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27 juin 2008

Mandela, un symbole générateur réel de liberté ?

A l´occasion de la fête du 90ième anniversaire de Nelson Mandela à Londres, l´occasion de féliciter cet enfant chéri de la terre africaine ; mais aussi de nous demander ce que cet homme vaut pour nous ; ce qu´il nous a rendu ou ce que le symbolisme de sa vie réserve à la génération future.

Au-delà du simple symbolisme

Chaque fois qu´on le voit, chaque fois qu´on entend parler de lui, c´est à peine si on peut oublier que cet homme avait cruellement souffert 28 ans de sa vie enfermé dans une prison de l´Apartheid sud africain. La lutte pour laquelle il avait été illicitement incarcéré a vaincu et lui-même avait retrouvé, en devenant le premier président noir de l´Afrique du Sud, la place qui lui revenait de droit. Après avoir cédé cette illustre fonction publique à Thabo Mbéki aujourd´hui, force est de nous demander : tout est-il revenu dans l´ordre ? La victoire de la libération de notre plus précieux symbole politique vivant nous a-t-il ouvert l´espoir que nos droits et nos libertés en terre ancestrale d´Afrique du Sud seraient désormais respectés ? Qu´est-ce qui a changé depuis ; et que reste-t-il à faire afin que l´idéal attaché à la vie de cet homme lui rende, à lui et à nous, justice réellement ?

Et du coup on se rappelle des fraîches émeutes sanglantes ayant secoué l´Afrique du Sud. Plus de 43 morts africains étrangers en Afrique du Sud, ou encore le rouge de ces statistiques sociaux qui expliquaient, entre autre, pourquoi les sud africains noirs, excédés par le chômage et la pauvreté (40%) qui les frappaient, cherchèrent des boucs émissaires dans les étrangers zimbabwéens ayant trouvé refuge chez eux. Les problèmes ne faisaient-ils que commencer, ou les noirs aux rênes du pouvoir politique avaient été déjoué et se trouvaient, les mains vides, devant une flambée de désirs et de besoins qu´une économie trop lente (apparemment) à satisfaire les attentes de ceux qui souffrirent jadis l´enfer et furent privés de bien de droits afin que les boers de l´Apartheid s´enrichisse et exerce sur eux une scandaleuse domination.

L´occasion, en disant Happy Birthday, Mister President ; de se demander ce que l´avenir nous réserve. Car si l´histoire reconnaîtra toujours en Mandela un héro, la valeur réelle qu´il représentera pour nous, pour toutes les générations futures d´africains, et mêmes d´enfants du monde, dépendra non seulement de la compréhension profonde du symbolisme qu´il nous aura légué, mais aussi de l´enjeu et de l´usage que nous auront fait de son contenu véritable. Ce symbole Mandela n´appartient pas seulement aux sud africains seuls, loin de là ; il appartient aussi à tous les étudiants du monde, à toutes les nations et les femmes et hommes de bonne foi qui ont élevé la voix pour combattre l´Apartheid et obtenir ainsi à la libération de son leader le plus charismatique.

En cette place, nous remercions tous ceux qui se sont battus aux côtés de l´Afrique entière, pour un idéal humain allant au-delà des frontières, de races, des couleurs et idéologies politiques. Après quatre longs siècles d´esclavage, des décennies de colonisations sanglantes et destructrices de nos cultures et de notre souveraineté, des indépendances truquées et mensongères, l´Afrique eut enfin le sentiment, avec la libération de son leader et symbole le plus cher, que le monde avait fini par reconnaître et accepter les droits légitimes et la liberté de l´homme noir. Quel soulagement ! Notre joie était aussi grande que notre désespoir l´a été ces longs siècles d´exactions et d´injustices.

Maintenant, et devant le jugement de l´histoire humaine, et surtout celles de nos brûlantes espérances quotidiennes auxquelles nous devons rendre justice rapidement afin que ce symbole garde sa valeur et son contenu enrichissant, nous nous devons d´organiser et de défendre au mieux ce que ce combat humain fondamental nous a légué. C´est notre façon d´aimer Mandela, mais aussi de nous aimer nous-mêmes en respectant ce qu´il y a de précieux et de profond dans l´exemple et la portée de ce combat, afin qu´à l´avenir le grand idéal de liberté et de droits humains dans lequel le monde entier nous a rejoint, le faux, le mépris et l´incompris ne viennent y semer leurs mauvais grains.

Bien sûr nous ne sommes pas aveugles, qu´il nous semble bien que les choses auraient pu être conclues autrement, ou que les forces en présence n´ont pas changé ; elles se sont plutôt retranchées derrière leurs intérêts réciproques. Et que même si les règles de l´enjeu social en terre sud africaine ont changé, l´homme noir, comme toujours et cela malgré toutes ses souffrances passées, est de nouveau contraint à se battre pour regagner le terrain qui lui revient de plein droit. Mais ceux qui nous sous estiment se trompent ; nous sommes du combat, de la nuit des temps inépuisée par des désirs et des vœux brûlants que l´histoire entière ne saurait entièrement assagir, tant est grande notre soif. Aussi, c´est avec joie et même profonde fierté qu´en fêtant le 90ième anniversaire de Nelson Mandela nous pouvons dire : « En avant, et que rien ne nous arrête sur le chemin de notre pleine et souveraine réhabilitation » !

Musengeshi Katata

Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu

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Commentaires
M
J ai vu dans quelles conditions vivent encore aujourd´hui ceux qui habitent le village natal de Mandela...il n´y a ni électricité, ni eau courante, et la plupart des huttes rappelaient encore des temps reculés. Et soudain toute la différence entre Mandela et de Klerk me parut claire et distincte devant ces faits; le lieu de naissance de De Klerk, lui était moderne et jouissait de tous les avantages du modernisme. Voilà une bien grande différence, une du genre fondamental. Tandis que Mandela lui se réjouissait lui et sa famille du bien être, ceux qui l´avaient soutenu et élevé là où il est arrivé aujourd´hui, ces gens-là attendaient encore qu´il remplisse ses promesses. Mais déjà, au lieu de s´occuper d´eux ou du moins de lever la voix afin que les choses changent rapidement et que la société intègre ses exclus et ses laissés pour compte, Mandela s´était tourné vers la lutte contre le SIDA ! Or cette lutte est quasi sans issue, tandis que des enfants sains et des femmes saines que la pauvreté et le manque enfermaient chaque jour au désespoir nécessitaient rapidement la reconnaissance de leur droits au partage social de la richesse Sud Africaine. Ne soyons pas méchant ou gratuitement accusateur - nous n´oublions pas ce que cet homme mandela a souffert - cependant que la vie continue, surtout pour ceux qui attendent toujours qu´on les libère de l´oubli ou de l´exclusion sociale. On a plutôt l´impression que négligeant un combat réel de victoire possible, Mandela a choisi de s´attaquer au fantôme insasissable du SIDA. Au moins là on ne pourrait pas le juger par rapport à la réalité ou des promesses non tenues. Et puisque son seul fils est mort du Sida, bien de gens pensent que ses activités en ont été marqués et qu´il serait entrain de soigner les douleurs de cette perte. Moi ce qui me dérange dans toute cette histoire, c´est comme le dis Shaka: j ai l´impression que le retour de Mandela sur la scène politique Sud Africaine a plus servi les Bourgs sud africains que les noirs. Il a été savamment instrumentalisé puis aiguillé sur une voie d´inefficacité. Les blancs peuvent maintenant dormir tranquillement car ils ont désamorcé la révolte qui couvait chez les noirs et conservé leurs acquis sans avoir à répondre ni de leurs crimes, ni de leurs vies. Thabo Mbéki ne semble pas de taille à accélerer le processus économique d´intégration des noirs à l´économisme général de ce pays; ou alors les choses vont trop lentement, trop aisémment. Or la pauvreté rend mauvais, mechant, abruti, aigre et négatif comme on l´a vu contre les travailleurs africains étrangers du Zimbabwe et des autres pays africains. Et si on ne fait pas attention, le legs de Mandela va s´évaporer en fumée...et la révolte des noirs sera de nouveau à l´ordre du jour. Ce jour-là les noirs seraient-ils revenus au point de départ, ou se seraient-ils enrichis d´une nouvelle et cruelle désillusion selon laquelle face aux blancs ils sont toujours les dindons de la farce ?<br /> <br /> Musengeshi Katata<br /> "Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu"<br /> FR
S
On a beau chanter les louanges de cet homme que nous aimons et admirons tous, il reste, quand les africains sont entre eux, toujours un arrière goût amer. Pas parce que Mandela a souffert 27 ans en prison, non pas seulement ; c´est surtout parce qu´à la fin de toute cette histoire d´apartheid, les noirs tout en étant majoritaires, se retrouvent en juniors sociaux parrainés par leurs geôliers et bourreaux criminels d´hier. Cela fait énormément mal. Et pour beaucoup, intérieurement, moralement, dans sa fierté humaine profonde, on a bien l´impression que rien n´avait changé, si l´incroyable douleur de toutes les exactions du passé revenait à chaque fois qu´on se trouvait devant un maître blanc. Les blancs, malgré tout, avaient conservé le pouvoir économique…! Et du coup, pour certains intellectuels, Mandela n´était rien d´autre qu´un demi-frère qui n´avait, en réalité, que superficiellement changé les choses. Pas étonnant qu´il soit si aimé par tous les occidentaux ! Il avait participé à la mystification des siens. Mais, soyons francs, avait-il le choix ; cette Afrique du Sud aurait-elle dû être noyée dans une révolte sanglante et revancharde qui aurait dû avoir comme but de déposséder tous les blancs et les jeter à la frontière ou leur faire connaître les mêmes crimes, les mêmes douleurs et les mêmes maux que ceux qu´ils avaient fait subir aux noirs de longs siècles durant ? Et puis ? Œil pour œil dent pour dent ; où cela aurait-il mené ? A la destruction de ce pays, certainement…ou à une telle déstabilisation que son économie en aurait été longtemps éprouvée. Blancs et noirs n´auraient-ils pas alors tous perdu ?<br /> <br /> Il est, je le reconnaît, cruel et injuste pour les noirs de côtoyer la situation actuelle, même si elle promet un quelconque meilleur avenir aux noirs, car malgré tout, les blessures saignantes et profondes du passé….s´ouvraient à chaque déception, à chaque mauvais pas, à chaque fois qu´on avait affaire à un blanc qui vous rappelait toujours avec quel cynisme, avec quelle acribie criminelle et avec quel mépris des années et des décennies interminables ils s´étaient mis à l´œuvre pour détruire la fierté, le respect et la dignité de l´homme noir pour en faire leur cafre : un animal dont on pouvait disposer de sa personne et de ses biens, violer sa femmes et ses sœurs, ou le canarder à loisir. Un moins qu´un chien, en fait. <br /> Et lorsqu´on se rend compte que dans cette affaire c´est de nouveau le blanc qui gagne parce qu´il n´est pas traîné en justice et parce qu´il garde les rênes économiques de la société – et c´est dire le commandement vital et influent – cela blesse encore plus, parce qu´on se demande si, comme les blancs l´ont toujours prétendu, Mandela et ses amis De Clercq et Clinton n´avaient pas secrètement veillé à ce que les blancs soient toujours les vainqueurs ! Les noirs se pavanaient bien avec le pouvoir politique, mais toute l´économie était aux mains de blancs. Et cela rendait amer, amer, amer. Même si les choses changeaient plus ou moins rapidement pour les noirs, les blancs veilleraient – et ils en avaient les moyens – à ce que leur position privilégiée au sein de société reste inextinguible. Etait-ce vraiment cela la justice sociale ou l´équité ?<br /> <br /> A mon sens Mandela n´avait pas le choix, mais il doit aussi accepter autant d´être critiqué que haï, par ce qu´en réalité, la situation n´est pas claire du tout. Pour personne, disons-le franchement. A moins que…à moins que cette société oublie bien vite ce qui s´était passé pendant l´apartheid. Et ici, malheureusement, jouent de nouveau un ressentiment : celui qu´on demande toujours aux noirs d´oublier les crimes des blancs, de pardonner, de fermer les yeux sur les blessures ouvertes que sa mémoire historique, son âme, ses souvenirs et son échelle de valeurs ont dû souffrir sous le mépris et les exactions des blancs. C´est comme si le noir n´avait pas le droit d´avoir une âme, une mémoire, des droits ou des libertés : on lui demandait tout simplement, comme à une bête ou à une machine, de les taire ou de les oublier quand cela faisait plaisir ou convenait aux blancs. Accepter cela, c´est se refuser soi-même le statut d´être humain. Parce que ce qui fait l´être humain, c´est sa capacité à souffrir, à se battre, à défendre ses intérêts, à se rappeler de son passé, à avoir une fierté, une mémoire sociohistorique, d´avoir des droits et de vouloir les exercer. En fait tout ce que l´apartheid avait privé à l´homme noir…et dont il lui demandait aujourd´hui d´en oublier les crimes et les exactions ! Pour devenir quoi :un nègre sans mémoire du passé, un nègre heureux parce qu´ayant enfin accepté la domination économique des blancs, ses bourreaux d´hier ?<br /> <br /> Et à bien y regarder, le perdant, dans cette affaire, ce sont les noirs. Quand les blancs débarquèrent en Afrique du Sud au 16-17ième siècles, ils n´avaient rien du tout ; aujourd´hui cependant, avec le travail des noirs, ils s´étaient scandaleusement enrichis ; mais cela ne les avait pas rendu meilleurs. Et il sautait aux yeux, que ce soit aux Etats-Unis ou en Afrique du Sud, qu´ils s´arrangeaient toujours, et cela malgré leurs nombreux crimes sans noms, à être les gagnants quel que soit l´issue de l´histoire. Et cela, n´en déplaise à tous ceux qui ferment les yeux sur ce phénomène ou même l´encourage comme Bill Clinton – et à propos de Bill Clinton, on se demande toujours pourquoi certains noirs l´acclament encore et tant d´autres l´admirent. Il a refusé à l´ONU d´intervenir au Rwanda lors du génocide qui a profondément touché ce pays. Par ailleurs, cette fausse paix sud africaine où les noirs restaient malgré tout à la traîne…- toujours est-il que la race noire a bien le sentiment que quel que soit le conflit social qui l´oppose aux blancs et même si la justice, les droits humains, les droits et la liberté des noirs étaient injustement préjudiciés, les blancs devaient toujours avoir raison !?! Voulait-on par là passer un complexe indéfini de race méprisée ou perdante à la race noire ?<br /> <br /> C´est cela le drame des noirs, et cela e peut en aucun cas continuer ainsi. Et cela doit être compris autant par les victimes d´hier autant que leurs bourreaux d´hier reconvertis par le temps à de vrais ou de faux partenaires sociaux. Cette question préoccupe toute la race noire et particulièrement ses intellectuels. Il est en effet insoutenable que toute notre histoire durant nous sommes brimés, pillés, assassinés, vendus vilement en esclavage, préjudiciés et empêchés à se développer par des moyens des plus criminels par une race qui prétend être civilisée, oui qui se réclame de la libertés et des droits humains ! Ce mensonge, combien de temps allait-on encore le faire avaler aux noirs et au monde entier ?<br /> <br /> C´est cela qui a refroidi tous les noirs à l´endroit de Mandela. Et cela n´a ni avoir avec l´amour et le respect que nous lui portons, loin de là. C´est seulement cette situation pourrissante qui, tout en attisant notre impuissance et l´ignominie qui veut que nous soyons toujours obligés d´accepter d´être second vainqueur, nous convie à acclamer à aimer des symboles que nos ennemis sournois – qui se disent être nos plus grands amis – emploient pour nous imposer leur supériorité raciale. Obama, qu´on le veuille ou non, va lui aussi être confronté à ce problème. Or la race noire se doit, comme toute race dans toute société humaine, d entretenir des symboles culturels et sociaux positifs qui ne l´enferme pas dans sa négation ou lui impliquent le complexe selon lequel quelque soit ses efforts et ses droits, il est toujours perdant. Celui qui entretient ou cautionne sciemment cela est criminel et un pyromane social et culturel de la pire espèce. <br /> Shaka Bantou, j´ai dit et je vous remercie !
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