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18 novembre 2007

Le lourd poids dialectique qui pèse sur l´Afrique

Le monde africain comprend-t-il qu´autant ses attentes que celles des "autres" pèsent sur lui; saura-t-il être à la hauteur ou croulera-t-il sous une charge écrasante de responsabilités ?

Le monde attend-t-il de l´Afrique qu´elle se taise, qu´elle se laisse faire aux conditions (aussi opportunistes, abusives ou criminelles qu´elles soient) qu´il a pris l´habitude de lui dicter ? Ou l´existence culturelle légitime des cultures et nations africaines ne requéraient-elles légitimement de ce continent que ses élites organisent, modernisent, défendent ses droits ponctuellement et sans tergiverser afin, dans le concert des nations et des peuples du monde, de rendre justice aux attentes et aux ambitions de ses enfants ? Ou ce monde attend-t-il des africains qu´ils se surpassent, malgré tout ?

CE LOURD POIDS D´ATTENTE QUI PÈSE SUR CELUI QUI FERME LA MARCHE

Ne nous trompons pas, l´Afrique ferme la marche de l´histoire contemporaine même si elle en avait été le berceau originel. Beaucoup verront dans cette affirmation un jugement qui pourrait être positif ou négatif selon les cas ; dès lors que ce n´est qu´un point de vue objectif qui n´est ni un jugement, ni une condamnation de notre part. C´est une réalité. Ce constat, pour nous, n´a qu´un but : celui de mettre en évidence les devoirs et le poids historique d´obligations qui pèse sur ce continent. Pourquoi, à quel but ? Mais tout simplement celui de cerner - et cela par rapport à un équilibre d´échange et de réalisation universelle - la pesante démarche qui incombe aux africains qui sont soumis et non moins étirés (qu´ils le veuillent ou non) entre leurs intérêts grandissants et ceux des étrangers gourmands et intempestifs.

Je sais, lorsqu´on parle des rapports entre l´Afrique et le monde, ou même de l´Afrique face à elle-même; on est curieusement confronté (ou affronté) d´une part par ceux qui refusent à l´Afrique une quelconque personnalité sociohistorique (sinon, d´où vint l´esclavage, la colonisation et la francafrique ?), ainsi que ceux des africains qui, affichant leur incapacité intellectuelle se refusaient, par aliénation aveugle et bornée, à se départir du bas rôle subalterne que l´occident leur avait inculqué. Cependant que l´Afrique a tout de même le devoir (surtout envers elle-même) de se réaliser ; car ceux de l´esclavage, de la colonisation de jadis, ceux de la francafrique actuelle ne lui imposaient que par trop des conditions par lesquelles les africains resteraient le trépied qui leur permettaient de perpétuer leur domination sur les africains tout en s´enrichissant royalement à leurs dépends.

Ces conditions de fausses "bonnes intentions", comme on le sait, ne répondent en rien ou pas du tout aux attentes légitimes des africains. Alors, faut-il continuer à tromper son monde, à rester sage et muet pendant que les femmes, les enfants africains, ainsi que leurs cultures et sociétés n´y trouvaient leur compte qu´en immigrant ou en se soumettant aux normes et aux conditions occidentales hégémoniques, intéressées…et dangereusement appauvrissantes ?

Nous sommes la première race de l´histoire humaine qui discute ouvertement et largement de son existentialité menacée ; pourquoi en est-il ainsi ? Serions-nous au bord du désespoir ; n´aurions-nous pas les moyens de pouvoir nous permettant d´imposer dans nos propres sociétés la conscience organisée et active de notre devenir ? Après tout, la colonisation est virtuellement terminée, et ceux qui gouvernaient ou dirigeaient en Afrique aujourd´hui étaient...des africains ! Ne faudrait-il pas se demander si ces nouveaux gouvernants de l´Afrique appréhendaient justement le contenu et la portée réelle de leurs devoirs ?

Beaucoup de questions, certes, mais la vérité est que le poids psychologique autant politique qu´économique et culturel exercé sur les africains par les forces extérieures est énorme et croît d´année en année depuis que la concurrence sur les marchés de biens industriels devient âpre. Par ailleurs, le retard industriel qui est le nôtre actuellement et qui renferme aussi un retard sociologique de la connaissance, un manque d´application technique du savoir…tout cela nuit à l´énergie et les moyens de défense avec lesquels non seulement nous pourrions nous développer, mais aussi nous défendre efficacement ou adroitement face à ce que j´appelle les « effets néfastes » intérieurs et extérieurs.

La loi du plus fort, ou si on veut les préceptes des premiers arrivés posent toujours pour tous ceux qui viennent après une sorte de référence, de règles, de découvertes et d´usages que les derniers doivent prendre en considération. Et la citation d´Auguste Comte : « L'humanité se compose de plus de morts que de vivants. » le confirme bien car le premier arrivé veille, comme tout être de bon sens, à défendre ses avantages et ses intérêts. Tout cela ne ferait de mal à personne, si trop souvent ces intérêts ne s´avéraient pas nier les droits légitimes et la libre existence des autres. A partir de ce moment là, ces abus doivent être rejetés et combattus. C´est dans la nature éthique et morale de la culture humaine universelle qui exige que ce qui cause préjudice aux autres ou ne tient pas compte de leurs droits fondamentaux est du non droit, et à ce titre, humainement illicite. 

Mais comme tout le monde le sait, être en droit ne veut pas dire recevoir ou asseoir son droit. Le propre des intérêts économiques, financiers actuels « des effets négatifs » de notre monde, c´est de s´habiller en peau de mouton prétextant l´aide, la coopération ou le but humanitaire pour exercer des ministères intentionnels primitifs ou bas (l´exemple récent des 103 enfants du Tchad est hautement exhaustif).

D´autre part, ce qui souvent apparaît comme l´innocent commerce peut, en réalité et dans un exercice intentionné, piller des peuples entiers en leur volant leurs épargnes et leurs accumulations. Certes on ne peut pas empêcher le commerce inoffensif et partagé ; mais lorsque les marchés sont ouverts à coups de canons, de transferts d´influences, de corruptions pour ruiner les obligés; le commerce cesse d´être un sain instrument d´émancipation et de promotion au rapprochement universel. Il devient une arme d´abus et d´oppression.

C´est pourquoi ne pas produire soi-même, livrer ses matières premières sans équivalent existentiel social de valeur constant et irréfutable dans le temps, ou encore se laisser dévorer les accumulations sociales, ce qui retardait ou ajournait définitivement le financement du développement économique et social  local ; se prêter à ce sordide jeu aux allures quelques anodines qu´elles soient, c´est bien se suicider à petit feu en vouant ses peuples et ses sociétés à la pauvreté et à la misère imméritées.

L´ignorance tue et tue cruellementignorance tue et tue cruellement. es qu irrnt universel.e ique de la connaissance, un manque d. Et dans une société, ce n´est pas seulement le niveau intellectuel ou créatif individuel qui compte, mais bien le niveau intellectuel et créatif social : celui qui censure le degré de bien-être et d´exercice social d´une nation. En Afrique, et c´est un manquement qu´il y a lieu de réparer énergiquement, l´ignorance et l´analphabétisme l´emporte sur 60 à 70 % de la population ! Les traditions désuètes ou fausses avaient encore longue main sur les individus, ce qui enclavait grandement leur accès à la rationalité,  au respect et l´usage de la connaissance auxquels ces sociétés ne se sentaient, dans leur aveuglement, ni obligés, ni étroitement liés.

Mais curieusement, ces analphabètes communs voulaient profiter des nombreuses facilités qu´offre le progrès : voler en avion, rouler en voiture, voir la télévision ! Il est vrai que la colonisation, dans ses intentions occultes de domination, leur avait largement dépossédé du devoir d´être sujet actif responsable et créatif de l´histoire. Sorti du sommeil colonial, et par réflexe de fierté plutôt que par prise réelle de conscience, ces sociétés jouaient à l´imitation grotesque et au suivisme pour ressembler à leurs maîtres ; ce qui, dans l´urbanisme, la santé, l´instruction, la production, la formation professionnelle, se soldaient par des résultats surfaits, bancals, tronqués, toujours à la traîne et pas capables de satisfaire aux normes internationales contemporaines usuelles.

Le complexe d´infériorité ou d´incapacité s´installait, que dis-je, s´encroûtait, plutôt que d´être résolu. Sans s´approprier, s´investir des profonds devoirs que requiert sa propre projection existentielle, on a mal à en jouir des droits et des bienfaits. L´importation pour tromper les apparences ? Elle n´emmène que la ruine et la pauvreté, rien d´autre. Pour briser ce cercle vicieux, il n´y a hélas qu´une voie : celle qui restaure l´individu et la société de leurs rôles conjoints respectifs de maître et propriétaire attentionnés de leur propre finalité.

Si l´Afrique ne peut pas changer le monde, elle doit cependant veiller à ce que ce monde ne la confine volontairement dans une étroite peau de chagrin. Il en va non seulement de sa culture, de la réalisation sensible de ses enfants, mais aussi de son avenir. Car la pression étrangère faite sur elle devient, avec tout nouvel arrivant au piédestal de l´industrialisation, bien pesante. Et ces nations consomment les matières premières à gorges déployées et insatiables, autant qu´ils polluent l´air et l´atmosphère, envahissent le monde de leurs bibelots et produits finis. Tout cela en veillant jalousement que les africains ne vendent leur travail sur leurs marchés. Cela restreint ou détériore les conditions de réalisation des faibles et des pauvres. Aucun pays du monde ne peut survivre en vendant des arachides, le coton ou des choux cultivés à la main ! Celui qui le croit est un fou dangereux pour son propre avenir.

Conclusion : il est grand temps que les africains cessent de se faire des illusions, de tourner en rond, de lancer des appels ou des cris qui, sans changement profond de motivation et de perception face à leur propre engagement sociohistorique et culturel, ne sont rien d´autres que de faux prétextes à tolérer le marasme actuel. Tout prend son temps, pour parvenir à de sérieux résultats ; mais ne pas partir à temps ou négliger le principal, c´est se voler soi-même la réussite. Etre le dernier n´est un défaut que si on ne sait pas profiter et utiliser l´expérience de ceux qui nous ont précédé. Et sans se jeter à la fenêtre, la culture africaine est riche en enseignements et expériences ; les rationaliser et les mettre au service de ses propres enfants, cela ne peut que leur renchérir le courage et la volonté d´aller, non sans élégance et doigté (il faut l´espérer), à la réalisation de leurs propres rêves.

Aucune race humaine n´a pleuré autant que nous l´histoire durant ; aucune race n´a été à ce point déportée, méprisée, maltraitée, vilipendée, foncièrement préjudiciée tour à tour par les arabes musulmans autant que par les chrétiens occidentaux. Le noir, dans le monde entier, est encore aujourd´hui synonyme du mal, du diable, du deuil, de l´inconnu inculte sombre et menaçant. Nous sommes pourtant nés au continent du soleil éternel et notre âme est pure et belle comme toute âme humaine. Notons cependant que ni Dieu, ni quiconque n´est venu à notre secours pendant que les forces du mal s´abattaient sur nous d´interminables siècles durant. Faudrait-il que nous écumions, comme ces islamistes fondamentalistes illuminés, le monde entier d´un terrorisme gratuit et sanglant pour faire comprendre à nos fossoyeurs que nous aussi nous avons droit à la liberté et à la réalisation sociale, économique, culturelle ?

Oui Il est temps, à mon avis, de dire au monde, à tous ceux qui nous ont toujours considérés comme leurs paillassons favori, leurs vivants objets favoris de chosification, que nous ne sommes plus prêts à l´accepter. Mais cela veut aussi dire que nous nous engagions à produire les conditions et les moyens nous permettant autant de nous réaliser à notre guise qu´à défendre l´existence et l´avenir des nôtres. Le sommes-nous réellement ou cherchons-nous encore des prétextes pour ne pas entreprendre cette tâche ? Après tout, il en va de notre liberté ; et surtout du respect et de la fierté que nous avons de nous-mêmes !

Musengeshi Katata

Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu

Forum Réalisance.   

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