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28 juin 2006

La carte africaine qui gagne existe-t-elle ?

Qui la détient ou comment se la procurer et la mettre en jeu ?

Afrique : l´espoir existe-t-il encore ?

"You're not an African because you're born in Africa . You're an African because Africa is born in you. It's in your genes.... your DNA....your entire biological make up. Whether you like it or not, that's the way it is. However, if you were to embrace this truth with open arms....my, my, my....what a wonderful thing."    Marimba Ani

Au delà de la misère, de la pauvreté, du manque d´organisation et de production actuel qui règne sur le continent africain, par delà tous les désagréments de l´histoire, de leurs causes et des raisons de leurs maux ; y a-t-il un quelconque espoir qu´un jour très prochain ce continent se donne les moyens d´épanouir, d´entretenir et de défendre sa liberté, la souveraineté et l´originalité de sa réalisation ? Que les habitants du continent éternel aient la chance et le loisir de mettre leur culture enfin épanouie au service de leurs désirs, de leurs attentes, des rêves assoiffés de leurs propres enfants ? Que les africains soient capable d´offrir au monde, au grand rendez-vous de la grande fête des cultures humaines, les paisibles richesses de leur créativité, fièrement, librement ; plutôt que contraint,  acculé à l´aumône internationale, ou en perdant continuellement pied sur leur propre avenir par des embuscades sournoises par lesquels leurs richesses, leurs fils les plus doués, leurs matières premières servaient aux autres plutôt qu´à eux-mêmes ?

Pour répondre à cette question et faire taire tous les faux optimistes (occidentaux colonialistes invétérés comme africains demeurés et plutôt aveugle qu´avertis), je citerai l´exemple allemand, et plus précisément le professeur Hans Werner Sinn dont l´ouvrage : « Ist Deutschland noch zu retten ? » (Traduction du titre : Peut-on encore sauver l´Allemagne ?) paru chez ECON à München et dont le succès, depuis sa première édition en 2004 (6ième réimpression épuisée), est non seulement impressionnant mais illustratif d´une recherche d´objectivité et d´analyse réelle de la situation sociohistorique et économique de l´Allemagne d´après la réunification. Cette démarche, autant critique que didactique au début contestée, a fini par vaincre les aveugles et les bornés qui, sous le savantisme prétentieux allemand, se refusait à reconnaître la réalité alarmante de leurs propres statistiques, et surtout l´acuité des paramètres sociaux économiques défectueux de ce pays industrialisé. Pour le commun des mortels, et malgré que Réalisance s´attache à mettre à la portée de ses lecteurs de certaines vérités et projections analytiques fondées, mais difficiles à comprendre pour les non initiés de l´interprétation sociohistorique des chiffres et de l´invisible significatif et causal des facteurs économiques de sociétés ; le chômage, les licenciements intempestifs malgré des gains exubérants des sociétés commerciales, les endettements actuels galopants des pays industrialisés, …se réduisaient trop facilement à une crise que les politiciens, à grands discours populistes ou vides promettaient de vaincre. On perdait presque de vue que cette crise durait depuis bientôt 30 ans ! Et que de mesure en mesures inefficaces, les choses semblaient plutôt s´empirer que se réparer. La concurrence chinoise et indienne, elle arrivait à grands pas…et tous les autres qui s´étaient donnés la peine d´améliorer leurs productions et leurs facteurs de production,  et repoussaient le centre occidental lentement vers un centralisme et un qui vive qui nuisait lentement mais sûrement  au dernier libéralisme économique de ces Etats. Et partant, à leurs valeurs démocratiques.

En Afrique, un tel livre aurait soulevé un tollé général et serait vraisemblablement saisi comme ce fut le cas pour biens de journaux, de livres de par le monde, ou alors invendu par manque évident d´intérêt de la culture critique. Non, je n´irai pas aussi loin pour dire que l´Africain n´est pas objectif ; mais l´objectivité est une femme - la plus belle de la raison – exigeante et capricieuse. Il ne suffit pas de lui lancer à longueur de journées ou de siècles des compliments sans lui offrir, lui ouvrir les moyens de nourrir et d´entretenir la beauté attirante de ses lignes parfaites, autant qu´elle rejetait tous ceux qui méprisaient ses rêves équilibrés, ses désirs incisifs et rationnels de perfection. Cette maîtresse fatale punissait et repoussait tous ceux qui ne savaient ni aimer ses bruyants et tapageurs enfants, ni les protéger ; autant qu´elle consignait ses victimes à un sort d´hébétude impitoyable. On le voit en Allemagne, aux Etats-Unis, en France, en Afrique, dans le monde entier : chaque société souffrait de ses complexes, de ses petites pudeurs, de ses petits mensonges, de sa propre fausseté. Certaines sociétés brillaient même dans l´art de rejeter sournoisement leurs médiocrités ou leurs manquements sur les autres. L´important, cependant, est que malgré tout, celles-ci n´étouffent ni l´amour des critiques et des penseurs envers l´objectivité, ni ne les empêchent d´entretenir les réflexes qui permettent à cette grande dame de la raison à nous ouvrir ses bras en nous laissant déguster les nombreux fruits créatifs de sa séduction. Parce que ce n´est que dans sa passion que nous apprenons à corriger nos erreurs, à chercher et parfaire l´idéal qui nous ronge et se traduit par une quête, un tourment éternel inconsolable.

L´Afrique est actuellement la plus touchée des continents de par le manque de critique rationnelle, de science et de technologie ; et ne jouons pas avec les mots : cela explique notamment sa situation économique actuelle. Et malgré que le Bâton d´Ishango fut découvert au Congo, ce qui prouvait que ce bassin, il y a 22.000 ans de cela, pratiquait valablement les mathématiques ou l´histoire brillante des pharaons d´Egypte, ou encore que Malcolm X dise : "Les Révolutions commencent dans l’esprit. L’esprit est une chose terrible à gaspiller", la tradition rationnelle en Afrique souffrait de beaucoup de délaissement et, hélas de l´arrivisme, de l´illumination, ou même de l´obscurantisme béat. Tous les défauts infantiles du sous développement. Et même si dans le monde industriel avancé un Georges Orwell avouait : «En ces temps d’imposture universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire», rien ni personne ne peut sauver qui que ce soit de la fonction la plus importante de la nature humaine : l´usage et l´entretien de la raison. Et si l´objectivité, comme toutes nos valeurs humaines, est d´obédience sociale incessible et capitale, sa genèse et sa pratique est cependant individuelle. Quiconque lésine à l´instruction, à la connaissance et à la culture de la critique, ou un état qui néglige d´orienter l´éducation de sa société à affronter les barricades intellectuelles, à la longue, s´abrutit  ou dégénère tout simplement. Se suiciderait-on en Afrique où l´instruction collective, la culture de la raison critique, la production de biens de réalisation attestait de joyeuses écoles buissonnières ?

De par l´esclavage, la colonisation, la domination occidentale sur l´Afrique (langues, normes administratives, industrielles, culturelles), on assiste à un phénomène sociologique des plus dangereux : au lieu de résoudre les problèmes existentiels spécifiques des sociétés africaines, les propriétaires, les maîtres de la norme occidentale (France, Angleterre, Hollande, Belgique, Allemagne, Italie…toutes les anciennes nations coloniales) se contentaient de reproduire et d´imposer un schéma socioculturel qui tout en répondant à leurs propres généalogies sociohistoriques, à leurs existentialismes respectifs, ne résolvait que leurs problèmes ; pire, ces nations employaient leurs cultures et leur industrialisation pour dominer et corrompre l´avènement, le développement d´une historicité autonome, libre et souveraine du tiers monde, et particulièrement de l´Afrique. Personne ne peut réaliser un autre d´autorité ou sans que les attentes, les désirs, la culture de la personne ou de l´Etat concerné ne s´exprime souverainement et ne s´accomplisse librement dans ses tourments psychoculturels les plus profonds et intimes. Ce qui me fais dire que l´ingérence, la mainmise ou le conditionnement occidental en Afrique est d´une criminalité historique sans précédent, autant qu´elle prouve que cette culture occidentale abusivement dominante est d´un barbarisme des plus dangereux. Car tout en se réalisant au compte des autres, elle n´apporte aucune solution culturelle satisfaisante aux problèmes dont elle ne perçoit que superficiellement la portée et le contenu réel ; et cependant, elle contraint, contrôle et domine ceux qui sans leur liberté et leurs moyens financiers propres, économiques, culturels, avaient le devoir de réaliser des rêves, des désirs dont eux seuls connaissaient la couleur, le contenu, la valeurs et la signification. Toute l´horreur et le mensonge de l´esclavage et du colonialisme.

Sortir de ce bourbier, pour l´africain, qu´est-ce que cela signifiait-il ? La raison, la science est universelle ; seules ses applications sont spécifiques et ou relatives aux particularités multiples des cultures, des moyens naturels et même de l´évolution technologique et intellectuelle. Seuls sont idiots les aliénés qui persistent à reproduire aveuglément le discours colonialiste paternaliste ou impérialiste du maître blanc, d´employer ses méthodes cognitives ou sociologiques sans au préalable les adapter ou les soumettre à une adéquation culturelle appropriée. Parler par exemple d´énergie atomique en Afrique sans avoir au préalable développé l´énergie solaire ou épuisé ses multiples possibilités, c´est faire un suivisme scientifique qui reniait un avantage naturel sans précédent, et manquer d´un sain jugement rationnel.

Ce qui choquait le plus en Afrique en ce moment, c´était la négligence de l´instruction Et de la production intellectuelle discursive sur ce continent. Tout dans la vie n´est pas rationnel, loin de là ; et cependant, les choix de l organisation et de la gestion sociale, pour être efficace et de large accointance, doit se fonder sur idéal d´objectivité sociale. Croire que la liberté se fait par elle-même, oisivement sans la conforter, la concevoir, organiser et affirmer son idéal pendant que l´Etat sous développé vendait à qui mieux mieux les matières premières qui représentaient la dernière chemise du peuple sans autre résultat que l´aumône et la dépendance à l´occident ; c´est se retrouver dans quelques décennies sans moyens matériel d´exercice scientifique, sans accumulation, et disons le sincèrement, sans avenir.

En occident on a souvent la sournoiserie de dire que les africains, surtout ceux qui sont restés sur le continent, sont des perdants. Ce n´est absolument pas mon avis. Il suffit de voir ce qui se passe actuellement dans les sociétés industrialisées riches et donneuses de leçons de savoir faire économique, politique ou scientifique pour être bien étonné : au sommet de la science et de la technologie, ils se prêtent à des contradictions sociales des plus infâmantes telles que le chômage, l´endettement public exorbitant, le racisme et l´exclusion sociale, et pratiquent envers l´Afrique un hégémonisme des plus étouffant par la francafrique, par exemple. Tout cela avec de faux slogans de liberté, de démocratie, de coopération. On se croirait, à s´y méprendre, chez les menteurs et les faussaires de valeurs les plus éhontés de l´univers. Mentir, tromper, ruiner, entremettre, priver de liberté, déjouer et souiller la souveraineté et la réalisation des faibles et des innocents ; serait-il devenu l´art civilisé idéal qu´on offrait en exemple à tous ? Quelles inepties, quel monde pervers, n´est-ce pas !

La vérité est encore plus curieuse : ces sociétés prétentieuses et plutôt méprisantes de la réalisation des autres se sont rendus comptes que leur cupidité les avait conduites à une étonnante évidence : ce n´est pas leur définition de la liberté qui importait exclusivement, mais aussi celle des autres. Qu´à force de surproduire, ils étaient devenus dépendent d´acheteurs étrangers. Mais alors, pourquoi les avoir si honteusement, et non moins sournoisement détroussés ? Ignorerait-on les lois élémentaires du marché avec un atavisme racial, hégémonique qui déniait toute lucidité rationnelle : assassiner et étouffer ses futurs clients comme le faisait joyeusement la francafrique sur le continent noir relevait de la pure illumination criminelle bornée, car on se suicidait, en fin de compte, soi-même en appauvrissant ou en éliminant ses futurs clients. Par ailleurs, clamer à gorge déployée qu´on était défenseur et promoteur de liberté, de démocratie, d´humanisme tout en pratiquant exactement l´inverse, cela ne consacrait en rien une quelconque prétention ni intellectuelle, ni logique. Mais bien un défaut évident de bonne foi.

L´Afrique, pour réparer ou contrer ces tendances négatives, devrait se consacrer, plus intensivement et énergiquement à la modernisation, la restauration et la mise à jour de ses facteurs culturels de réalisation : l´instruction et l´éducation accrue de ses populations afin de cultiver et de rehausser son niveau rationnel. Ceci augmenterait la prise de conscience de réalisation culturelle, et ouvrirait sur l´avènement d´un imaginaire averti et créatif supérieur permettant de mieux exprimer, défendre et promouvoir l´assouvissement réel des rêves, des désirs, des attentes dont se nourrit toute culture, toute quête existentielle. Il ne s´agit ni de copier, ni d´être ou de devenir une succursale culturelle occidentale ou chinoise ou de quelque nation que ce soit ; mais bien de sortir de la «Matrix» du maître, de cultiver et d´entretenir une liberté qui nous réalise d´abord au lieu de nous réprimer et de réaliser un autre qui nous chanterai alors les louanges de quelque fausse amitié ou aide. Si la liberté ou la réalisation est une définition universelle, multiraciale, tolérante, légitime et naturelle ;  celle-ci incluait aussi notre souveraineté et notre entière et pleine réalisation. Car nous aussi nous sommes parties prenantes de l´existence humaine. Et pas seulement comme des objet, des esclaves ou des subalternes, mais comme des êtres humains qui ont des droits, des devoirs envers eux-mêmes et les leurs, et dont on doit respecter la liberté créative et sa pleine jouissance.

Ceux qui n´ont pas encore entrevu la solution à nos dilemmes diront : mais diable, comment se débarrasser de cette sangsue occidentale sournoisement fausse et accablante ? Et pourtant, c´est possible. La solution se trouve au bout de notre nez : personne ne peut nous imposer un système financier et économique qui nous vide depuis 46 ans de nos substances vitales tout en nous réduisant à la consommation asservie des produits du maître. Et pour ce qui est des matières premières, les vendre aveuglément sans accumuler une valeur réelle monnayable dans l´avenir, c´est s´offrir gratuitement au gibet des perdants qui demain ne sauraient ni produire, ni survivre, parce que malgré leurs collections de papiers monnaies, là où il n´y a pas de matières premières ou de pouvoir équivalent d´échange ; ces belles monnaies ne sont rien d´autre que de belles images sans valeur commerciale aucune.

La carte qui gagne existe donc. Mais elle n´est pas sans efforts et sans conviction. Elle n´est faite ni d´esclavage, ni de colonisation ou de racisme comme l´a été l´historicité occidentale ; et c´est donc qu´elle est plus pensée, réfléchie et d´efficience, d´organisation et de mise en œuvre exigeante. Elle se fonde sur les peuples eux-mêmes, l´éclosion et l´épanouissement de leurs possibilités que sur l´emploi, l´usage ou l´abus de moyens de production et de réalisation de tiers. C´est peut-être ce qui fait son originalité, mais aussi sa fierté et sa beauté ; parce qu´elle peut entretenir et cultiver des valeurs de liberté plus sincères, moins fourbes ou sournoises. Il ne dépend que de nous de le comprendre, de l´entreprendre et de la chérir. Car je suis persuadé que ses fruits sont d´un rare goût enivrant d´honnête et intègre moisson.

Musengeshi Katata

Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu

munkodinkonko@aol.com

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