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17 novembre 2009

L´Afrique peut-elle se donner la liberté et le développement auxquels elle aspire légitimement ?

Commentaire sur Facebook sur l´invitation de Nicolas Lisiki

 

L´Afrique doit cesser de se faire d´illusions et de se nuire sciemment à elle-même...

 

Les différentes ethnies sont notre problème, dis-tu, Nicolas ? La différence n´est-elle pas une richesse ? Accepter l´autre, n´est-ce pas s´émanciper ? Non, je crois plutôt que tu le dis bien dans la deuxième partie de ta considération: nous nous laissons par trop désunir et départager par la Banque mondiale, la coopération française, le Fonds monétaire international, l’Usaid…et cela n´est pas d´aujourd´hui: cela date, quand on connaît l´histoire de l´Afrique, depuis le 8ième siècle avec les invasions arabes et leur esclavage, qui furent suivies au 15ième siècle par l´esclavage occidental qui dura, comme on le sait 400 ans avant que la colonisation et la francafrique d´aujourd´hui ne viennent les relever. L´Afrique, si on veut, a toujours été chahutée, malmenée, privé d´identité et de liberté de réalisation sociale autonome depuis des siècles interminables !

Aujourd´hui, pour changer les choses, retrouver l´âme originelle et positive des cultures défigurées, dépersonnalisée ou désarticulées d´elles-mêmes, il ne faut pas seulement se tourner nostalgiquement vers le passé, il faut avoir le talent de réunir objectivement les puzzles défaits des pensées sociales faussées par la colonisation ou les siècles d´esclavage méprisant ou dénaturées par la corruption et l´aliénation de la francafrique et leur donner, autour d´un idéal de réalisation rationnel, organisé et légitimant, les instruments modernes ouvrant sur un avenir contemporain et responsable.

Et c´est là que les choses en fait deviennent difficiles ou lourdes de conséquences: nos sociétés - et c´est tout à fait logique de par la nature et l´exercice des forces abusives et absolutistes qui se sont exercées sur elles - n´ont pas développé l´art critique et l´objectivité rationnelle mentale et intellectuelle avec lesquels ils sauraient recoudre nos puzzles mentaux, techniques et scientifiques désaccordés pour les réunir en harmonie autour d´une autonomie positive de réalisation. Quand on va épouser une femme, disait Simon Kimbangu, on doit non seulement l´aimer, on doit aussi lui donner une vie qui l´épanouisse et où ses rêves vont se réaliser; mais aussi il faut être capable d´élever avec elle ses enfants et leur donner une vie et un avenir décents ! Or, que voit-on en Afrique malgré de nombreux intellectuels formés à divers écoles supérieure ou d´universités nationales ou étrangères ? Nos enfants souffrent et nos femmes vivent dans une pauvreté qui s´accentue de décennie en décennie et nos meilleurs cadres sont obligés, pour trouver emploi, de s´exiler à l´étranger ! N´est-ce pas le contraire qui devait nous arriver depuis que nous avons repris notre gestion économique et politique à l´indépendance ? ...

Je le pense bien. Surtout si on voit que les facteurs véritables de développement réels: l´instruction, la formation professionnelle, l´accumulation économique responsable et assidue, la modernisation de l´agriculture et de l´élevage, le foisonnement d´universités créatives, de milieux et de centres intellectuels criques et objectifs cherchant à optimaliser et rendre efficace la production, la créativité imaginaire et technique ainsi que l´imaginaire spéculatif de nos sociétés...tout cela a été délaissé ou souffrait d´un incroyable dilettantisme. A se demander: comment voulions-nous donc aller au progrès et au bien-être si nous ne nous donnions pas les moyens et les instruments avec lesquels n´importe quelles sociétés ou culture de bon sens se doterait pour arriver à ses fin ? Si l´existence - et c´est bien le cas - est une célébration de l´existence comme un joyau unique, cher et autant incessible qu´éphémère; pourquoi ne voulons-nous pas faire l´effort de la célébrer avec les plus beaux et les plus regardants capacités de notre sensibilité et notre savoir faire ?

Quand on voyait aujourd´hui l´Afrique sombrer dans l´hérésie de la croyance sans pour autant se doter d´une économie efficiente, sans créer l´emploi et le revenu avec lequel toute société organise et fleurit son économie, n´est-on pas là, de nouveau comme par le passé, à se gargariser d´illusion au lieu de produire, de parfaire et de créer e qui devait faire avancer la société en avant ? Je le pense bien. Et ici tous les intellectuels et même les élites du pouvoir ont failli à mon sens s´ils ne combattent pas cette tendance et remettent à jour l´impérieux devoir de rationalisation, de travail et d´innovation de la société ! C´est assez choquant qu´un continent ayant des terres fructueuses à perte de vue se contentait d´importer ses besoins alimentaires ! Et puisqu´on ne travaillait pas ou qu´on ne vendait pas assez, on ne savait pas s´offrir éternellement ce luxe assez curieusement suicidaire des économies nationales.

Je dirai donc que les africains, et surtout les congolais, doivent se pincer énergiquement leur nez et ne pas rejeter aux autres FMI, Banques Mondiales, Occident, Chine, USA et autres acteurs internationaux francafricains les manquements qu´ils entretiennent eux-mêmes dans leur naïveté ou leur cécité politique et économique. Certes ces étrangers ont des vues, des intérêts qui étouffent les nôtres ou les remettent en cause. Mais cela n´est vrai que si nous ne les empêchons pas d´agir chez nous à leur guise, corrompre nos élites ou les piéger, avec des aides cochonnes, dans des gouffres indécents de dépendance et d´aliénation.

L´intellectuels africain doit se réveiller et sortir de sa cécité ! Cela est valable aussi pour l´exercice du pouvoir, sa fonction et ses buts. Car il faut bien se dire que les pressions qui vont être exercées sur l´Afrique à l´avenir augmentent et s´accentuent de décennie en décennie au gré des développements de ceux qui, suite à leurs industrialisations respectives nécessitant des besoins accrus de matières premières et de marchés de consommateurs, vont venir nécessairement nous imposer leurs impératifs ! Ne pas le comprendre de nos jours disqualifie n´importe quel africain d´une véritable ambition intellectuelle. Parce qu´est évident qu´on emploie ces matières premières pour nous appauvrir ou nous repousser, en nous dépossédant de nos accumulations, dans la médiocrité la plus indigente ! Alors pourquoi ne ferons-nous pas en sorte que ces matières premières servent aussi à leurs propriétaires naturels et protègent l´avenir de leurs enfants en nous développant nous-mêmes rapidement ? C´est un long chemin, disons-le bien vite…qui est pavé d´efforts et de créativité ; mais un chemin absolument exceptionnellement réalisant dans la mesure où il fait appel à nos valeurs les belles, à notre créativité et á notre esthétique artistique et mentale la plus éprise de quête à la perfection, à l´harmonie et à l´équilibre.  

Pour finir, Nicolas, je dois te remercier d´avoir posé cette question à laquelle je crois avoir répondu sincèrement. J´espère que tous ceux qui vont comme moi répondre à ton invitation vont le faire en faisant avancer le débat et l´argumentation. Seulement, ces arguments, ils sont connus et logiques depuis longtemps. Aussi, ne pas les connaître ou les prendre en considération aujourd´hui en agissant en conséquence, c´est, permettez-moi du terme, se moquer de son monde, et bien sûr de soi-même et de son propre avenir. A ce jeu idiot nous ne voulons pas tous jouer, particulièrement pas moi. Cela suffit de tourner en rond, nous devons aller de l´avant et cesser de nous faire des illusions grossières et mensongères. Que ceux qui n´ont rien compris se donnent la peine de s´informer…mais il est exclus que nous continuions à soutenir la bêtise et l´incapacité en Afrique tout en prétendant que nous voulons nous développer, être libre ou devenir indépendant ! Sans créer, sans produire, sans parfaire et innover, sans s´émanciper des mentalités désuètes et dépassées, sans briguer la science et la technologie en élargissant nos sens et notre expérience sensible…nous n´arriverons à rien du tout, sinon à tourner en rond l´histoire durant et nous lamenter gratuitement sur une liberté ou un développement dont nous nous sommes refusés à en payer volontairement et fièrement le prix.

Musengeshi Katata

« Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu »

 

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