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4 juillet 2006

Le face à face du faux: l´occident face à l´Afrique

L´un ment et trompe par mauvaise foi, l´autre par incapacité et aliénation

Le grand théâtre de l´escroquerie existentielle afro occidentale

Commentaire sur l´article : Les nouveaux damnés de la terre

par Boubacar Boris Diop publié le 28/06/2006

« Et si la nouvelle loi sur l’immigration de Nicolas Sarkozy ne révélait autre chose qu’un état d’esprit esclavagiste ? Peut-on choisir ses immigrés comme jadis les maîtres blancs choisissaient, selon leurs critères, leurs esclaves ? Boubacar Boris Diop analyse sans fausse pudeur les enjeux et les leurres politiques dont sont l’objet les migrants clandestins subsahariens… prêts à tout pour rejoindre l’Europe. » Boubakar Boris Diop   

Cet article est typique pour le faux dialogue de sourd qui régit actuellement les rapports entre l´Afrique et l´occident. Tout y est, et cependant dans un ordre si entremêlé et désemparé qu´on se demande quel est au fait le but de l´article : attaquer Sarkozy qui ne fait que son devoir de gardien de l´ordre et de la paix sur son territoire national ? Ou voudrait-on l´inciter à transformer la France en un camp d´émigrés pour lesquels on n´aurait ni travail, ni logement ? Quel est donc le pays qui ouvre largement ses frontières tout en sachant que ceux qui arrivaient ne répondait ni á ses critères d´intégration, ni à ses attentes, et encore moins à ses besoins ? après tout, ces gens, dans une société organisée et structurée, il fallait les loger, les nourrir, leur prodiguer des soins médicaux s´ils sont malades, les intégrer et leur donner un avenir au sein de la société afin qu´ils fassent leur chemin et leur vie. Mais apparemment tout le monde semblait oublier que la France, comme toute l´Europe était en pleine crise économique et que le chômage y battait son plein au grand désagrément de toute la société ! Beaucoup trop d´africains voulaient taper sur Sarkozy, pour se défouler ou pour se débarrasser d´un sentiment de révolte face au rejet ou à la retenue grandissante dans la société française, allemande…dans tout l´occident. En Allemagne on entendait des cris comme: « Das Boat is voll ! » ou « Das Maß ist voll ; wir können nicht mehr ! (Trad. Le bateau est surchargé ou le verre déborde, nous n´en pouvons plus). On comprend pourquoi les frontières soient hermétiquement fermées et qu´on parvienne sur le territoire de l´Union Européenne que par l´Espagne, en violant les frontières.

Et si la défense européenne de ses frontières était légale et légitime pour protéger les droits et les acquis de ses citoyens – ce que les africains devaient comprendre ; ce qui choquait, et que les européens, et même Sarkozy mentait tout á coup effrontément ou il faisait tout à coup semblant de ne rien savoir de la francafrique. De ce monstre économico financier qui avec ses énormes tentacules répugnantes buvait le sang financier des africains et le thésaurisait chez lui ou le mettait à la disposition de ses citoyens et de tout l´occident, privant l´Afrique de moyens économique et financier de développement. Et pour tromper les apparences, on échangeait l´argent plein des africains contre l´argent vide de l´aide au développement. En fait les africains allaient réclamer un dû chez un créancier qui jouait tout à coup le sourd et l´aveugle. Le système de francafrique qui est issu de l´esclavage, du racisme et du mépris évident de la race blanche à l´égard de la race noire est d´un machiavélisme et d´une cruauté existentielle sans pareil : lorsque les anciens coloniaux sentirent venir le vent irréversible des indépendance, acculés, ils mirent sur pied cette escroquerie raffinée à la monnaie, aux échanges économiques inégaux et instaurèrent des potentats aliénés ou des demi portions politiques qui n´y virent que du feu. Quant à tous ceux qui opposèrent à cette machination des intentions d´organisation classiques de l´économie, comme Patrice Lumumba qui voulait mettre tout son peuple au travail et le faire produire les moyens et les conditions de son propre avenir, on les liquida illico. Pour les occidentaux, l´Afrique, comme pendant la colonie ou l´esclavage, devait se limiter à livrer ses matières premières ; pas à produire ou concevoir un quelconque avenir en dehors de celui que lui réservait l´occident. Et pendant que le monde blanc lui s´industrialisait et devenait opulent, l Afrique, elle jouait le sous fifre qui soignait les apparence et s´efforçait, en désespoir de cause, á sortir de ce piège scandaleux.

Ce qui frappe aujourd´hui, c´est ce théâtre de faussetés qui met face à face l´occident avec l´Afrique : tout le monde dit la vérité ; mais ce n´est que demi vérité. Tout le monde ment pour cacher la vérité, et ce n´est plus assez pour rendre à chacun son vrai rôle historique. Les africains ont participé à leurs propres enterrement en fermant les yeux ou en faisant confiance à des vautours mal intentionnés. Quant aux occidentaux, ils avaient beau faire semblant d´aider l´Afrique en la noyant effectivement, en corrompant leurs élites ou les attirant en Europe où ils perdraient sous le confort, le luxe du progrès leurs velléités africaines, en Afrique cependant, la pression des masses irritées par la misère et la stagnation économique croissait de jour en jour et devenait explosive. Le Congo de la RDC en était la preuve flagrante. Le désordre de la guerre civile de redistribution qui avait coûté la vie à 5 millions de citoyens risquait de mettre en danger l´approvisionnement occidental en matières premières dont ce pays regorge. On avait beau y dépêcher des missionnaires armés jusqu´aux dents pour surveiller les élections et faire montre d´autorité, tant que la misère et la pauvreté du manque de travail et de l´absence de production nationale de moyens de développement faisaient défaut, tout ce remue-ménage et cette parade tropicale d´uniformes étrangers n´étaient rien d´autre que fanfare et cirque cosmétiques momentanées. Du tape à l´œil sans consistance. Tout ce qui leur importait était les matières premières et leur mainmise. Cette parade militaire et ce déploiement arrogant de nationalités ressemblait à s´y méprendre à l´invasion irakienne sous régie et version européenne. L´après coup du désordre : la paix infâme. Espérons sincèrement que le peuple congolais ne se laissera pas impressionner par ces muezzins de l´ordre économique internationale criant et s´égosillant à la prière de l´exploitation d´un capitalisme primitif qui n´avait qu´un but : enrichir les riches et appauvrir les mêmes qu´hier. Ou avait-il changé de catéchisme, et depuis quand ?

Etait-ce une question de temps, de mentalité ou tout simplement de vision culturelle qui empêchait les rapports afro occidentaux de quitter cette sournoiserie pernicieuse qu´elle côtoyait depuis 600 ans ? Depuis que la Russie avait secoué l´Ukraine avec un ultimatum énergétique du gaz en plein hiver et que cette situation avait créé des craintes en occident, et surtout en Allemagne, l´Europe qui avait crié sur l´arrogance musclée de l´Amérique envers l´Irak était revenue sur terre : elle avait devant ses yeux ce que la possession de matières premières stratégique pouvait engendrer en chantages et désagréments. Surtout sur le secteur énergétique qui était un secteur clé de l´industrie. La France, elle s´en trouvait minimalement concernée : elle tournait à 79% au nucléaire. Mais toute cette histoire avait réveillé en occident des peurs de ruptures d´approvisionnement. Vu de l´Afrique, cependant, le grand problème était que l´occident aimait à imposer les prérogatives de ses besoins, mais vendait toujours du faux et du vent lorsqu´il s´agissait de comprendre et d´accepter celles des africains. On tournait alors en rond, on promettait, on nommait des commissions bilatérales qui n´aboutissaient, en fin de compte qu´à un status quo qui ne menait les africains nulle part, sinon devant une porte fermée. Fin de route. Aucun occidental ne semblait comprendre qu´il ne s´agissait pas pour les africains de devenir les esclaves -consommateurs commerciaux de leurs industrie, mais de se développer soi-même, c´est à dire de créer de haut en bas les moyens et les conditions nécessaires à l´épanouissement organisée et libre de la société, et donc du développement autonome de celle-ci. Le seul moyen sûr de garantir et de cultiver la liberté.

Au plus nous avancerons dans la crise qui, même de l´avis de hautes instances de la banque Mondiale, aboutira à la relève de l´Amérique comme le pays économiquement le plus puissant par la Chine, nous assisteront à des actes d´interventionnisme désespérés de la part des occidentaux pour retarder cette échéance, ou du moins s´assurer de moyens industriels leur permettant de conserver leurs acquis. Ce qui se traduira par un face à face afro occidental de plus en plus sourd et inégal, parce que les uns ne veulent pas réformer, et parce que les autres ne peuvent plus donner leur vie pour un système, une culture qui, depuis 600 ans les menait en bateau avec un sarcasme des plus indifférent. Et pourtant, la troisième voie existe et pourrait être engagée avec succès car elle permettrait à tous de tirer des avantages substantiels importants pour l´avenir. Mais celle-ci exigeait la fin de la sournoiserie et des réformes fondamentales autant dans l´esprit de la coopération que dans les structures économiques et financières. Mais si les occidentaux s´accrochaient à leurs malaises et, comme toujours, croyaient que toute réponse se trouvait dans la surproduction, il était cependant surprenant qu´ils étouffent ou assassinent leurs futurs clients ! Qui donc consommerait leurs invendus ? Logique tronquée du court terme. Certes, certes, on espère toujours que la Chine sera un grand marché qui engloutirait bien de produits ; mais ces chinois n´étaient ni aveugles, ni naïfs comme les africains. Le retour du courrier était garanti. On l´a vu avec VW, le textile, le cuir ; quiconque voulait vendre sur leur territoire devait ouvrir ses frontières inconditionnellement aux produits chinois. Ce droit de suite commercial risquait d´avoir, pour les occidentaux protectionnistes des conséquences destructives sans pareilles. Investir en chine, tout cela est bien profitable et beau ; en supporter les conséquences économiques et financiers, c´est une autre paire de manche.

Et j´ai bien peur que tout cela ne contracte dangereusement l´aptitude, la flexibilité occidentale à voir plus loin que ses problèmes immédiats, d´autant que sa trop longue domination sur le monde ne lui a pas permis réellement d´épanouir une pensée, une conception de la liberté qui allait au-delà de ses intérêts. On a beau parler de liberté, de démocratie ; on a beau philosopher à grands mots et à longueur de siècle, tout tournait autour de soi comme un soleil qui craignait son ombre : celle où tous les autres étaient contraints de se réfugier pour ne pas être brûlé par le vol d´Icare. Un peu tard, et plutôt sans conviction, les intellectuels européens se mettaient à avancer lentement vers une vision des choses qui leur était inconnue : le respect de la liberté et la réalisation des autres. Et malgré leur bonne foi, ce qui rendait leur tâche ardue, c´était qu´ils se rendaient compte qu´ils ne connaissaient personne, à part eux-mêmes et leur miroir de reproduction. Par ailleurs, tous les instruments intellectuels qu´ils employaient étaient tous entachés d´égoïsme, de parti pris, de rapacité, de bien de qualités d´un structuralisme égocentrique et paternaliste propre à la domination et au jusqu´auboutisme occidental des 600 dernières années. En face d´eux se trouvaient ceux qui avaient été brimés, avilis, martyrisés, pillés et privé de la moindre des libertés. Et ce qu´ils lisaient dans leurs yeux, ce n´étaient pas de l´admiration. A quoi pouvait ressembler le dialogue avec de tels assoiffés ? Encore des mensonges ? Encore des sournoiseries ?

Musengeshi Katata

Muntu wa bantu, Bantu wa Muntu

munkodinkonko@aol.com

                       

             

         

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