Sur la décolonisation bâclée et les maux africains actuels
Commentaire sur l´article proposé par Nicolas Lisiki sur Facebook : Les
pays africains étaient-ils préparés aux changements politiques en occident et
particulièrement à la chute du mur de Berlin ?
Et si
nous nous occupions d´abord de nous-mêmes au lieu de nous encombrer avec ce qui
se passe chez nos voisins aussi imposants soient-ils ?
Tout cela est bien joli quoiqu´à mon sens, ce n´est pas la chute du mur de
Berlin qui est référentiel à l´historicité africaine, mais bien l´indépendance
comme fin de la domination européenne ! On peut, après avoir bâclé celle-ci, se
mettre à supputer sur ce qui s´est passé ailleurs...vainement, parce que la
dualité capitaliste - communiste a touché aussi la Chine, par exemple, et elle
se développe bien aujourd´hui avec une vitesse grand V ! Tout en étant resté
communiste…
Sans oublier ou sous estimer la désagréable prise en sandwiches dont nous
avions été les victimes chosifiées et employées injustement à des buts qui
n´étaient pas les nôtre, je maintiens que les africains, à l´indépendance,
commirent l´erreur de ne pas structurer et orienter leurs politiques et leurs
économies vers leurs réalisations respectives. En clair: personne ne savait ce
qu´il fallait faire pour mettre sur pied une économie digne de ce nom, créer la
recherche scientifique, former des techniciens et des ouvriers qualifiés dans
les secteurs clés de l´économie. La castration culturelle et politique coloniale
ainsi que les longs siècles d´autarcie et d´esclavage avait désorienté les
africains en détruisant leurs notion critique du pouvoir et sa portée réelle
pour la société, le bien-être et l´avenir des sociétés.
Ce malaise se répercute encore aujourd´hui dans le manque de jugement objectif
des réalités économiques internationales et aussi cruellement dans le contenu
et l´exercice du pouvoir comme tel. N´est-on pas surpris que l´organisation du
travail en Afrique soit délaissée alors qu´il y avait de milliers et des
milliers d´écoles à construire, des ponts, des canalisations, et surtout mettre
à jour une agriculture organisée et efficace ? C´est un peu cela rapidement dit
le mal africain: manque de réalisme et manque de goût de la perfection ou de suffisance personnelle. Et il
est vrai que pour pallier au manque d´intellectuels et de techniciens on les
instruisit à la hâte et sans autre égard que celui d´en avoir, mais cela aurait
dû donner un départ qui, corrigé plus tard, aurait imposé des normes de
formation plus sévères et orientées vers un résultat objectif. Ce ne fut hélas
pas le cas, pire: on les brada, ces premiers universitaires et hauts
techniciens qui se retrouvèrent, comme avec les physiciens atomiques ghanéens
revenant de URSS et de la DDR après la chute de Kwame Nkrumah, dans
l´administration et la fonction publique: l´antichambre de la mort créative. On aurait dû les employer dans
l´enseignement, par exemple, cela aurait donné de meilleurs résultats ; c´était,
après tout, des ingénieurs hautement formés !
L´Afrique, après le meurtre de ses élites averties, se retrouva conduite et
gouvernée par des aliénés et illuminés de la francafrique. Et eux, sans le
moindre notion de gestion et de promotion de peuple ou même de l´exercice du
pouvoir, imitèrent le model culturel occidental qui leur avait été imposé au
lieu de développer le leur en épanouissant leurs langues, leurs possibilités
techniques et scientifiques ou le recouvrement de leurs pensés sociales avec,
bien entendu, une critique objective transcendante. Aujourd´hui on en est là:
en face d´hybrides culturels désorientés et de fantômes sans identité et sans
créativité ambitieuse et affirmée. Ce qui pousse tout simplement à l´importation
ruineuse même des bien alimentaires !
Pour guérir le malaise africain en général aujourd´hui il faut un grand
travail culturel et intellectuel de profondeur autour d´un idéal d´identification
nationale que de quête de perfection, d´organisation efficiente et de
réalisation sensible. Sans cela, les gens vont continuer à tourner comme des
toupilles sans éthique et sans morale. La corruption généralisée actuellement en
est une preuve flagrante de manque de valeurs et d´orientation.
Musengeshi Katata
"Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu"
Forum Réalisance