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10 juin 2008

Birmanie: une Junte inhumaine et irresponsable ?

Refuser l´aide internationale lorsqu´on se trouve dans la situation Birmane, est-ce raisonnable ? Que cachait réellement ce refus ?

Aide humanitaire oui, mais pas l´abattement voulu de l´économie nationale… !

Soyons francs, que pouvait-on donc attendre d´une Junte militaire qui, depuis 1990 se refuse à entériner une victoire électorale de l´opposition en consignant sa candidate Aung San Suu Kyi en résidence surveillée depuis 18 ans !?! 

Depuis, l´occident cherche par tous les moyens à changer l´orientation politique dans ce pays en bombardant Aung San Suu Kyi de titres et de signes de reconnaissance internationale…sans pouvoir changer quoi que ce soit. Bien au contraire, vraisemblablement enviée par une Junte militaire répressive et bornée, tous ces signes de solidarité extérieure se sont tournés contre elle. Les dictateurs militaires lui reprochaient d´avoir ce qu´on leur refusait : l´honneur, le respect et la reconnaissance politique internationale.

Devant la catastrophe des inondations naturelles qui a frappé ce pays et fait des dizaines de milliers de morts et de sans abri, ce pays, cependant, a repoussé l´aide française et américaine qui s´était empressée à ses portes. Pourquoi ? La Junte craignait un envahissement économique destructeur de l´économie déjà abattue d´une part, et de l´autre, elle pressentait que les occidentaux, par cette occasion, en profiteraient pour œuvrer au changement politique en affaiblissant l´autorité surfaite des dictateurs. Et ne le cachons pas, cette perspective ne nous aurait pas déplu ; car il faut le reconnaître : comme en Afrique ou ailleurs, ces dictateurs armés et nourris par le peuple venant le priver de sa souveraineté civile ou de son avenir…tout cela relève plus de l´antiquité politique que de la culture politique contemporaine.

Mais. Il y a un mais, hélas dans toute cette histoire : d´une part un armada français constitué par un porte avion contenant un cargaison évaluée à 100.000 tonnes de vivres d´une part, et de l´autre quatre navires de guerres américains transportant approximativement le double. N´est-ce pas un peu trop de vivre pour secourir les birmans ? Voulait-on noyer ce pays dans la gratuité et abattre ainsi son économie pour l´aliéner définitivement à une aide alimentaire chronique permanente avec laquelle on pourrait alors faire dictat économique et politique pro occidental ?

A Darfour, au Congo Kinshasa ou ailleurs, on n´avait pas vu venir une telle aide ! Aujourd´hui encore au Darfour du Soudan les femmes et les enfants vivaient dans une précarité insultante pour les fameuses prétentions de l´aide humanitaire internationale. Alors, que voulait-on donc en Birmanie ? Même Ban Ki Moon s´était déplacé sur place. Mais les dictateurs de la Junte restèrent réservés quant à l´aide occidentale. A la rigueur, la Junte autorisait une aide asiatique…ou alors l´aide devait être livrée aux autorités locales qui se chargeraient de la distribution.

Cette histoire, quand on pense aux nécessiteux naufragés au manque et menacés par la choléra et les suites de cadavres humains gisant ça et là dans la campagne ; cette histoire disais-je ne peut que révolter parce qu´apparemment les deux parties poursuivaient des buts occultes qui n´avaient rien à voir avec les sinistrés. Autant la France que les Etats-Unis dans leurs histoires économiques et politiques respectives ont soutenu des dictateurs pillant et violentant leurs peuples…croire qu´ils étaient devenus tout à coup des anges de l´humanisme bénévole était plutôt osé, si pas infantile. Et de l´autre côté un ramassis de militaires faisait des siennes comme les occidentaux l´avaient si souvent fait avaler au monde. L´impasse de la bonne foi. La victime, hélas, était celle qui avait un besoin pressant d´être aidé.

Notre monde a tellement entretenu de fausses et de trompeuses valeurs qu´il est aujourd´hui difficile de séparer la graine de l´ivraie. Le doute s´est irréversiblement installé dans les rapports internationaux, surtout lorsque le pétrole, les matières premières ou quelques avantages économiques et commerciaux en constituaient sourdement l´enjeu. Et avec la crise économique, la fin prochaine du pétrole et la guerre commerciale de vente d´invendus et d´excédents dont on abusait honteusement, hélas, on en oublie par trop ouvertement à secourir, au nom d´une aide humanitaire réellement digne de ce nom, ceux qui en ont un besoin urgent. Si cela continue, ce sont les salauds et les criminels qui auront vie belle ; parce qu´ils pourront toujours dire : « les autres, ils ont la conscience aussi douteuse que moi ; pourquoi dois-je donc leur concéder la vertu gratuitement ?».

Et je me permets de dire que ce que nous perdons tous dans cette fourbe ménagerie est bien plus grand que l´aide internationale surfaite ; c´est plus grand que l´assistance politique et la reconnaissance internationale, aussi orientées ou conditionnées qu´elles soient. C´est la confiance et la bonne foi que nous perdons définitivement. Et nous en avons grandement besoin pour protéger et sauvegarder ce qui a de plus vrai et de plus cher dans nos valeurs humaines. Beaucoup croient ou sont persuadés que ces valeurs ne sont pas importantes, que plus important est la richesse et l´économie. Certes. Et cependant, que vaut l´argent dans le désert, pendant la guerre, ou en naufrage en pleine mer ? Des règles et des valeurs communautaires autorisant et permettant l´éclosion de tout un chacun autour de valeurs sures et respectables de tous, n´est-ce pas un idéal de véritable fierté et sécurité humaine ?

Musengeshi Katata

"Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu"

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