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17 janvier 2006

A l´occasion de l´assassinat de Patrice Lumumba

Du 17 au 18 janvier 1961

À Patrice Lumumba

Je me reconnais du lumumbisme, une doctrine politique fondée sur le respect de la liberté, de la souveraineté et de la réalisation de tout être humain quel que soit sa race, sa religion, la couleur de sa peau, ses origines. Et j´exige de tout être humain à respecter non seulement mes convictions, mais aussi celle de tout autre que moi. Tout être humain de bonne foi a un droit incessible à la libre existence et à la pleine réalisation, celui qui s´y opposerai pour instaurer ou imposer un courant, un ordre, une organisation niant la liberté, les intérêts ou la réalisation des autres en privilégiant le sien, est un parias : un ennemi du lumumbisme, un ennemi de la liberté. Il faut se débarrasser de lui, en tous les cas l´empêcher de nuire au fondement légitime de la liberté humaine.

Nous ne regretterons jamais assez la perte de ce grand homme, de cet homme politique d´un charisme et d´une maturité politique et philosophique inégalée. Nous ne reviendrons pas sur ses assassins, ils sont largement connus : la CIA, le cartel hégémonique occidental du Pouvoir Blanc, Moise Kapenda surnommé Tshombé, Godefroid Munongo, Mobutu Sese Seko, Joseph Kasa-Vubu, les Commissaires Généraux et parmi eux Antoine Tshisekedi, Nestor Watum, Jonas Mukamba surnommé le judas…et tous ceux qui de près ou de loin, en participant et cautionnant cet assassinat barbare et criminel on préjudicié l´Etat congolais au plus haut point.

Le Congo, on le voit bien aujourd´hui où les rescapés du maquis tanzaniens ont envahi la politique congolaise, ne s´en porte que de jour en jour plus mal. Ce qui nous fait regretter encore plus douloureusement l´assassinat de ce tribun du peuple qu´était Patrice Lumumba.

Les congolais ayant perdu tour à tour Simoni Kimbangu : le père spirituel de la liberté congolaise et Patrice Lumumba, le plus doué de ses architectes politiques que le grand Simoni avait, en 1947, conseillé à ses adeptes ; ces congolais se sont-ils déjà rendu compte de la valeur de leur perte ?

Je le pense bien ; le marasme économique actuel qui entraîne chaque jour ce beau pays dans un gouffre impensable est visible à l´œil nu. Et son peuple ne cesse de souffrir tous les enfers face à la misère, à la pauvreté, au manque criant auxquels le purge une classe politique d´incapables et une orientation primitive de l´organisation de l´Etat. Pas d´emplois, des universités fermées ou délabrées, un enseignement maraude ; il n´y a pas de doute : le mal est profond.

Et pour couronner le tout, un chef d´Etat innocent qui va déclarer au sénat belge que Léopold II était un philanthrope, visionnaire bénévole. Et puisqu´il semble qu´au maquis tanzanien on apprend ni l´histoire humaine, ni le respect du passé et des valeurs sociohistoriques du peuple ; et voici quelques rudiments : Léopold II était de cette race blanche qui, afin d´accélérer son accumulation économique, en hordes serrées s´abattirent sur l´Afrique et firent pendant 400 ans des esclaves pour leurs plantations coloniales outre mer. Et pour entrer en possession de nos matières premières et vivre de nos produits agricoles, ils revinrent violer notre souveraineté, détruisirent les fondements et les structures de nos sociétés, assassinèrent nos femmes et nos enfants sous de gros prétextes de culture, de civilisation, de liberté. En réalité, il ne s´agissait que de terrorisme d´Etat et de piraterie internationale.

Nous devons à ce roi belge des crimes sans nom, des mains coupées, des autochtones vendus en objets de cirque qui moururent abattus par le froid pour amuser les publics occidentaux, un des exemples de ce philanthropisme est l´histoire d´Ota Benga, vendu aux zoos de New York et logé dans la même cage qu´un orang-outang et d´os humain pour souligner un cannibalisme imaginaire attirant les spectateurs américains. On se rappelle du caoutchouc rouge, des mains coupées aux enfants pour inciter les parents à travailler pour l´administration coloniale. Mais le pire, c´est d´avoir emprisonné pendant 30 ans Simoni Kimbangu jusqu´à sa mort dans son propre pays, seulement parce qu´il prédisait une autre religion que la religion chrétienne : la religion de l´esclavage et celle de la domination blanche.

37.000 familles de ses adeptes furent dépossédés de leurs bien et déportés loin de leurs terres natales. 150.000 kimbanguistes périrent atrocement d´épuisement, de faim, de soif.

Et c´est bien connu que la Belgique fut l´organisateur et l´exécuteur passionné de l´assassinat de Patrice Lumumba. Et du coup, le 10 février 2003, Léopold II était devenu un saint ?

Que les belges auxquels il a permis, comme il le disait lui-même « petit pays, petit esprit » de devenir riche et de s´offrir un réseau autoroute illuminé, lui octroient le titre de roi bâtisseur ; on le comprend encore…mais un congolais !?!

Il faut croire que comme les occidentaux pillant, violant et assassinant tout en se cachant derrière de fausses doctrines malhonnêtes et criminelles, quelques congolais, sans comprendre la défense de leurs intérêts vitaux ou connaître les préceptes du lumumbisme, se cachent sous cette noble doctrine pour cuver leur piètre talent politique. Cette médiocrité ! A en vomir.

A l´occasion du 45 anniversaire de l´assassinat de ce grand africain, de ce bel enfant du Congo, je me permets de lancer un appel vibrant à tous les lumumbistes et les kimbanguistes du monde entier, et particulièrement ceux qui vivent au Congo : réveillez-vous, ne vous laissez ni impressionner, ni abuser par des gens médiocres et sans vertus et imposez-vous ; c´est nous qui avons la meilleure conception de l´existence, pas ces manants et ces incapables. Et si vous en doutez, relisez les prédictions du Grand Simoni Kimbangu, relisez le discours politique de Patrice Lumumba, vous vous rendrez compte que leurs sens de l´histoire, leurs définitions de la liberté et de l´amour sont d´une grandeur toute phénoménale. Et c´est ça notre force.

Réveillez-vous, ceux qu´on assassine chaque jour, ceux auxquels on vole l´avenir et l´espoir chaque jour, ce sont les nôtres ; ce sont nos femmes et nos enfants, et ils ne l´ont pas mérité.

Réveillez-vous nous n avons que trop longtemps laissé faire et supporté le vice et la médiocrité… « Entre la liberté et l´esclavage, il n´y a pas de compromis », disait Patrice Lumumba. Et il avait, ce grand seigneur, ô combien raison !

Musengeshi Katata

Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu

munkodinkonko@aol.com              

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Commentaires
M
Ô combien as-tu raison, Le Troll. C´est en définitive le peuple direct et conséquent qui, pour se débarrasser de ses souffrances, réagira radicalement. Cela s´appelle révolution. Et je crains, hélas, qu´à force de bredouiller, de trahir, de se laisser corrompre, l´élite africaine ne se retrouve un jour décapitée parce qu´incapable et plus coûteuse que responsable et soulageante. Ce jour-là on se mettra à crier à la barbarie; mais on aura oublié que pendant des décennies des femmes et des enfants ont été, avec l´aval et la sournoiserie occidentale, assassinés, privés de liberté, voué à la misère et la mendicité. Il est grand temps encore d´éviter le désastre. MK<br /> Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu
L
Je n'ai rien à ajouter à votre texte et au commentaire de Shaka Bantou auquels je m'associe.<br /> Vous parlez d'intellectuels qui ne feraient rien, mais c'est justement parce qu'il savent qu'ils ne font rien.<br /> Les intellectuels cherchent à expliquer et c’est cela qui ne va pas. Tout fait n’est pas à expliquer, car chercher à comprendre, à expliquer c’est finir par excuser. Des faits ce sont commis, ils sont atroces, perpétrer par des dégénérés c’est la seule explication et la seule cause que je m’autorise à penser. Si l’intellectuel était l’avenir cela se saurait, l’avenir viendra du peuple, car il est simple dans sa vie et dans ses jugements n’ayant rien à perdre, mais tout à gagner. <br /> <br /> Amitiés, Le Troll
S
Le Congo, comme beaucoup de pays africains paient aujourd´hui l´amers prix de leur manque de maturité de jadis. Certes Patrice Lumumba, Thomas Sankara, Samora Machel, Steve Biko...tous les élites visionnaires de l´indépendance ont été assassinés pour décapiter leurs peuples et ainsi mieux les soumettre et les dévoyer. On sait tout cela. La question est aujourd´hui: pourquoi la nouvelle génération d´intellectuels tardent-elle à reprendre le front? Ou est-elle si gauche et peu efficace, qu´il ne lui reste qu´à trahir ou à brouillonner? Une question de qualité ou est-ce le manque de vision et d´íntelligence stratégique? Pourquoi cette misère collante, ce manque d´organisation et de créativité propice à épanouir et réaliser les rêves de leurs propres enfants? Il est temps de cesser de rêver, en Afrique; il est temps de se mettre au travail et de produire les moyens de réalisations plutôt que de vivre d´aumônes, d´attentisme ou de belles ONG qui ne produisent rien du tout mais réclament à pleine gorge la liberté. La liberté, il faut l´aimer de tout son âme, se battre pour elle, produire pour réaliser ses désirs les plus fous, et savoir avec fierté la léguer à ses enfants. Elle ne nait pas de belles paroles, elle est une réalité, une volonté concrète.<br /> Shaka Bantou.
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