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18 février 2006

Democratie fantôme

Realité et affabulation

          Les interminables cauchemars de la démocratie fantôme

« Entre la liberté et l´esclavage, il n´y a pas de compromis. »

                  Patrice Emery Lumumba

Au théâtre injurieux et sourdement belliqueux de l´hégémonie occidentale, face à la lutte désespérée de la périphérie pour la reconnaissance de ses droits légitimes de liberté économique, financière ; vers la reconnaissance socioculturelle et le respect de souverainetés contournées et trahie par un système international partial et faussement universel, le nouvel attrape-nigaud est célébré sous l´appellation ambiguë de « Démocratie ». Et aux dires de ses promoteurs, elle serait l´arme, la voie de salut pour tous les peuples angoissés par la misère et la pauvreté que les pieuvres aux immenses tentacules des multinationales du Pouvoirs Blanc leur insufflaient depuis des siècles, au détriment de leurs identités, de leurs cultures, de leurs droits existentiels bafoués et ravalés à une douloureuse chosification du maître

occidental tout puissant. 

I see the magic in your eyes, pourrait-on dire, tant cette décoction est appuyée et suivie de promesses des plus fallacieuses d´aide et d´encadrement d´experts en tout genre pour convaincre la victime, le pays assiégé à accepter de se « normaliser ».

Tout est mis en œuvre, tous les registres du grand capital occidental sont tirés pour

encourager l´enfant récalcitrant et tiraillé par le grondement sourd des masses empressés et révoltées de ses rues : l´argent sans effort, les promesses de crédits du FMI ou de la banque Mondiale se concrétisent comme par enchantement, et leurs grands fonctionnaires arpentent les entrées politiques du pauvre pays, documents et signatures sont encore frais et déjà on entend le tonnerre promis d´investissements et de prêts apportant bien-être et prospérité. Que font donc ces nuages gris et menaçants à l´horizon ? Chaque orage, c´est bien connu, est annoncé par de gros nuages sombres et d´éclairs fustigeant.

Mais avant le début de la pluie, il faut aller au vote : il faut légitimer le pouvoir afin que la conditio sine qua non soie remplie. Et alors, et alors seulement on pourra dire : hourrah, après la pluie, le beau temps !

Et hélas, très peu de gens se posent la question : cette démocratie de symbolisme

Normalisé, a-t-elle le contenu des aspirations sociohistoriques légitimes du peuple ?

Répond-t-elle à l´organisation politique, sociale et économique des attentes et des rêves de liberté et de réalisation du peuple souverain et indépendant ? Ou n´était-elle qu´un pro format vide, une méchante caricature en fait qui n´avait qu´un but : dominer, soumettre et exploiter à loisir ?

Les ONG, ces société sous disant civiles et non gouvernementales poussaient comme de la mauvaise herbe, surtout là où les intérêts économiques de l´occident étaient en en veilleuse ou en cause. Et lorsqu´on analysait leurs financements privés

et opérationnels, et qu´on dévoilait leurs appartenances et leurs responsables, on retrouvait une suspicieuse complicité entre la politique occidentale et ses managers industriels. Ceux-ci, sous des allures de défendre la liberté, les droits des citoyens, la démocratie, entretenaient en réalité la corruption des politiciens étrangers, autant que les politiciens occidentaux usaient de cet instrument pour se faire transférer légalement les attentions financières de leurs amis industriels intéressés par les discrets essais d´un nouveau médicament du sida en Afrique ou promouvoir le placement de quelques chars de combats, de mortiers rangés, d´avions de réserve.

Les loup avaient pris une peau de chèvre et s´éparpillaient légalement dans les poulaillers des voisins. Et c´étaient des déjoués nationaux qu´ils avaient élevé à des poste de crieurs de marché qui s´égosillaient sur : droits de l´homme, liberté, démocratie, sans savoir qu´en réalité ces concepts qu´ils réclamaient étaient vides et sans valeur parce que tous importés et dans la géopolitique de leurs propriétaires, elle devaient enfumer les intellectuels et les écarter de l´essentiel, pendant qu´ eux pillaient et appauvrissaient le peuple. Pour voir à quel point toutes ces bonnes intentions étaient fausses, il suffisait par exemple de se demander : pourquoi la France prend-t-elle 30 ans pour se rendre compte que ses enfants à la périphérie sont privés des valeurs de réalisation et de libertés françaises ; si elle savait si bien ce que c´est que la démocratie, la liberté, l´égalité ? Faut-il réellement croire que comme pour le christianisme, la politique française trépignait à domicile, mais elle se trouvait en droit de faire remontrance et leçon magistrale de maîtrise aux autres ? Ou encore l´Allemagne qui avait bâclé sa réunification en en ressortant couvert d´une énorme dette galopante serait en droit, comme le disait un ambassadeur allemand prétentieusement à Kinshasa en 1998 : « Donnez-nous le Congo, et dans vingt ans ce serait un bijou », de donner des leçons d´économie aux autres ?

Si la France avait un sens aussi évident de la démocratie ou de la liberté, pourquoi entretenait-elle un monstre de négation et de mystification telle que la francafrique ?  

Et si Chirac disait prétentieusement : « L´Afrique n´est pas mûre pour la démocratie », fallait-il comprendre que pour ce président et le peuple français qui l´a élu, entretenir la francafrique, soudoyer les hommes politiques africains, soutenir des rébellions criminelles et désastreuses, et notamment le génocide rwandais, c´était faire preuve du respect des droits des autres, et avoir un sens éclairé de la liberté ou de la démocratie ? Ou ces concepts qu´on faisait avaler à l´Afrique n´étaient rien d´autre que des définitions aux contenus faux, tronqués et aux valeurs écourtées n´organisant et asseyant que la domination et l´exploitation de l´occident, de la France ?

Revenant de l´Afrique, Georges Bush faisait remontrance aux responsables africains

qui lui avaient, sous le relent appétissant du facile et corrompant dollar qu´il traînait sous son sillage comme un marchand assidu de fausse médécine, déroulé le tapis rouge. Et le monde entier, pour une fois, était d´accord avec ce texan borné et enragé pour une domination américaine mondiale à n´importe quel prix. Ce que Robin Hood Bush oubliait : dans l´ouvrage de Michael Moore « Stupid White Men » de 2004, cet américain blanc dit au chapitre 4 : « Selon les études des chercheurs Richard Vedder, Lowell Galloway et David C. Clingaman, le salaire moyen des américains noirs est de 61% plus bas que celui des américains blancs. C´est la même différence de pourcentage qu´en 1880 ! ». Et cela en 2004. Ce président avait-il, quand 40 millions des siens n´avaient pas de couverture médicale, et que les noirs, comment pouvait-il en être autrement, subissaient, comme hier, comme toujours le poids infamant de cette société d´idéologie blanche ? Après avoir par l´esclavage œuvré malgré eux au bien-être et au glorieux avenir de cet Etat, on les repoussait maintenant dans les ghetto et les agglomérations désabusées, sans assurances maladie invalidité, sans jobs…loin de la richesse à laquelle leurs parents avaient cependant durement participé, et pour laquelle de milliers parmi eux furent torturés, abattus, traités bestialement. Ce président, au regard de tout cela et surtout de l´histoire honteuse de l´esclavage, de la Jim Crow, des assassinat et lynchage de noirs dans son pays, cet homme politique pouvait-il commencer à faire leçon de morale, d´éthique ou de liberté aux autres ?

Envahir illégalement l´Irak, entretenir une horreur et négation démocratique comme Guantanamo, torturer et avilir les irakiens comme à Abu Ghraib et être encore prétentieux pour parler de démocratie, de liberté ? N´y a-t-il un peu trop de sarcasme criminel dans ce genre de caractère ?

Serait-il que la race blanche confonde toujours sa liberté et celle des autres, sa démocratie et celle des autres ; et qu´à coups d´abus et d´excès elle n´arpenterait l´histoire humaine pour infliger aux autres le devoir et le complexe de porter le poids imposant et sans égard de ses valeurs et de son enrichissement qui, eux s´exercent à leur tour abusivement, pour générer et entretenir aveuglément son hégémonie ? Sans tenir compte ni de valeurs universelles de morale d´éthique, de droits, de liberté ou même de démocratie pour imposer les siennes étroites, rapace et peu vertueuses ?

La démocratie, cependant, est un processus socioculturel et historique qui se doit de correspondre autant aux aspirations d´un peuple, d´un état, qu´aux attentes et aux rêves de ses enfants. Dans sa définition, son contenu, l´organisation et la représentation de sa légitimité, elle ne projette que le vœu spatial et temporel de ses maîtres, sa fonction est de promouvoir et protéger le peule dont il est l´instrument politique, économique et social dans sa quête pacifique de coexistence universelle.

C´est donc qu´on ne peut ni l´importer, ni l´exporter ; parce qu´elle est un mûrissement, une évolution conséquente de jeux contradictoires des forces politiques en présence, de théories, d´aspiration et même d´idéal aboutissant à une forme précise et particulière de l´organisation et de la gestion de la chose publique.

Intervenir dans ce processus comme l´ont fait pendant des siècles les occidentaux, c´est frauduleusement fausser l´histoire d´un peuple et tronquer le mûrissement de sa raison politique.

Et également, cela est vrai pour l´armement, l´idéologie ou l´imposition dictatoriale de provenance étrangère. Tous déforment les forces historiques en présence et aboutissent à un grotesque théâtre de faux et d´ombres vides ou surdimensionnées qui sous des dés pipés dansent l´aliénation et fêtent sans âme un rôle que le maître étranger leur a inculqué.

John Henrik Clarke, un noir américain disait  à propos du Dieu blanc que le christianisme s´évertua vainement à nous faire avaler : "Si on est un fils de Dieu et que Dieu est en vous, alors dans votre imagination, Dieu est supposé être comme vous. Lorsque vous acceptez une image de Dieu donnée par une autre personne, vous devenez le prisonnier spirituel de cette personne.

Cette démocratie donc qu´on veut faire avaler aux africains soit disant qu´ils ne sont pas mûrs pour la développer eux-mêmes et qui consiste en réalité à les Normer et à les aliéner de plus en plus pour mieux les exploiter ou les lier aveuglément à un système économique international qui avait la particularité que pendant qu´eux acclamaient et portaient haut le drapeau du capitalisme, ils étaient méchamment appauvris et sciemment empêchés au fleuron de sa trophée : l´accumulation. Mais pendant ce temps, l´occident, lui s´en mettait plein le ventre. Les uns vivaient de l´illusion et mouraient de faim et de manque criant, pendant que les autres buvaient champagne et nageaient dans les excès dont les autres, les pauvres et les exclus devaient porter le poids, en payer le prix ou en avaler les excédents.

Si c´est cela la démocratie, alors elle est bien injuste et salope ; et autant dire qu´elle ne répond en aucun cas à l´Afrique.

L´africain, pour peu qu´on prenne la peine de le comprendre lui et sa culture, est le produit d´une historicité incroyablement riche dans l´espace et le temps. Elle n´a connu de la part des hordes musulmanes ou chrétiennes aucune compréhension et respect de ses valeurs. Aujourd´hui, et grâce à ses meilleurs enfants dont Cheikh Anta Diop, elle va sur les pas élogieux de son histoire et va bientôt retrouver ses paramètres directeurs, ceux qui mènent à la grandeur et à la beauté de son âme. Et une chose est certaine : après les mauvaises expériences faites tout au cours de son histoire, elle a une soif invincible de liberté et de réalisation pleine et souveraine. Celui qui l´ignore ou le sous estime fait une erreur monumentale. Tout ce à quoi nous aspirons est notre liberté, pas plus ; mais pas moins non plus. Tout ce que nous a réservé ces 600 dernières années a été plein d´horreur et d´interdit d´être, ce qui rend notre vœu vertigineux et précieux comme le plus doux et le plus précieux des parfums. Mais c´est celui-là et pas un autre :  celui de la liberté. Pas celle des autres. Ni en version écourtée, ni par procuration; encore moins empruntée ou volée. La nôtre : belle et pure.

Musengeshi Katata

Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu 

munkodinkonko@aol.com          

        

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