L´Occident face à la plus grande crise culturelle de son histoire
Ce n´est pas seulement une crise économique, financière ou une crise tout
court comme une autre ; cette crise qui aura bientôt largement ouvert ses
portes et son catalogue d´horreur et de privations, c´est la crise la plus
meurtrière que l´occident ait jamais connue parce qu´elle se qualifie aussi par
une crise d´orientation de valeurs éthiques, morales, culturelles et
industrielles. Et de son issue dépendra beaucoup du doigté politique et de
l´intelligence d´un seul homme : le récent président élu des Etats-Unis
Barack Obama. De lui dépendra beaucoup de combien de temps durera la crise, et surtout, dans quel état structurel en sortira l´économie la plus puissante du monde.
Le lourd destin d´un tribun noir nommé Barack Obama
« Aux
âmes bien nées, la valeur n´attend point le nombre des années »
La faiblesse morale, éthique ou la désorientation économique actuelle de l´occident n´est pas seulement
due à la crise économique, mais bien aussi au fait que cet occident, sans le leadership économique américain, est bien bien faible face aux japonais, aux chinois, aux indiens et même face aux russes. Tout en
ayant trempé dans tous les abus et les crimes envers les droits et les libertés
humaines pour s´enrichir et établir son hégémonie économique, financière et
politique sur le monde entier ; cet occident n´est plus en mesure
aujourd´hui ni de garantir son avenir pour lui-même, ni de répondre aux
exigences des hautes valeurs (pensez ici à la révolution française de 1789, au
fameux humanisme humboldien, à la francafrique ou au « Rêve
américain » des années ´50 ´60, ´70, ´80 et bien avant cela durant de
sombres et interminables décennies où tous, tout en se réclamant d´un haut
idéal humain, s´abaissèrent cependant à entretenir, cimenter ou légitimer des
inégalités sociales, raciales, économiques au sein de leurs principes sociaux
et culturels de réalisation existentielle) dont se réclamaient, malgré toutes
ces iniquités et injustices flagrantes, les idéaux réfléchis de leur propre civilisation.
Il s´ensuit un désagrément général dans le monde entier : les uns se
sentant trompés, les autres abusés, d´autres simplement menés en bateau ou
simplement escroqués vilement dans leurs espoirs. Mais peut-on vraiment
reprocher à l´occident son opportunisme et ses mensonges sous lesquels, comme
on le voit aujourd´hui avec l´écroulement du néolibéralisme, cette culture ne
cacha que trop savamment des intérêts égoïstes et orientés de ses habitants et de son hégémonie ?
Bien sûr que oui. Il ne s´agit pas dans l´existence humaine – et surtout si
on se proclame ou on s´impose comme valeur modèle ou norme culturelle
internationale de l´organisation, du jugement et même de règles du Droit des
Gens, de tromper ou d´escroquer des gens tout en prétendant leur faire
l´humanisme ou défendre leurs droits. On colonisa, on traça des frontières
abusivement souvent en séparant des peuples entiers de leur homogénéité
culturelle comme au Cameroun, en Guinée, au Moyen Orient…entre Hongkong et la
Chine ; et à d´autres peuples comme celui des palestiniens, on refusa avec
un douloureux étirement le droit et la reconnaissance étatique ouvrant sur le
respect de leurs droits et leurs libertés. Tout cela, le monde entier et les
victimes l´ont plus ou moins supporté parce qu´on leur avait fait croire que
tous leurs conflits allaient être réglés prochainement. Or, aujourd´hui tout le
monde se rend compte que l´occident ne jouait volontairement, et non moins
sciemment, il faut bien le dire, que sa carte géopolitique d´influence et ses
intérêts économiques en premier. Alors, quoi ; et ces grands propos de
liberté et de droits humains, étaient-ils vrais ou faux ?
Apparemment, et selon toute vraisemblance, faux, bien entendu s´ils
convoyaient autre chose que les intérêts dominants occidentaux.
Objectivité ? Valeurs humaines de contenu et de portée universelles ?
Respect des droits et libertés humaines
valables pour tous ? Tout cela ne fut-il qu´une illusion ? Pas du
tout, on en avait simplement déplacé les paramètres d´appréciation : tant
que ces attentes ou exigences humaines légitimes touchaient ou enrichissaient
d´une façon ou d´une autre le monde occidental et ou son influence, elles
étaient tout à fait valables et furent défendues et entretenues avec des
méthodes autant sournoises qu´ouvertement abusives. L´instrument arbitre de
l´ONU fut à ce point orienté dans son organisation et son pouvoir réel exercé
par le Conseil de sécurité (où ne siège que des puissances reconnues et
naturellement attachées à leurs intérêts immédiats) qu´il ne fut qu´une
projection de forces alliées ou concurrentes se servant des autres pays pour
arriver à jouer leurs jeux d´influence et d´intérêts. Certes, on laissa une
Assemblée Générale jouer à la couleur et à l´exotisme populaire d´un idéal
planétaire démocratique donnant à tous le droit de cultiver leurs rêves et
leurs idéaux ; mais cette assemblée restait un lieu de discours sans le
moindre pouvoir ou autorité sur les décisions exécutives réelles de l´ONU.
Devant toutes ces inconvenances, face à la crise économique de saturation
et surtout face á la crise financière occasionnée par l´administration Bush
pour faire main basse sur les finances mondiale à vil prix et sortir ainsi
riche comme Crésus face à toutes les autres nations concurrentes du monde
contre lesquelles l´Amérique perdait sensiblement du pied, le monde occidental
est bien en crise de valeurs et d´orientation. Avec la montée fulgurante de la
Chine, de l´Inde, du Brésil…etc vers leur industrialisation, les recettes
économiques et commerciales qui permirent á l´occident d´entretenir son éclat
et son hégémonie s´amoindrissaient rapidement à vue d´œil. Et le 9/11 fit
déborder un vase de suffisance et de fierté qui atteignit l´Amérique au cœur
sanglant de son orgueil. La réponse, on le sait, ne sera que militaire ;
et encore, elle prolongera le malaise américain en attaquant et en occupant
illégalement l´Irak qui n´eut absolument rien à voir avec les talibans ou Al
Qaida qui furent les véritables responsables de cet odieux et scandaleux
attentat terroriste envers les Etats-Unis. Et même si aujourd´hui on comprenait
et encourageait la démarche militaire américaine en Afghanistan ; c´est
d´autant mieux qu´envers l´invasion irakienne, un amer goût d´opportunisme
pétrolier et d´abus de droit nous révoltait tous. Surtout qu´on prit, sous une
inoubliable intervention mensongère et intrigante de Colin Powell au conseil de
sécurité de l´ONU, et malgré les réserves légitimes de toute la communauté
internationale, à envahir militairement un pays indépendant et souverain sous
de fallacieuses preuves d´armes nucléaires s´apprêtant à être larguées sur les
Etats-Unis. Ce mensonge marque un trou béant autant dans la crédibilité
politique américaine que dans sa prétention de leader occidental et mondial
défendant au mieux les droits et les libertés du Droit des gens.
Le reste : la chasse aux sorcières du terrorisme islamique avec des
méthodes dévoilant plus l´état d´âme revanchard de l´Etat américain que celui
d´un leader mondial conscient et respectueux de valeurs démocratiques dont il
se réclamait et qui étaient son fondement constitutionnel nous valut un curieux
bris outrageant du droit allant de vols irréguliers et secrets sur les
aéroports d´alliés européens confondus ou brusqués traînant de prisonniers non
moins irrégulièrement et illégalement enlevés. Puis naquit, dans cette
apothéose du non droit Guantanamo, Abu Grhaib tous témoins institués et lieux
d´usage de la torture illégale comme moyen d´investigation. Tout cela, ajouté
au pillage des objets d´art, aux précieux témoignages historiques de l´histoire irakienne ou même des avoirs
irakien au portefeuille de sa banque nationale, mit une mauvaise lueur sur les
qualités morales et éthiques d´un George Bush en tant que chef d´armée autant
qu´en tant que chef d´état élu par un peuple américain qui, malgré tout, attendait
de son plus grand représentant qu´il respecta, surtout dans les moments
difficiles, ses valeurs les plus chères.
Tout ce malaise, à mon sens, a conduit à l´élection d´Obama lequel a fait
montre, durant toute sa campagne, d´un sens exceptionnel de la saisie de la
crise dans laquelle se trouvait son pays et tout l´occident. Son discours
politique, sa philosophie du pouvoir, des contenus et portés de valeurs
sociales a conquis non seulement les américains, mais le monde entier par sa
richesse éthique et morale. On se demande bien pourquoi ? La réponse est
tout aussi simple que logique, surtout qu´il est issu de la minorité noire qui,
théoriquement, n´avait qu´une chance statistique de l´emporter. Ce fut pourtant
le cas. A l´unanimité du monde entier. Un phénomène nouveau quand on sait que
la cote d´amitié ou d´admiration dans le monde, grâce à George Bush, était au
plus bas. La vérité est simple : le peuple américain et le monde entier se
souhaitait vivement ce genre d´hommes à la tête de ses plus hautes fonctions.
Un homme qui, par son discours, son intelligence, sa vision du monde, sa foi en
des valeurs propres et ambitieuses, réincarnerait non seulement le changement
et l´espoir nouveau que l´ère de Georges Bush avait, par ses gaffes et ses
manquements, rendu si douloureusement urgent pour restaurer des valeurs
économiques et culturelles mises profondément à mal.
Une chose est de vouloir, autre chose est de pouvoir, dit-on. L´homme est
là et son élection a été emplie d´attentes lourdes d´espoir de fierté politique
retrouvée, mais aussi, face à la violente crise économique qui s´abattait
lentement aux Etats-Unis, de confiance en sa doigté à la résoudre au mieux. Du
moins, sous son égide, de mieux supporter ces moments difficiles de récession
accompagné de chômage, de banqueroutes indésirables et d´incroyable écroulement
de valeurs boursières américaines. Le monde entier attendait, suspendu, au
rapide succès de reprise de l économie et de l´industrie américaine parce que
celle-ci était la plus grande économie du monde et son véritable moteur de
marche. Quand l´économie américaine était prospère, le monde entier en
profitait ; lorsque cette économie était grippée ou stagnait, les autres
économies du monde avait bien du mal à s´en sortir. Aucune économie actuellement
au monde n´avait de loin ni la capacité, ni le rendement ou la diversification
de l´économie américaine. Cette économie était, malade ou pas, actuellement
sans concurrence aucune.
Mais Obama saura-t-il, tout en rendant à l´économie américaine son éclat
terni par la crise économique et financière : restructurer ce complexe
instrument de productions de biens et de services pendant cette crise, le doter
de nouveaux produits, d´une meilleure orientation plus productive, moins
alourdie de dettes et plus adaptée aux nouvelles conditions de la concurrence
internationale ? Arrivera-t-il, cet homme, à tenir ses promesses de mettre
fin aux guerres, de régler ou pacifier le problème palestinien ?
Arrivera-t-il à redorer le blason américain dans le monde et restaurer les
valeurs corrompues si gratuitement par l´administration Bush ? Un travail de titan
l´attend, et ce n´est malgré tout qu´un être humain ! Et cependant, il a
de son côté le monde entier et c´est beaucoup ; surtout parce que, dans la
vallée des larmes, des privations et des efforts dans laquelle le monde entier va être entrainé, du japon
à l´Afrique en passant pas la Chine, l´Europe pour revenir aux Etats-Unis, il
demandera à tout le monde de faire preuve d´effort et d´assiduité. Et même si
ce qui nous attend exigera, pour en sortir, des efforts douloureux, de savoir
que quelqu´un de sincère et de fiable comme il l´a promis de l´être nous accompagne ; cela rend confiant
et réveille des énergies nouvelles. Car ne nous y trompons pas : cette
crise a quelque chose d´incroyable en soi. Et bien de gens qui la sous estiment aujourd´hui vont demain la craindre et la haïr au plus haut point.
Tant ses indésirables et non moins poignantes conséquences seront pleines de pénibles privations et même d´injustice sociale momentannée.
Qu´à cela ne tienne, en Afrique, et surtout au Kénia de son père, Obama avait
déjà gagné le rare droit de porter le titre d´Osungu Odimba : le grand
seigneur noir.
Musengeshi Katata
« Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu »
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