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5 juin 2006

Quelle est la valeur de la diaspora pour l´Afrique ?

Serait-elle pour l´Afrique un espoir quelconque ?

Perdue en marée occidentale aliénante ou espoir vigilant ?

« Quelqu’un est pleinement conscient quand il ou elle est le résultat de s’être informe(e) et d’avoir été instruit(e) par l’expérience de ses ancêtres et utilise ce savoir pour s’améliorer, comprendre, et devenir capable de créer des institutions qui vont lui permettre de vivre en harmonie avec le reste de la nature et de l’univers. »     Professeur James Small

Le professeur Théophile Obenga affirmait dans une de ses nombreuses interviews que la diaspora aurait un rôle important à jouer dans le redressement de l´Afrique.

Cette considération, faite par un des plus éminents africanistes n´est pas sans son poids de vérité. Et cependant, on se demande logiquement dans quelle mesure, sur quelles bases de réalisation sociohistorique, et quelles sont les conditions que cette diaspora doit préserver ou remplir pour jouer un rôle quelconque dans le relèvement et l´émancipation de l´Afrique.

Une chose est évidente : ce n´est pas en immigrant à l´étranger qu´elle ne pourra agir efficacement, ni défendre valablement ses droits ou ses devoirs légitimes à la reconstruction de ce continent qui, soyons franc, aura besoin de tous ces fils et filles créatifs et motivés pour l´épauler et asseoir ses intérêts et son sens de l´histoire face aux autres partenaires universels. A moins, bien entendu, qu´elle ne serve commercialement les intérêts de l´Afrique. Et au-delà de sa participation active, il y a aussi plusieurs questions ou conditions qu´elle devrait remplir pour servir adéquatement les buts et les intérêts socioculturels de ce continent. Avant de les étayer rapidement, du moins les plus importants, ferai-je une distinction hélas, nécessaire et utile : dans la diaspora, comme dans tout groupement d´individus, il faut faire la différence entre ceux qui servent techniquement la cause ( ingénieurs, médecins, instructeurs ou techniciens de projets ou d´œuvres), et ceux qui, ayant compris la problématique africaine, ses contenus et ses contours, se destinent à la conception de l´esprit, aux conditions permettant à leurs pays respectifs à cultiver et harmoniser les facteurs qui ouvriraient sur leur épanouissement. De l´un à l´autre de ces deux camps, il y  interférence, échange et même substitution dans le meilleur des cas, ce qui permet la confrontation des idées, leur foisonnement objectif, et en définitive une meilleure vue des moyens, des facteurs et des possibilités qu´il s´agit de mettre en œuvre.

Maintenant, qui dit que la diaspora a une meilleure vision de l´avenir ou du progrès de l´Afrique ? Tous les potentats dictateurs installés par la francafrique, par les américains, les anglais ou les belges avaient au préalable fait leurs études en Europe ; cela ne les a pas affranchi, loin de là. Etonnamment, pas Patrice Lumumba, Samora Machel, Nelson Mandela, Thomas Sankara et ce furent des leaders incontestés et révolutionnaires qui se battirent pour leurs peuples et leurs droits à la légitime et souveraine réalisation. Pour mieux comprendre ce que c´est réellement que les simples aspirations d´un peuple, citons Thomas Sankara peu avant son assassinat : « Notre révolution est et doit être permanemment, l’action collective des révolutionnaires pour transformer la réalité et améliorer la situation concrète des masses de notre pays. Notre révolution n’aura de valeur que si en regardant derrière nous, en regardant à nos côtés et en regardant devant nous, nous pouvons dire que les burkinabé sont, grâce à la révolution, un peu plus heureux, parce qu’ils ont de l’eau saine à boire, parce qu’ils ont une alimentation abondante, suffisante, parce qu’ils ont une santé resplendissante, parce qu’ils ont l’éducation, parce qu’ils ont des logements décents parce qu’ils sont mieux vêtus, parce qu’ils ont droit aux loisirs ; parce qu’ils ont l’occasion de jouir de plus de liberté, de plus de démocratie, de plus de dignité. Notre révolution n’aura de raison d’être que si elle peut répondre concrètement à ces questions. » Et tout le monde sait que c´est la France via Houphouet Boigny et Blaise Campaoré qui l´ont assassiné. Question pertinente : la France et ses hommes de mains n´avaient-ils pas empêché le peuple Burkinabé à réaliser les prémisses de son développement ? Si donc des burkinabés formés en France se réclamaient du droit de participer activement au développement de leur pays, quelles conditions devaient-ils logiquement remplir pour être fiables, dévoués à la cause des leurs et logiquement, dans leurs intentions attelés sincèrement et loyalement à l´avenir de leurs peuples si ils ont été formés par celui ou ceux qui s´étaient mis en travers des intérêts imminents de leur peuple ?

Dr. John Henrik Clarke, un des plus grands idéologues du combat de l´homme noir disait : « Les peuples puissants n’éduquent jamais les peuples impuissants dans ce qu’ils ont besoin de savoir pour prendre le pouvoir des peuples puissants; c’est trop espérer. Si j’étais dans une position de pouvoir, je n’éduquerai pas les gens sur la manière de m’enlever mon pouvoir. »  autant dire : qu´est-ce qui nous fait croire que la diaspora ne soit pas en fait pourrie, plus traîtresse ou empoisonnante que rédemptrice pour l´Afrique ? Elle a somme toute vécu dans de meilleures conditions de bien être matériel que sa consoeur restée au pays, ne serait-elle pas tentée, et on le voit de plus en plus, à se vendre au premier venu, à aliéner jusqu´ aux dernières richesses naturelles du peuple pour réaliser une fortune personnelle, même si celle-ci faisait fi des intérêts et des droits du peuple. 

Pour répondre à cette question, et surtout pour ne pas, malgré les multiples exemples africains de délinquance et d´abus criant au pouvoir, on en vient tout simplement à se demander : quelle est donc la condition par laquelle cette diaspora serait encore utile aux leurs ? La seule imminente et incessible condition, c´est naturellement la conscience : la foi indéfectible, organisée et raisonnée dans l´amour et l´avenir des leurs. Pas de flambées de passions débordantes plus instinctives et désordonnées que rationnelles et organisée autant dans leurs discours, leurs fermetés d´intention, que dans la logique éprouvée avec laquelle ils veulent aller à l´œuvre. Que chacun défendent ses intérêts propres en passant, cela fait partie du réflexe de conservation de l´individualité de la nature humaine, mais lorsque cet intérêt personnel, en importance et en jugement dépasse de loin la prestation qui la justifie et l´honore, ce n´est plus normal. Par ailleurs, il ne faut jamais perdre de vue que la saine relation qui existe entre les résultats réels de toute prestation et ses honoraires est un rapport directement proportionnel.

Une autre condition, la plus importante à côté de la conscience ; c´est la capacité à Intégrer rapidement les facteurs et les données de son peuple pour créer un schéma efficace de logiques concourantes à une architecture solide et éprouvée de développement. L´occident, contrairement à ce qu´on pense, ne s´est pas développée logiquement ; elle le fait aujourd´hui parce qu´elle en a les moyens. Mais ces moyens, comme on le sait, ont été obtenus à coup d´esclavage, de colonisation, de viol et de vol, plutôt qu´elle n´a été le résultat linéaire d´une accumulation saine et franche. Et elle continue encore avec la francafrique sur les traces de son impérialisme renégat à se pourvoir de droits et de privilèges illégalement usurpés avec le droit du plus fort et l´égocentrisme rapace qui le qualifie ou qu´il a hérité de son passé sournois et rapace. Certes toutes ces fortunes ne se sont pas faites illégalement ; mais bien la plupart, sinon elle aurait mis des siècles et des siècles à s´industrialiser. Nous ne négligeons pas la part intellectuelle, scientifique dans cette évolution, bien au contraire ; c´est la raison pour laquelle nous attachons une importance accrue à la formation et à l´instruction. Une instruction ambitieuse, profonde, épanouissante de la dimension la plus chère de la connaissance : l´imaginaire créatif et spéculatif.

Rien ne nous fait croire que la diaspora africaine en occident soit le seul espoir de l´Afrique, même pas qu´elle soit une nécessité absolue ou inévitable. Cela dépendra toujours de sa qualité et de ses capacités. Et surtout de son amour, de sa loyauté, et bien sûr de son intelligence à unir la connaissance à la réalité propre et sincère de facteurs des cultures africaines réciproques. Chaque peuple, chaque individu, comme je l´ai déjà dit, veut se réaliser en rendant justice à ses rêves, à ses attentes, à ses désirs, et non comme l´occident voudrait nous le faire avaler : se regarder dans le miroir existentiel et découvrir que tous nos désirs, nos attentes, nos rêves portaient un autre visage que le nôtre, notamment celui du maître occidental. La liberté, au lieu d´être une quête légitime universelle, devenait une lutte qu´on livrait contre une culture qui, elle se donnait le droit de nous opprimer ou de nous vendre à pièces détachées inutilisables nos rêves interprétés, assimilés ou estimés tout court. Et au lieu de nous réaliser, soit nous nous dévoyions à nous débattre contre une chosification injurieuse et ses fantômes, ou nous pataugions à la médiocrité de l´imitation et du suivisme d´une aliénation qui nous transformait chaque jour, chaque décennies en phagocytes déboussolées.

Ce n´est pas cela la liberté. Pas du tout. En tout cas pas celle de Patrice Lumumba, de Malcolm X, de Thomas Sankara, d´ Ahmed Sékou Touré, Martin Luther King, de Marcus Mosiah Garvey…et de tant et tant d´autres : celle qui nous brûle encore l´âme par ses cris puissant et impétueux ; celle qui dans sa tendresse, sa beauté, sa générosité viendra rendre justice aux larmes de nos femmes et de nos enfants. Et caresser notre cœur d´un rare baume de joie. Car à chaque battement, à chaque tressaillement régulier, il charrierait un sang chaud et pur dans le sourire et l´espoir des nôtres.

Musengeshi Katata

Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu

munkodinkonko@aol.com   

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Commentaires
M
Quand on a compris la technique d´expression sur un blog, monsieur Shaka, on la garde pour soi. Enfin, bon. Le grand problème de la culture africaine, c´est la trop courte vision d´ensemble, restriction à laquelle vient s´ajouter un complexe instinctif de conservation culturelle lié à des siècles et des siècles d´invasions musulmanes et chrétiennes. A cela s´ajoute depuis 200 ans un systématisme d´oppression raciale d´une infamie sans précédent de la part de l´occident. L´ignominie de la francafrique qui sévit en Afrique en ce moment est qu´elle donne l´impression que c´est l´élite noire qui est défaillante ; certes, elle l´est dans la mesure où elle tombe toujours dans des pièges ouverts tendus à ses pieds. Mais pendant que le criminel qui profite et jouit de tout ce marasme et cette balkanisation sournoise, lui apparaît comme l´humaniste (ô perversion), le sauveur de la veuve et de l´orphelin (ô fronderie et mensonges), celui qui se débat essoufflé et plutôt déjoué dans sa naïve bonne foi apparaît, lui comme l´incapable sans talent et sans cœur qui assassine lui-même ses propres enfants. Et c´est cela la pire des infamies, parce qu´elle fait désespérer l´élite africaine au point que certains jette l´éponge et se jette dans la frondeuse criminalité, en désespoir de cause. Cela appauvrit encore plus les leurs et permet aux faussaires occidentaux de jouer de mieux en mieux leurs fourbes jeux d´aides criminelles et de conseillers détrousseurs faussement humanitaire. Inversion diabolique que beaucoup ne comprennent que lorsqu´il est trop tard : lorsque leurs chaînes enserrent leurs poignets et leurs pas. A la longue, les peuples et leurs élites se demandent s´il y a moyens d´échapper à ce monstre occidental aux tentacules infinies et omniprésentes. Déprimant, et honteux.<br /> Une phrase d´Harriet Tubman illustre bien le problème de la perception objective de la soumission, et dans son ensemble, celui de la définition réelle de la liberté. Elle disait, cette femme qui avait libéré et sauvé des milliers d´esclaves avec son « underground railroad » : « J’aurais pu libérer un millier d’esclaves en plus si seulement j’avais pu les convaincre qu’ils étaient des esclaves. » C´est dire que l´esclave lui-même avait perdu le sens réel de tout jugement quant à son existence et même quant à sa liberté tout court ; il n´était plus qu´une chose du maître sans âme et sans volonté comme le maître le souhaitait. <br /> En ce qui concerne la diaspora soumise aux facilités et au sexisme occidental décadent, la question est toujours s´ils savent définir la liberté en tant qu´universalité indépendante du conditionnement occidental dominateur et faussement humanitaire, et aspirer à des valeurs qui les rapprochent de leurs identité noire ou s´ils ne resteront que des fantômes du maître et de son utilitarisme. Ce qu´il en sera, je ne sais vraiment pas te le dire. Tout ce que je sais, c´est qu´un monde est aussi fait de tolérance et de diversité ; ce qui me révolte, c´est que ce soient toujours les mêmes qui tiennent le bas du pavé, et les autres qui jouent les faux civilisés et donneurs de leçon de morale ou de développement. Nous allons nous battre pour ceux qui aspirent à une vraie liberté, mais pour ceux qui préfèrent la servitude, et l´illusion d´appartenance à la cour du maître, nous ne pouvons vraiment rien. Autant bâtir sur le sable. La liberté, il faut savoir la comprendre, l´aimer, la construire et la protéger ; celui qui dès le départ s´est déchargé de ses devoirs envers elle n´est plus que l´ombre de lui-même, et vouloir lui apprendre ou l´éclairer sur ce qu´il ne veut pas assumer, c´est perdre son temps. Aussitôt le dos tourne, il se vend au premier venu. Musengeshi Katata. Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu.
S
Unir, réconcilier, soigner les blessures physiques et morales du passé, émanciper par rapport à un idéal de réalisation : c´est le sort historique de la race noire. Et ceux qui, comme les américains noirs pensent qu´ils sont arrivés au bout de leurs peines, se trompent beaucoup. Car face à la domination de l´homme blanc, se reposer entre ses bras, c´est se livrer au diable en personne. Une autre illusion dangereuse que tu as relevé dans tes écrits m´inquiète : croire que c´est l´homme blanc qui dicte et détermine notre combat ou notre sens de l´histoire. Il nous le suggère implicitement, par l´esclavage, la colonisation et la francafrique ; par une méchante, plutôt criminelle et cruelle domination que par la fraternité ou le partenariat équitable et solidaire, et pourtant, chaque être humain, chaque peuple, chaque race ne doit sa liberté qu´à lui-même, pas à un autre ou un maître. L´autre hérésie de la domination occidentale, c´est de vouloir faire croire aux noirs que Dieu est blanc, et qu´il leur a permis, oui, autorisé à s´accaparer de tous les biens et personnes de la terre pour les soumettre à leurs vices et à leurs exactions. Or Dieu, comme le dit si bien Simon Kimbangu, est une abstraction spirituelle qui a le visage imaginaire et réel de celui qu´elle représente spirituellement. Personne ne peut donc logiquement imposer son visage aux autres. Toute domination religieuse a ceci de criminel : elle castre le croyant et l´enchaîne à une spiritualité qui ne répond ni à son image, ni à ses prières. Ce n´est rien d´autre que l´instrument moral, spirituel de domination du maître. Conscient de ce problème, Dr. Ben Jochannan disait : « Les Africains n’ont pas encore appris qu’aucun autre peuple a continue a vénérer le Dieu des autres, spécialement le Dieu ou les Dieux de leurs maîtres esclavagistes pour se libérer du génocide culturelle et physique. Pourquoi les Africains sont-ils la seule exception a cette réalité historique? » Parcequ´ils sont aveugles ou parce qu´ils sont bêtement, idiotement aliénés à ce point qu´ils sont incapables de saisir la conditio sine qua non de la libérté ? Heureusement, un Simon Kimbangu disait : « Dieu est noir ». Mais beaucoup de noirs, et même de kimbanguistes n´ont pas encore compris la portée exacte de cette prophétie, et continuent encore à penser ou à alléguer que Dieu est blanc. Incroyable !<br /> Ceci nous amène à ton article. Et comme toujours, j´y ai relevé les pièges et les lacunes que tu as l´habitude de placer dans tes textes pour inciter les gens à les relever. Dommage que beaucoup ne suivent pas et participent aux débats pour enrichir et élargir l´opinion que nous avons de nous, des choses, de notre avenir. Quelques uns le font, Dieu merci, mais j´ai appris à savoir que l´important est l´idée, la pensée objective, pas les bêtes discussions idiotes ou peu argumentée. Cela pose aussi la question : avons-nous assez de bons penseurs, ou se cachent-ils tous sous des diplômes qui ne valent rien du tout, parce qu´ils leur ont été offert par une culture qui les méprise ? Voilà le mal. <br /> L´avenir dira si oui ou non la diaspora représente quelque valeur pour l´Afrique. L´intelligence ou l´instruction ne sont importante que si elles servent au bien t à la promotion sensible de la société qui l´a engendrée, pas contre elle. Tout est question d´amour, mais aussi de sens prononcé de la liberté. Et si tu veux mon avis, j´irai plutôt à avancer que les vrais des vrais sont en Afrique, car c´est là que la terre fleurit et que le vent mugit de ses tourments. Tu me diras qu´il ne faut pas oublier Kémi Séba. D´accord, tout à fait d´accord. Les autres, ils doivent prouver comme tout autre qu´ils sont restés africains, et que dans leurs coeurs battent ce sang chaud, intrépide et assoiffé de la liberté. Et de l´amour de l´homme noir. Hugh, j´ai dit! Shaka Bantou
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