Culture nègre: le fond du mal
Sortir de la passivité pour guérir et s´épanouir
Guérir le malade d´hier, recréer l´espoir de demain
« Nous sommes faits de la même étoffe que les songes et notre petite vie,
un somme la parachève… » William Shakespeare
Commentaire de l´excellent article de Pierre Prêche sur afrikara : Africains, Afrodescendants : « Nous souffrons d’un déficit d’humanité !»
Honorés lecteurs, vous me permettrez de faire en cet endroit un compliment à afrikara et à Pierre Prêche, non seulement pour ce brillant article, mais aussi parce que son analyse du psychodrame africain est d´une justesse toute objective. Tous ses articles ont ceci de particulier qu´au travers des mots, de leurs symbolismes et de leurs contenus, il dissèque habilement une psychose que bien de malades se refusent à accepter. Et pourtant, le premier pas de toute guérison, c´est d´abord accepter que quelque chose ne tourne pas rond, et qu´il y a lieu de consulter un diagnosticien, et selon ses directives, entamer la cure médicale qui endigue le mal et le guérit. Mais voilà, en matière de peuples, il n´y a pas de médecin appropriés ; ce devoir incombe à l´élite responsable de la saine destinée de ce même peuple. Et ceux qui croient qu´il n´existe pas de médicamentation ou de processus de guérison se trompe. L´élite au pouvoir, dans la traduction symbolique de l´idéal historique de son peuple, par l´éducation et ses multiples facettes, ou l´approche cognitif et ses rapports et ses ambitions réelles, peut y inclure des symboles, des projections motivées tendant à donner au subconscient individuel ou collectif des repères et des suggestions permettant de vaincre le mal latent décrié, et ouvrir ainsi l´acteur collectif ou individuel social à un équilibre libérés des ombres torturantes du passé.
A prime abord, quand on lit cet article, on se demande si on ne devrait pas dire à Rosa Plumelle-Uribe (Auteur de : La Férocité Blanche, 2001, Albin Michel) : « Devons-nous attendre qu´on nous offre l´humanité, ou devons-nous la faire nous-mêmes. Que peut-on attendre de blancs ? Sinon qu´ils essaient d´asseoir, avec tous les moyens moraux et immoraux, leurs intérêts. Notre histoire ne le témoigne que trop bien. Et cependant, en lisant l´article plus loin, on prend place sur le divan d´un analyste talentueux et, ce qui est rare chez un occidental, épris de l´Afrique car on sent l´amour et la patience avec laquelle il choisit ses mots, mais aussi sa révolte contre un schématisme culturel qui tarde à être reconnu ; parce qu´ainsi, toute la culture noire s´en porterait mieux, et ceux qui persistaient à lui infliger cette vulgaire pathologie du fantôme historique désaccordé et sans orientation seraient tenus de reconnaître autant leur fausseté que leur sournoise mauvaise foi. Car c´est de la mauvaise foi de la plus lourde méchanceté de déporter, de torturer, d´aliéner l´histoire durant une race seulement parce qu´elle est noire.
Je retiendrai cette phrase émouvante qui révèle de Pierre Prêche un sens humaniste et africaniste résolu : « La structure inconsciente de la peur, de la psychose, la mémoire du manque, du rationnement, du vide, de la solitude, autant de facteurs qui projettent les fils et filles, descendants des colonies dans des stratégies qu’aucune confrontation à la dignité ne cautionnerait. Haine de soi, honte de soi, prosternitude, corruptions, vacuité individuelle, découlent de ce déficit qui assied l’incapacité à décider, à se prendre en charge dans la durée, expulsant des possibles la rigueur, le professionnalisme, l’éthique, la plus grande et plus fine félonie passant toujours pour le chemin le plus court pour arriver… Chacun faisant le même raisonnement débile, personne n’y arrive. Mais tout le monde a déjà recommencé à investir dans les copinages impropres, les cooptations qui de l’âme des nègres font commerce. Lesquels brandissent les drapeaux de la lutte, entonnent les hymnes de la bataille, en donnant les plans d’attaque aux forces adverses. Déficit d’humanité, haine de soi. Et si c’est une approche pathologique qui devait avoir raison, en partie de ces pesanteurs existentielles ? »
On ne peut être plus sincère sur le mal indigent qui frappe l´africain. Et tous ceux qui niaient ce moutonnement invisible sur les marches de l´histoire, ne faisaient qu´une chose : entériner le mal et s´éloigner pathologiquement de la guérison. Ce comportement n´est pas typiquement africain, il a été emprunté au jusqu´auboutisme occidental voulant se cacher de ses propres iniquités l´histoire durant, ou de son subconscient torturé par ses actes immoraux et sans éthique qu´il ne reconnaissait qu´à petites gorgées avares, par peur de perdre le respect de lui-même. En exemple pratique, cela se traduisait par ceci : c´était le cas d´un homme marié qui ne savait plus satisfaire sexuellement sa femme, mais qui avait l´habitude de lorgner la belle voisine en lui promettant tant et tant d´orgasmes. N´importe quel observateur se serait posé la question : « S´il ne savait pas satisfaire sa femme, celle qu´il avait choisie et qui habitait sous son toit, comment et qu´est-ce qui lui donnait l´assurance qu´il le pourrait avec l´étrangère ? N´était-ce pas simplement de l´arrogance téméraire plutôt prétentieuse que capable ? Chez l´africain, cela se traduisait par la recherche effrénée de la reconnaissance du maître. Réussir en occident tout en se donnant un masque blanc, pour se départir de ce complexe hérité ou instauré par la Norme de nullité, ou d´incapacité. Or, la vraie réussite signifiait qu´elle devait profiter à son milieu culturel, à l´Afrique. Toute réussite en occident ne profitait-elle pas au monde occidental plutôt qu´à l´Afrique ? Pire, ne travaillaient-ils pas par voie d´opposition d´intérêts ou d´antagonisme culturel, à l´asservissement de l´Afrique sinon à son affaiblissement intellectuel et créatif ? Là est la vérité. Surtout en ce moment où avec l´immigration sélective, l´occident en mal d´évolution positive et enfermée à l´impasse de ses contradictions criantes, veut s´approprier les fruits rares et utiles de l´intelligentsia africaine pour combler ses lacunes.
Ceux qui s´adonnent à ce petit jeu ont choisi, et cependant, l´existence n´est ni un choix de carotte, ni de cachette, ni encore de maître. L´acte de réalisation est un des actes les plus profonds qui soit ; il ne se résout nullement à un choix. Il va plus loin que cela, car un être humain est non seulement le produit de sa culture, il est aussi son instrument et son espoir de transcendance. Il doit donc s´exercer, se projeter et se retrouver dans des valeurs qui ne sont pas seulement les siennes, ceux de la société dans laquelle il vit ou s´épanouit ; mais aussi celle qui rend hommage à ses rêves, ses attentes, ses ambitions les plus belles et les plus saines : de celles qui viennent encenser la valeur humaine et la protéger.
Musengeshi Katata
Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu
munkodinkonko@aol.com