L´affaire Shirley Sherrod et les diables têtus du racisme américain
Elle a 62 ans et était, jusqu´au lundi 19 juillet 2010, chef de service fédéral
au ministère de l´agriculture chargée de l´aide octroyée aux agriculteurs en
difficultés de l´Etat de Georgie. Puis, suite à une accusation de
discrimination raciale envers un agriculteur blanc d´une radio de droite, elle
fut licenciée sans préavis.
Les séquelles
cruelles d´une longue et honteuse maladie du racisme et de la discrimination
culturelle et sociale aux USA
Deux jours plus tard, cependant et sur l´intervention publique énergique du
prétendu agriculteur blanc préjudicié et sur le visionnement de l´entièreté de
la vidéo ayant servi à étayer cette fausse campagne envers une femme modèle
dans ses fonctions, le ministre de l´agriculture fédéral Tom Vilsack s´excuse et la remet en fonction en lui proposant, pour
faire oublier cette horrible gaffe administrative, la fonction de chargée de
lutte contre le racisme dans son ministère.
Grande effervescence dans l´administration Obama, Robert Gibbs, le porte
parole de la Maison Blanche fait publiquement ses excuses à Shirley Sherrod au nom de toute l´administration
américaine. Car il semble bien qu´Obama avait donné son OK lors du licenciement
intempestif ou il était au courant. La NAACP
(National Association for the Advancement of Colored People) était
naturellement déjà montée aux barricades; elle dut elle aussi reprendre un ton
plus discret après la fin heureuse des hostilités. Mais cette société
avait-elle tort ? Pas du tout, elle en avait vu des vertes et des pas mûres
aux Etats-Unis du grand pays de la démocratie et de la liberté en occident. Des
siècles durant.
Tout est-il dit ? Cette histoire ne montre-t-elle pas la fragilité de la
fameuse émancipation raciale américaine ? Mais bien sûr. Obama ou pas on
continuait à souffrir des réflexes bornés et obtus d´hier au lieu d´examiner
les accusations en profondeur avant de prendre des décisions empressées et,
disons-le bien, empruntes d´accusations latentes de racisme inversé ! Il y a
quelques décennies cette femme aurait déjà été pendue ou condamnée à mort avant
qu´on ne s´aperçoive qu´elle était totalement innocente…
Et si tous les juges qui avaient fautivement comme dans l´affaire « Mississipi
Burning », comme dans l´affaire Frank Sterling (19 ans de prison
arbitraire, innocenté grâce à l´ADN), ou James Bain (35 ans de prison
arbitraire, innocenté par l´ADN)…etc, etc. On pourrait remonter jusqu´à l´assassinat
de Martin Luther King ou au lynchage d´Emmet Till pour apprécier de la notion justice
des blancs. Curieusement, quand un noir était accusé, on pendait et on emprisonnait
toujours avec ou sans preuves ; mais lorsqu´un blanc était reconnu de culpabilité évidente, on
lui trouvait toutes les excuses pour l´excuser ou le laisser libre comme
Kissinger, par exemple qui avait, après avoir signé le traité de paix de la
guerre du Vietnam et 10 jours avant son entrée en vigueur, fit bombarder Saigon
en surface et causa ainsi la mort de 1 millions d´innocents vietnamiens. A cet
homme aujourd´hui on accordait un statut diplomatique dans ses voyages à l´étranger
pour le protéger du mandat international qui le menaçait d´arrestation immédiate.
Justice ? Dans la mort d´Allende cet homme avait aussi fait des siennes au
Chili…
Ou Georges Bush, ce criminel politique qui attaqua illégalement l´Irak et y
sema mort et désolation sous des prétextes fallacieux et pour les moins tirés
par les cheveux. Il fit tellement d´irrégularités qu´on se demande encore
aujourd´hui ce qu´il fait en liberté, celui-là, pour avoir privé à des
innocents la liberté et les avoir emprisonné à Guantanamo sans procès et sans
droits. Mais dites donc, ne voyait-on pas qu´on ne peut pas prétendre défendre
une quelconque démocratie qui ne s´appliqua qu´aux uns et pas aux autres ?
La démocratie, c´est bien autre chose que cela !
L´Amérique arrivera-elle un jour à se guérir définitivement de cette gangrène
du racisme qui avait assombri de lourds nuages menaçant le ciel étoilé de son
histoire, ou les noirs continueraient-ils à souffrir les injustices et les abus
primitifs du racisme américain sous prétexte qu´ils devaient faire confiance à
la démocratie ou qu´ils devaient être tolérants et compréhensifs ? Cette
tolérance commençait lentement à nous emplir la gorge de dégoût et de révolte.
Il serait grandement temps que les blancs eux aussi portent eux-mêmes le poids
de leurs tares psychologiques et culturelles. Pour le bien d´une réelle et équitable démocratie.
Musengeshi Katata
« Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu »
Forum Réalisance