux qui avaient meilleur rendement en Asie. Alors ? Il ne restait plus que le mensonge et le compte goutte plus dévoyant qu´effectif. En vérité, c´est déjà longtemps que tout le monde sait que l´Afrique est condamnée et livrée à elle-même. Pillée, et vilipendée à loisir selon les intérêts immédiats centralisés autour d´une définition complice de la liberté laquelle n´était valable que pour les occidentaux dominants. Et aujourd´hui, sans changer la logique et les privilèges institutionnalisés de cette systématique, à quels résultats tendaient-on donc, sinon à la honteuse et immorale mystification qui appauvrissait les africains et contraignait leurs techniciens et leurs universitaires á quitter leurs pays faute d´emploi ?

L´exemple d´un Robert Mugabe saisi de ses avoirs financiers et laissé pour compte se débattre avec un embargo qui mettait l´économie de son pays sur genoux était significative du mépris et de la dureté avec laquelle l´occident défendait ses intérêts. Et c´était bien dommage que ce leader zimbabwéen et son entourage immédiat n´aient pas compris qu´avec les principes et les préceptes classiques dominés par le maître, ils ne s´en sortiraient pas. Et qu´il fallait faire un effort imaginaire et créatif exceptionnel pour s´en sortir. L´exemple de Cuba n´avait-il pas fait école ?

La liberté, il ne faut pas seulement la vouloir, la réclamer ; il faut aussi doter son combat de l´imaginaire et de la créativité la plus avertie. L´aimer, certes, passionnément ; mais aussi nourrir son brûlant appel de résultats concrets et d´une assiduité sans fin. Sinon, eh bien sinon on retombait dans l´échec et le désarroi du manque. Et quel que soit alors notre désir de liberté, notre foi et notre attachement à sa fierté, elle s´étiole bien vite et se mue en passivité ou même en mépris évident de celui qui n´a su ni être à la hauteur des charmes supérieurs de ses exigences.

La bataille de souveraineté et de liberté en Afrique a pris, et ce depuis le début de ce siècle, un tournant fatidique. Les congolais, comme bien d´autres confrères africains sauront-ils valablement y gagner leur pain ? Cette question est poignante, parce qu´elle met en exergue le combat légitime d´un continent qui a subi depuis des siècles une soumission et un traitement des plus douloureux pour son identité autant que pour son avenir. Et malgré cela, ces enfants courageux ne cessent de monter au front. L´ennemi, cependant, n´est pas toujours externe ; il est aussi interne. Et pour vaincre, pour sortir du tunnel assombri de la pauvreté et de la misère, il faudrait se battre à tous les fronts ; s´émanciper de ses propres erreurs et insuffisances, et se mettre à la hauteur imaginaire et créative de ses adversaires le plus rapidement que possible.

Musengeshi Katata

Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu

munkodinkonko@aol.com

          

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