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6 octobre 2006

Coup de colère sur le marché de l´emploi en Allemagne

L´affaire QBenQ-Siemens : escroquerie sociale préméditée ?

Quand le profit meurt et désemploie, la rage sociale s´installe

« On ne peut pas laisser tout le monde vendre n'importe quoi au motif qu'il y a un profit. » Jacques Chirac 

Le dépôt de bilan de BenQ, entreprise taiwanaise qui avait repris une des société de Siemens qui produisait et vendait les portables de sa marque, a soulevé un désagrément public ressenti sur le marché de l´emploi autant que de la part des autorités allemandes de toute la république. Cette histoire tombait mal à la veille des fêtes de la réunification allemandes (03 octobre) parce que malgré la cosmétique gouvernementale, le bilan de cette réunification n´était, à part les belles routes et les cabines téléphoniques modernes, bien faible, pour ne pas dire désagréable. Non seulement l´Est était en mal financier, mais il souffrait énormément du chômage qui atteignait dans certaines régions 40% ! , mais l´absence des investissements tant attendus d´une part, et l´exode déracinante des jeunes désespérés et exaspérés vers l´Ouest ou l´étranger mettait les communes à mal. Un grand sondage d´opinion a laissé entrevoir à l´occasion de ces festivités qui se déroulaient à Kiel, dans le  Schleswig Holstein, a mis à jour que 75% des ex habitants de la DDR se sentaient toujours, 16 ans après la réunification, comme des citoyens de deuxième choix. Pas très encourageant. Et dans un pays qui comptait 12% de chômage, une dette publique (fédérale + communes + Etats) dépassant 2000 milliard d´€, des assurances sociales en banqueroute, et un vieillissement irréversible de la population (ce qui aggrave le paiement futur des dettes, et l´augmentation des frais de pensions, et ceux de la santé). Les allemands ont beau jouer les optimistes, inciter à la « durchhalten Parole », les choses n´étaient roses ni sur le marché de l´emploi, ni dans les finances de l´Etat, ni dans les industries qui se tournaient de jour en jour plus nombreux vers la Chine, ou l´Est européens pour y produire à bas prix et revenir revendre leurs produits en Allemagne et ailleurs avec de succulents bénéfices. Par ailleurs, les rentiers et millionnaires faisaient étonnamment plus de profit en bourse qu´à produire et employer leurs concitoyens.

Et c´est certainement dans cette situation socioéconomique tendue à la veille d´une augmentation de la taxe sur la valeur ajoutée dès janvier 2007 de 16 à 19% soit 3% qui a mis le feu aux poutres. Les syndicats allaient aux barricades, mais ne s´étaient-ils pas laissé endormir et tromper par un capitalisme sournois et faux qui, aussitôt qu´il avait atteint ses buts et s´était enrichi, se débarrassait de ceux qui lui avaient servi à s´enrichir ? On entendait de partout, et surtout des hauts étages du management industriel, chanson relevée par les politiciens à bout de latin et de solution face à l´érosion et à la détérioration des chiffres socioéconomiques allemands, que la globalisation était responsable de tous ces maux. Et beaucoup de ceux qui oubliaient d´y regarder de bien près s´en complaisaient, en désespoir de cause ; et pourtant, on ne se demandait pas pourquoi des années durant on avait étouffé notamment l´Afrique en y déversant des surplus industriels, ou en y saignant les économies avec la francafrique, quand ces clients forcés ou volontaires devaient eux aussi produire et se développer pour rester crédible, consommateurs de produits étrangers ? Chez ces consommateurs africains, l´argent poussait-il sur les arbres ou fallait-il le produire en travaillant ? Ceux des pays qui avaient compris et s´étaient sortis du piège comme la Chine, l´Inde, Taiwan faisaient effectivement ce qu´ils devaient faire : produire et exporter à bas prix dans les pays qui les assiégeaient avec leurs surproductions. Et c´est ce boomerang qui cassait le bois sur les marchés occidentaux. Le retour du courrier de la rapacité et de l´envahissement économique occidental. Et déjà, ceux qui envahirent les marchés économiques et commerciaux des autres comme si c´était leur poulailler avaient un mal fou à justifier leurs barrières douanières protectionnistes. Nous y voilà ! L´occident semblait dire à tous : moi je peux vous étouffer, vous envahir avec mes produits, avec mes volontés politiques ; je peux assassiner vos élites éclairées comme elle le fit honteusement en Afrique sans se gêner le moins du monde, mais vous, vous n´avez pas la même liberté que nous, vous ne devez pas nous envahir. Et tout cela en investissant en Chine, en Inde et en Europe de l´Est abondamment, attiré par le profit extérieur… Mais lorsque ce profit se transformait en produit aboutissant devant les portes des marchés occidentaux : « oh non, mes amis ; vous devez rester chez vous, vous nous causez le chômage ! » Combien de temps l´occident jouerait-elle à ce faux jeu ?

Pour BenQ qui avait, pour acheter Siemens Mobile reçu 538 millions $ d´encouragement à conclure cet achat (il faut le faire !), et puisqu´il s´agit aujourd´hui de l´avenir de 3000 emplois, on peut se demander si son intention était sincère ; surtout si, après le dépôt de bilan, ces asiatiques disparurent avec les 2000 brevets d´inventions de Siemens Mobile faisant parties de son patrimoine actif. A croire qu´en réalité toute cette opération n´avait qu´un but : la mainmise sur ces brevets d´inventions. Ces messieurs n´avaient nullement eu l´intention d´entretenir ou de poursuivre une affaire qui dès le départ faisait plus de pertes que de profits. Quant à Siemens, elle paya même pour se débarrasser d´une affaire qui n´en était plus une, afin de se défaire des lourdes charges sociales, et la perte de réputation, d´image qui aurait pu retomber sur ce consortium international employant dans le monde entier plus de 500.000 employés dans la télécommunication et l´électronique. Chacun dans cette histoire semble avoir atteint son but, sauf naturellement les 3000 employés qui vont bientôt connaître l´âpre pain du chômage.

Siemens a créé un fond social de 35 millions d´€ pour alléger les maux des futurs chômeurs de son ancienne société. Et pour louable que soit ce geste, il n´est que l´antichambre du vide, parce qu´il allège le mal, mais ne le résout pas. Ce qu´il faut en ce moment en Allemagne, ce sont des créateurs de nouveaux emplois. Pas ceux qui détruisent ceux qui existent déjà. Et on a été surpris par Alliance qui, malgré le profit le plus haut des ces dernières années, annonça cependant le licenciement de 6000 employés. Telekom fit de même et mit 32.000 emplois à disposition. Quand à la Deutsche Bank, et malgré 4 milliards de bénéfices, elle renvoya 2.000 employés au pain sec. Ce n´était nullement des sociétés étrangères. Et à ce jeu, qui donc achèterait leurs produits, si tous rationalisaient pour s´acheter des machines automatiques ? Que les chômeurs se débrouillent mais qu´ils ne cessent de nous aimer, d´acheter nos produits ? A qui, à quoi servait le profit, au fait ?

Et pour les économistes africains, et même occidentaux classiques ; de ceux qui aiment à prétendre que lorsque les coûts du personnels sont bas, l´investissement ne se fait pas attendre parce que la marge du profit est alléchante et plutôt grande, je leur demande d´étudier la réunification allemande. Ils en seront pétrifiés combien toutes ces lois économiques classiques n´ont conduit qu´à la débauche et aux contradictions les plus flagrantes au profit. Et l´un d´eux est tellement visible qu´on a du mal à ne pas s´en étonner : les salaires à l´Est de l´Allemagne sont tellement bas (4,5€/ heure) que les gens ne savent plus en vivre. Et cependant, où sont donc ces investisseurs tant promis ? Avec cette réunification, on en apprend des choses, et bien de lois prônées comme étant invincibles sont devenues caduques, sans le moindre valeur d´application. Le monde est en train de changer, et mêmes les lois les plus anciennes et éprouvées ne sont plus que…proverbes bons marchés. Et ceux qui iront encore demain en Afrique raconter aux africains qu´ils doivent croire à ces lois circonstancielles doivent avoir beaucoup de toupet, ou se moquer éperdument de leur monde. Quant aux africains qui s´y laisseront encore abrutir ou tromper, ce serait de la pire des légèretés intellectuelle. De celle qui tue. A l´Est de l´Allemagne, on transforme cette mort sociale en haine accrue pour les étrangers ; le nazisme y fait une flambée des plus passionnée. Mais qui a donc mis le feu aux poutres ? Non, ce ne sont pas les étrangers, mais bien les allemands eux-mêmes. Les lois du profit…

Musengeshi Katata

Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu

munkodinkonko@aol.com

         

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