Haïti: une femme pour réveiller une phallocratie du pouvoir abâtardie et incapable
Madame Michèle Pierre-Louis vient d´être élue comme premier ministre d´un pays qui, en 204 années d´indépendance n´avait pas encore saisi les impératifs évidents gouvernants le monde dans lequel l´occident menait la danse. Peut-être est-ce une bonne augure qu´une Diva de la politique sociale profonde vienne relever une aristocratie haïtienne phallocratique séculaire dont les résultats, pour un aussi vieux pays indépendant, sont absolument catastrophiques sur toute la ligne.
La solennelle relève d´une femme avertie et ferme
Quand sonne le glas de la relève, rien ne peut plus arrêter le changement qui, pour Haïti, espérons-le vivement, sera plus élégant et plus efficace que ne l´a été, depuis que ce pays avait payé en 1947 la dernière traite de sa dette scandaleuse de 1825 envers la France, la conduite de ses affaires par des élites douteuses et incapables.
Car aussitôt la dette épurée, les tristes élites qui se sont succédés à la tête du pouvoir haïtien s´empressèrent de s´endetter de nouveau, avec les conséquences d´un appauvrissement chronique qu´on peut observer aujourd´hui. Selon la PAPDA, dans l´article : Haïti et la crise de la dette externe envers la France du 13 avril 2006, « La dette externe d’Haïti représente aujourd’hui un montant dépassant le milliard de dollars. L’encours total de la dette est estimée par la Banque centrale (revue de Janvier 2000) à 1.234,0 milliards de dollars américains. Elle a connu une croissance exponentielle depuis la décennie des années 1980. Plus récemment, elle est passée de 810 millions de dollars en 1991 à plus du milliard actuellement. Le service de la dette est passe de 3,4 millions de dollars US mensuellement en juillet 99 à 4 millions en août 1999. Notons qu’en juin 99 l’Etat haïtien a déboursé 4,95 millions de dollars pour ce poste budgétaire. Ce qui sous-tend une augmentation du service de la dette pour Haïti.
La dette d’Haïti en faveur de la France était estimée en Juin 1999 à 47.1 millions de dollars US soit plus de 5% du montant total de la dette bilatérale d’Haïti. Il va sans dire que la France constitue l’un des plus grands créanciers d’Haïti et cette situation a eu sans nul doute comme point de départ la Dette de l’indépendance. »
Ce qui veut dire que si on veut changer les choses, il faut changer non seulement la mentalité ; il faut aussi faire comprendre aux gens que l´endettement est un piège pour quiconque croit ainsi masquer ses déboires et son incapacité. Cet exemple d´Haïti est un classique dans la chronique de l´endettement servant à asservir et ne conduisant qu´à un cercle vicieux aggravant la situation d´année en année. Bien sûr au profit des pays occidentaux prêteurs.
On se demande quand la race noire, parce que ce coup a été répété partout en Afrique avec un succès sans précédent pour les occidentaux qui purent ainsi littéralement enchaîner les noirs à leurs loisirs et à leurs bons vouloirs de domination.
Aujourd´hui on entend de partout les africains et les afrodescendants s´égorger dans des "annulez la dette, annulez la dette ; nous n´en pouvons plus !" Et cependant, dès que les occidentaux y consentent, les voilà parti s´endetter de nouveau. C´est à se demander : cette naïveté suicidaire et scandaleuse que les noirs mettaient à jour envers leurs propres avenirs et la vie de tant et tant de générations de ces enfants privés du nécessaire pour payer des dettes que ni eux, ni leurs parents n´ont eu le loisir d´en jouir des fruits soulageants ! Il faudrait peut-être guérir d´abord cet infantilisme politique, ce manque de vision économique et social qui poussait à la répétition d´erreurs et bourdes aussi évidentes que dépassées. Sinon, demains, les mêmes chants faussement désespérés reprendraient...après demain aussi.
Et je dois personnellement dire, lorsque j´ai vu les haïtiens fabriquer des cakes avec…de la terre fraîche pour les vendre et les consommer en guise d´unique aliment ; si vous saviez ce que mon cœur a ressenti… ! Eh oui, quand les élites noires n´arrivaient pas à saisir les évidences qui influent et déterminent notre existence depuis 600 ans, leurs peuples n´avaient que la misère et le bas du pavé pour se réjouir de l´existence.
Aussi, c´est avec soulagement et beaucoup d´espoir que je salue la nomination de madame Michèle Pierre-Louis au poste de timonier politique de ce pays. Et je me permettrais de dire, si elle pouvait m´entendre ou me lire : " chère madame, ne craignez pas ces salauds abâtardis, corrompus et incapables qui nous pillaient et nous assassinaient nos enfants tous les jours en leur privant de liberté et d´avenir ; marchez et soyez sans quelque regard que soit envers ces salauds. Mais pitié, rendez la fierté et le sens du travail et de l´honneur aux vôtres. Si les hommes ne l´ont jamais compris, vous qui êtes mère et femme, vous devez bien le comprendre ! "
Une chose est évidente : celui qui ne produit pas, celui qui ne se donne pas les moyens et les instruments lui permettant de bâtir et d´assurer son avenir et celui des siens…celui-là, même en s endettant n´arrivera pas à sortir de sa précarité. Bien au contraire, celle-ci s´alourdira parce que les autres – les puissants et les riches – les repousseront dans la misère la plus rance. Pour que la race noire sorte aujourd´hui de ses déboires et de sa faiblesse, elle doit prendre son cœur entre ses deux mains et se donner ce cri de liberté et de fierté qui bâtit, construit et défend les valeurs que nous pouvons avec joie demain léguer à nos enfants.
Musengeshi Katata
"Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu"
Forum Réalisance
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