Lansana Conté de Guinée : un héritage sans gloire et sans honneur
Comme beaucoup de dictateurs putchistes militaires
africains, Lansana Conté est mort au pouvoir laissant son pays autant dans la
pauvreté la plus dure que dans un désarroi politique, intellectuel et culturel
complet. Ce n´est pas nouveau en Afrique. Seulement, lentement les africains
commencent à en avoir assez de ces illuminés sans sens d´organisation économique,
sans le moindre réel talent de ce que la gestion ou l´organisation d´un Etat peut être. Et
surtout ce qu´il faut entreprendre et épanouir pour que l´avenir soit
florissant et rende justice aux exigences humaines contemporaines.
L´Afrique serait-elle la vallée prédestinée des
idiots et des illuminés ?
Rapide chronologie de l´histoire politique guinéenne depuis
l´indépendance.
2 oct 1958 : Ahmed Sékou Touré proclame l'indépendance. Le 28
septembre, la Guinée a voté Non au référendum instituant une « communauté »
franco-africaine, proposée par le général de Gaulle.
27 jan 1961 : Sékou Touré élu à la présidence.
22 nov 1965 : Conakry rompt ses relations diplomatiques avec Paris après la mise
en cause de la France dans un complot contre le régime.
2 oct 1967 : le socialisme est proclamé.
22 nov 1970 : Tentative de déstabilisation, avec le débarquement
d'opposants et de « mercenaires portugais ». Elle entraîne des
purges, des disparitions et l'exil de nombreux Guinéens.
Au cours de son règne sans partage, Sékou Touré a dénoncé une quinzaine de
complots et attentats, créant une « psychose du complot permanent ».
Face aux difficultés économiques et politiques, il a multiplié emprisonnements
et mesures de répression contre l'opposition.
14 juil 1975 : Reprise des relations diplomatiques avec Paris.
20-22 déc 1978 : Visite officielle de Valéry Giscard d'Estaing, la
première d'un chef d'Etat français depuis l'indépendance.
3 avr 1984 : Une semaine après la mort de Sékou Touré, un Comité
militaire prend le pouvoir et porte à sa tête le colonel Lansana Conté, qui
devient chef de l'Etat.
4-5 juil 1985 : Tentative de coup d'Etat de l'ancien Premier ministre
Diarra Traoré.
6 mai 1987 : Une quarantaine de dignitaires du régime de Sékou Touré
sont condamnés à mort.
23 déc 1990 : Nouvelle Constitution. Multipartisme en 1992.
28-29 sept 1993 : Affrontements à Conakry entre forces de l'ordre et
manifestants : 18 morts (officiel), 63 (opposition).
19 déc : Conté est élu lors du premier scrutin présidentiel pluraliste, marqué par
des manifestations hostiles à son déroulement.
2-3 fév 1996 : Une manifestation de soldats pour des revendications
salariales se transforme en mutinerie : 300 morts (non officiel). La
mutinerie, présentée par la suite comme une tentative de coup d'Etat, conduit à
des peines de 20 ans de travaux forcés et une purge au sein de l'armée.
1er sept 2000 : Début d'incursions armées aux frontières avec la Sierra
Leone et le Liberia, qui feront plus de mille morts et provoqueront des
déplacements massifs de populations.
18 mai 2001 : Le chef du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG,
opposition radicale), Alpha Condé, arrêté fin 1998 puis condamné pour atteinte
à la sûreté de l'Etat, est gracié.
11 nov : Le OUI l'emporte au référendum constitutionnel visant à permettre à Conté
de briguer un nouveau mandat. L'opposition a appelé au boycott.
9 nov 2003 : Loi d’amnistie pour « tous les délits à caractère
politique ».
21 déc 2003 : Conté est réélu (95,25%) lors d'un scrutin boycotté par
tous les chefs de l'opposition.
9 déc 2004 : Cellou Dalein Diallo est nommé Premier ministre, poste inoccupé
depuis la démission de François Loucéni Fall en avril.
19 jan 2005 : Le cortège de M. Conté essuie des tirs dans la banlieue
de Conakry. Plusieurs centaines de
civils et de militaires sont arrêtés.
3 juillet 2005 : Alpha Condé regagne le pays après un peu plus de deux
ans en France.
27 fév-4 mars 2006 : Grève générale largement suivie.
29 mai : Remaniement du gouvernement marqué par la suppression du poste de Premier
ministre. Le général Conté avait limogé Cellou Dalein Diallo « pour faute
lourde » en avril, et son poste n'a pas été réattribué.
8-16 juin : Un mouvement de grève paralyse le pays, donne lieu à
des manifestations de lycéens. La répression des manifestations fait entre 11
et 18 morts.
1er nov : M. Conté affirme vouloir terminer son mandat, qui s'achève en 2010. En
mars et août, il s'était rendu en Suisse pour, officiellement, des
« contrôles de santé ».
16 déc : L'ex-président du patronat Mamadou Sylla, incarcéré sous le coup d'une
inculpation de détournement de fonds publics, est libéré.
10 jan 2007 : Début de deux grèves générales. La répression du
mouvement de protestation en janvier-février fait entre 137 morts (officiel) et
186 (ONG).
2-12 mai : Protestations de militaires : au moins huit morts.
21 mai 2008 : Limogeage du Premier ministre Lansana Kouyaté, remplacé
par Ahmed Tidiane Souaré.
Les conclusions
des 25 années de dictature de Lansana Conté
On a vraiment difficile à croire, lorsqu´on voit les chiffres et l´état économique
de la Guinée actuellement, que ce pays avait donné naissance à un des leader de
l´Afrique parmi ceux qui défendirent et réclamèrent sa liberté et son indépendance
avec une velléité enflammée et sans le moindre compromis : Ahmed Sékou
Touré.
Et cette fois-ci encore, l´Afrique a la preuve que ses intellectuels autant
que structures de ses organismes sociaux n´ont pas pu la préserver d´un sort
peu avouable. Certains ont facile, tout en exigeant de rouler en automobile étranger,
à voyager en avion, à se doter d´armes et de structures militarisées étrangères,
de refuser aux leurs l´organisation et l´exercice de la liberté équivalentes à ces
acquis techniques et culturels contemporains. A savoir que la responsabilité, l´organisation
détaillée et motivée ainsi que la production engagée des moyens et instruments
de véritable exercice de la liberté et de l´indépendance devaient suivre.
Or, en étouffant la critique objective et constructive, en muselant l´opposition
et en transformant toute la société en un corps mort et irréfléchi quant à sa
finalité et aux meilleurs moyens de satisfaire aux besoins et à la réalisation possible
des attentes légitimes d´un chacun, tous ces dictateurs illuminés ne
conduisaient leurs pays qu´à la catastrophe intellectuelle, technique,
culturelle, sociale et économique. Et cela se répète si souvent en Afrique qu´on
doit se demander si tous ceux qui se prétendent intellectuels ou d´instruction élevée,
si tous ces gens sont à la hauteur de leurs prétentions. Parce que sinon, il y
a immanquablement fausse notion du pouvoir et de l´intelligence sociale.
Et cet aspect culturel de crise d´orientation sociohistorique doit être
rapidement résolue si on veut changer les choses en Afrique. Car il est non
seulement scandaleux que des innocents, des femmes et des enfants soient privés
de leur avenir et jetés en appât à la misère la plus rance parce qu´une poignée
d´incapables et d´illuminés s´exerçaient sans talent aucun au pouvoir et aux rênes
des productions sociales. Et il est grand temps que des idiots, des petites
portions, les incapables soient reconnus au préalable et écartés de postes influent
de décisions et d´organisation sociale pour éviter que leur médiocrité ou leur
pathologie du pouvoir ne vienne à préjudicier les leurs comme c´est le cas
aujourd´hui.
Et Dieu du ciel, nous sommes au 21ième
siècle, pendant
qu´ils gouvernent et gèrent leurs peuples comme au moyen-âge. Une
honte. Et après
les avoir ruiné et conduit à la dérision politique et sociale, on voit
ces
dictateurs aller quémander et exiger l´aide étrangère avec un culot qui
renversait le monde entier. Absolument stupéfiant. Quand on aspire à la
liberté, on doit aussi payer le prix que cette liberté entraîne; sinon
il est difficile de convaincre n´importe qui de ses légitimes
ambitions. Pour la Guinée, ces 25 ans de gouvernance de Lansana Conté
ont été, comme pour beaucoup de pays africains se prêtant à ce genre
d´illogisme, du temps perdu dont les fruits amers vont, hélas, se
perpétuer cruellement dans l´avenir.
Musengeshi Katata
« Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu »
Forum Réalisance