A propos du détournement démocratique en Afrique

Commentaire sur Tatun info : http://tatun.unblog.fr/2009/08/23/afrique-le-detournement-democratique/#comment-4471

Le fond rationnel et logique du problème

Beau propos, seulement, quand on veut aller au fond d´un problème, il faut y aller vraiment. Ici la part économique de la culture ou de la démocratie doit être prise en compte. Personne ne vit dans un monde ou avec des moyens qu´il n´a, au préalable, pas produit. Logique. Or, avec le transplant actuellement en Afrique, on a ce curieux phénomène. L´occident, avec sa surproduction économique et commerciale y vend ses excédents sans regard de l´appauvrissement que cette attitude provoquait dès lors que les africains ne savaient pas exporter en occident des articles de même densité de travail.

On a donc en Afrique des cultures, des gens qui roulaient en voiture, volaient en avion, sans les avoir produit et même sans avoir cultivé l´esprit technique et culturel qui aurait accompagné ce produit si celui-ci avait été produit sur place. Je parle ici de formation de techniciens d´entretien, d´écoles et de formation et compréhension technique appropriée, de techniques parallèles accompagnant un système technique tel par exemple les pompiers ou les ateliers de réparation…etc, etc. On employait donc en Afrique des produits sans “âme”, sans relèvement de la raison, du bon sens, du besoin au sens résolu, tout cela en s´appauvrissant outrageusement par la dépense irraisonnée de ses accumulations (irraisonnées parce qu´on doit revenir un jour et acheter de nouveau si on ne produit pas par soi-même ce produit). Or, le développement, qu´il soit institutionnel ou industriel de production, se fait dans le besoin, dans la raison et la projection d´une solution dans la réalité résolvant ses problèmes et non les fuyant avec l´importation, comme on le voit actuellement en Afrique. Aussi dirai-je aux gens de cesser de vouloir être ce qu´ils ne sont pas, d´employer des moyens techniques dont ils n´avaient pas élevé l´esprit rationnel et technique que ces produits et ces techniques exigent pour sortir tous les effets escomptés en les fabriquant.

Ce phénomène se voit autant dans l´économie, que dans les institutions. Cela créait la superficialité et la pauvreté mentale et économique en Afrique. Et ceci doit, dans l´intérêt des africains autant que celui de leur meilleur développement, cesser. Sinon les gens continueront à tourner en rond sans prendre la peine à apprendre à résoudre leurs problèmes urgents quitte à consommer le prêt à penser, le prêt à consommer, le prêt à utiliser du placardage institutionnel occidental. Si cela peut permettre aux occidentaux de vendre à tout azimut des armes, des bibelots et des biens de consommation en Afrique pour donner des débouchés à leurs surproductions, pour l´Afrique, cependant cette situation produit inévitablement la pauvreté, l´indigence, l´étouffement et l´écrasement culturel tout simplement. Pire encore est l´attitude intellectuelle aujourd´hui qui passe sciemment à côté de cette évidence cruelle et logique tout en prétendant vouloir faire le développement. Or, celui-ci voulait que l´esprit, la culture et la production matérielle ou immatérielle aient été produits par la même mère pour engendrer un enfant sain, fort, fier de son identité et capable, lorsque les problèmes se posent, d´y apporter des solutions propres et efficaces.

Musengeshi Katata
“Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu”

Forum Réalisance

Comments

[Musengeshi Kat]

On ne peut laisser mourir ou négliger ses symboles et instruments culturels pour se laisser suggérer ou emprunter à la hâte les instruments étrangers pour se réaliser sans âme tout en parlant de culture, d´identité culturelle ou historique ! Absurde. Je crois que beaucoup de gens confondent science avec instruments culturel…Ce n´est pas parce qu´on s´est acheté une voiture étrangère que pour cela on est devenu constructeur automobile !

Et lorsqu´on instaure chez soi des institutions d´origine étrangère, il faut les nationaliser et leur donner un visage et un caractère culturel propre, en ayant, bien entendu pris la peine, avec ces reins étrangers, de s´assurer qu´ils ne sont pas défectueux ou impropres.

La plupart du temps les gens ont une idée assez futile de la culture ou même du développement ou du progrès ; dans les trois quart des cas, ce qu´ils appellent culture est bien simpliste : on parle du cinéma, de musique, d´art, de littérature…Or, la culture commence par le passé, l´éducation, les structures sociales, économiques et politiques, la création intellectuelle ou artisanale, et même la critique des idées et des intentions, etc. la culture est la grandeur la plus grande de l´existence humaine parce qu´elle contient toutes les autres dans le temps et l´espace.

Ainsi, suis-je très surpris que tous ceux qui ont l´habitude d´en prendre plein la bouche en parlant de culture, que ceux-ci deviennent coi lorsqu´on va vraiment dans le fond des choses. La superficialité n´est pas la première qualité de la culture ou de l´homme cultivé, loin de là. Et négliger l´économie ou la politique qui sont les moteurs et le cœur de toute culture, comme la plupart des gens le font, ce n´est pas une preuve de sain réalisme intellectuel. Il ne faut jamais l´oublier : ces objets d´art, cette musique ou ces pièces de théâtres, films ou livres, ils doivent d´abord être produits avant d´être servi au public ; cela veut dire qu´ils sont bien tous des produits économiques ! Et de ce fait, ils sont soumis à des processus et des règles économiques. Celui donc qui néglige l´économie et son incidence sur les individus, la société autant que sur la gestion et l´organisation de l´avenir et de la promotion sociale et individuelle…celui-là ne sait pas ce que c´est que la culture ou il a d´elle une idée très pauvre. Or vouloir parler démocratie sans au prélable comprendre les instruments, l´enjeu réel ou idéal pratique de cette démocratie; de quoi parle-t-on donc ?

Musengeshi Katata
Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu
FR

[Shaka Bantou]

Il me semnle que ce soit le seul but plausible de cette démarche. Tonnerre, cela rappelle bien encore une fois les dires de Léolpd II ! Mais les africains, sont-ils tenus de prendre pour monnaie courante ce que des étrangers intéressés par leur égarement leur suggèrent ? Non, n´est-ce pas...ce n´est ni dans nos intérêts, ni même dans l´intérêt des occidentaux eux-mêmes comme on le voit avec cette crise, alors ? Cette civilisation qui n´était rien d´autre qu´une dévoration économique et culturelle...une honte. Une culture ne s´épanouit ou stagne que dans ses qualités ou ses erreurs, c´est bien connu.

Tiens, j´ai pensé à cela en écoutant les info et l´histoire d inondations en Turkie: une catastrophe santionnant les constructions barbares sans canalisation...des erreurs qui coûtent un jour des vies humaines et des fortunes en réparation. On le voit partout en ce moment. Quand on a voulu prendre le chemin facile et les voies du moindre effort, les conséquences sont souvent catastrophiques...dans la culture et l´éducation c´est la même chose.

Shaka Bantou, j´ai dit !
Forum Réalisance

[Musengeshi Kat]

Pour produire aujourd´hui adéquatement, il faut bien avoir d´abord formés les cadres de la production ! Ainsi qu´il faut établir certaines normes, règles de travail…former les ouvriers qualifiés, etc. Sans produire, comment veut-on défendre la liberté qui est le premier souci de la démocratie ? Sûrement pas avec l´aide étrangère ! Même la Belgique, la France ou l´Allemagne ne se font pas financer leur démocraties par d´autres qu´eux-mêmes; pourquoi en serait-il autrement chez les africains ?

Imaginons-nous les Etats-Unis recevant l´aide économique des talibans pour entretenir sa démocratie…incroyable, n´est-ce pas ! C´est cela l´hérésie occidentale actuelle qui inculque aux africains qu´ils peuvent entretenir une démocratie que les occidentaux financeraient. Il y a bien un vice de fond à la fois injurieux que méprisant dans cette coupable et trompeuse suggestion. Il faut produire d´abord, ensuite installer la démocratie; l´inverse ne marche pas: on met la charrue devant les boeufs en alourdissant ses dépenses...et en entretenant des parasites politiques qui ne servent à rien mais ruinent plutôt les deniers publics du petit peuple inutilement. Ou sinon ils se mettent á vendre à tort et à travers les matières premières des leurs en leur volant leur dernière chemise.

Musengeshi Katata
"Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu"
FR

[Shaka Bantou]

Selon toi, il n´y a pas de démocratie sans développement, industrialisation et autosuffisance économique. Peut-on alors parler de dictature de la production avec tous les instruments et les exigences que ce but requiert ?

Shaka Bantou, j´ai dit !
Forum Réalisance

[Musengeshi Kat]

Ainsi, croire qu´on peut, cahin-caha comme le font les africains aujourd´hui, se développer à sa guise sans tenir compte de la rareté des matières premières, par la pollution occasionnée par des systèmes de productions primitifs et dangereux pour la santé des consommateurs et leur environnement. On doit aussi tenir compte ou se garder des absolutismes commerciaux et économiques instaurés par les pays riches et influents pour asseoir leurs privilèges. Croire qu´on peut faire fi à tout cela, c´est hélas cafouiller comme on le voit aujourd´hui et rester faibles et pauvres, ce qui conduit à l´incapacité de protéger l´épanouissement de ses citoyens et leur avenir.

Je rappelle ici, puisque c´était le départ de nos discussion que, contrairement á ce que les africains pensent ou s´imaginent, il n´existe pas de démocratie sans développement et sans structures économiques et sociales financées et générées par une société responsable de ses moyens et de ses instruments de réalisation. La grande chanson d´africains illogiques ou incultes selon laquelle on pourrait instaurer ou vivre une démocratie en pays sous développé, pauvre et vivant de l´aide internationale, est de la pure hérésie mentale et logique. Autant avouer que cette démocratie serait financée et entretenue par l´étranger. Et alors, est-ce une démocratie ?

Tout au plus cette mystification servirait-elle à vendre des armes étrangères pour entretenir une armée de répression ou à organiser un collège de fonctionnaires corruptibles au possible servant à épuiser les accumulations sociales en commandes extérieures en tous genres, ou signer des accords douteux pillant les matières premières des leurs. La démocratie, hélas, c´est exactement le contraire ; elle suppose la prise en compte des voix et aspirations légitimes de toutes les couches de la population. Les pauvres sont-ils entendus en Afrique et leurs doléances pris en compte ? Là est la question. Parlons plutôt d´autocratie d´illuminés, pas de démocratie, s´il vous plait. Faut pas prendre des vessies pour des lanternes. Et á moins de vouloir, par fausse fierté ou par trompeuse prétentions, se mystifier soi-même, croire que la démocratie s´entretient avec l´aide étrangère ou la pauvreté est une belle fausseté. Qu´en est-il de la justice sociale, du progrès, des structures économiques et sociales; viendraient-elles aussi de l´étranger ? Allons donc...Sans produire par soi-même les moyens et les instruments d´entretien et de gestation politique de sa propre démocratie, toute imitation institutionnelle importée n´est rien d´autre qu´une mise en scéne politique vide et grotesque.

Musengeshi Katata
"Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu"
FR