A bout de liquidité et surendetté, le cœur automobile américain va-t-il s´effondrer ?
The big
three, comme on le nomme, est à bout de liquidité : General
Motors, Ford et Chrysler quêtent, en ces moment de
crise économique et financière, devant le Sénat américain, une aide financière
de 25 milliards $ sans lesquels leur survie serait au plus mal. Le Sénat, après
avoir entendu leurs doléances, les a renvoyé au 2 décembre 2008 en leur
enjoignant de faire un plan de ce qu´ils feraient de cette aide. L´industrie
automobile américaine serait-elle en banqueroute, et pourquoi ;
qu´a-t-elle donc fait de ses bénéfices et de ses épargnes des années florissantes
?
Ces
enfants gâtés de l´argent facile et du financement aisé et bon enfant
"La cigale ayant chanté tout l´été, se trouva
fort dépourvue quand la bise fut venue. …Elle alla crier famine chez la fourmi
sa voisine,…" La Cigale et la Fourmi. Fables de La Fontaine.
Après le Bailout américain de 700 milliards $ accordé
aux banquiers embourbés dans la crise financière qui n´avait, selon toute
évidence, rien changé au refroidissement du crédit, voilà que les fabricants
automobiles voulaient, eux aussi puiser à la manne du contribuable. Et on se
demandait si cela n´avait pas à voir avec le fait que les banquiers furent co-responsables de cette crise – ou, du moins, largement compromis par leur
rapacité – et si ceux-ci s´étaient, malgré l´aide de l´Etat américain,
refroidis et devenus réticents à prêter ; l´Etat qui avait prêté aux
fautifs devait aussi, dans un élan de justice sociale, prêter à ceux qui
souffrent de la soudaine retenue des banquiers. Cette analogie déductive était-elle de
bon aloi ? ne risquait-on pas d´ouvrir un précédent qui verrait bientôt une file empressée de demandeurs devant les portes du Sénat ?
Derrière cette ruée à l´aide étatique, que se
cachait-il, au fait ? Pourquoi les banquiers sont-ils réticents à prêter à
des clients établis et producteurs incontestés de bien reconnus et appréciés
par la société ? Et à propos, pour souffrir aujourd´hui de crédibilité
financière, on se demandait ce que ces trois géants de l´industrie automobile
américaine avaient fait de leurs gains passés ? Cette situation de refus
du crédit touchant les fabricants d´automobiles était-elle réellement issue de
la crise financière ou y avait-il d´autres raisons profondes entrant en
cause ?
Il s´agissait, et le Sénat américain ne le sait que trop bien, de protéger une branche
industrielle américaine employant dans son sillage trois millions d´employés ou
1/10 des emplois industriels américains. Seulement, et le Sénat le craignait,
que de branches à branches les industries de production fassent la file pour
être subventionnées par l´Etat alors que les causes de leurs difficultés
financières n´avaient rien à voir avec la crise, mais bien avec un marché
réticent ou des managers incompétents et dépensiers. Dans ce dernier cas, cette
aide ne mènerait pas à un tenir à flot des fabricants sains et prospères auprès
de leurs clientèles autant que dans leurs capacités à se maintenir sur le
marché avec leur flexibilité et capacité d´innovation ; mais cette aide,
aussi d´intérêt social soit-elle, ne servirait qu´à soutenir quelques temps sur
le marché des firmes moribondes, ou permettre à des managers défaillants et
dépensiers à perpétuer leurs excès sans pour autant ni protéger l´emploi, ni la
disparition prochaine de leurs firmes du marché.
Et à ce propos, le lourd endettement des trois géants
de l´automobile américaine frappe inévitablement à l´œil GM accumulait 231,8 milliards $, Ford : 173 milliards $ (chiffres mai 2005,
depuis, ces chiffres se sont largement aggravés à la hausse). Cela explique,
entre autre, que leurs propres banquiers soient devenus réticents. Il y avait
ici un abus ou un surendettement qui ne promettait rien de bon. Par ailleurs,
GM, Ford et Chrysler, ces trois géants américaine de l´automobile, s´ils possédaient
en 1990 50% du marché nord américain,
aujourd´hui ils n´en desservaient que 25
%. Et demain ? Autre chose, au cours de ce audition au Sénat, il est
venu aux oreilles des sénateurs que messieurs les quémandeurs se déplaçaient de
Detroit à Washington en Jets privés de leurs sociétés respectives ! On
comprend que, malgré le danger de chômage qu´entraînerait l´écroulement de ces
industries, la population américaine soit à 60 % contre une aide étatique.
La crédibilité ou la viabilité de l´industrie
automobile américaine est l´exemple typique de l´économie américaine actuelle :
elle perd du terrain et sans se donner beaucoup de mal à innover et se
diversifier dans de nouveaux produits modernes et conséquents, elle se complaisait,
comme toute la société américaine, à vivre au crédit. Tant que ce crédit était facile
et alléchant par des taux d´intérêt politiquement falsifié, tout allait bien ;
personne ne s´en priva. Pis, on en abusa joyeusement pour cacher l´état de santé
réel de l´économie américaine. Mais puis que les banques américaines, suite à l´éclatement
du ballon de la crise financière et celle de l´immobilier, s´écroulaient comme
des châteaux de paille, l´endettement qui avait été durant les 8 années de la présidence
de George Bush une coquetterie, était subitement devenu un enfer de gouffre
entraînant ses maîtres dans l´insolvabilité et la fin de toute activité économique.
Le vent avait tourné : le crédit était mort. Vive le crédit !
Avec cette crise des incroyablement virulente des finances
venant chapeauter une crise économique de surproduction, nous assistons à un
curieux phénomène dont les effets vont se répercuter dans le monde entier :
d´une crise économique et financière ralentissant l´économie mondiale et
mettant à mal tous les pays directement liés aux économies occidentales (qui ne
l´est pas ?). Et ce n´est farfelu d´avancer que les Etats-Unis et leurs
alliés occidentaux vont y perdre leurs plumes au moment où beaucoup de pays tels
que la Chine, L´inde, le Brésil, l´Indonésie, la Corée ont diablement gagné du
terrain. Et soyons assez franc pour dire que l´ère de domination absolutiste américaine
et occidentale touche à sa fin. Le monde se multi polarise et la décentralisation
financière et économique en sera une conséquence logique évidente. Cela nous évitera,
à l´avenir, les abus financiers tels que ceux pratiqués sans vergogne par
quelques banquiers et financiers véreux du Wall Street qui gonflèrent leurs
avoirs et leurs gains avec des valeurs indues pour les servir au monde entier
comme monnaie sonnante.
La fin d´un absolutisme économique et financier ne
veut pas signifier la fin de la puissance économique américaine, loin de là.
Avec un PIB de 14.560 milliards $, l´Amérique
reste le pays le plus industrialisé et le plus productif de notre globe. Cette
crise va mettre, certes ce pays à mal pendant quelques temps, mais si ce pays profitait
de cette situation difficile pour restructurer, innover et de mieux se positionner
face à aux nouveaux arrivants sur la scène internationale, elle pourra peut-être
cultiver un sens nouveau de démocratie lui ouvrant un meilleur avenir. Ceci
vaut pour tout l´occident dont les valeurs sont trop ancrées dans le
conservatisme et l´égoïsme flambant le faux humanisme qui n´était vrai que du côté
où son intérêt et ses privilèges, même si ceux-ci nuisaient à toute objective définition
de la liberté et de la démocratie, étaient intouchables et maintenus. La
logique selon laquelle les uns doivent s´enrichir et les autres attendre qu´on
pense à eux est tout aussi fausse que celle qui établit que certains doivent
vivre grassement en s´endettant vilement aux mépris ou aux dépends des autres.
L´occasion est trop belle ici pour saluer, encore
une fois, l´élection d´Obama à la présidence américaine. Un signe que l´Amérique
était capable de novum, de sortir de son néocapitalisme économique, racial et
culturel et d´ouvrir une nouvelle page de l´histoire humaine laquelle, nous l´espérons
vivement, va coïncider avec une meilleure définition sociale de la liberté et
de la démocratie. Et que celle-ci, dans son signal, provoquera un meilleur économisme
des droits et des libertés dans le monde. Et même si nous reprochons à l´occident
d´avoir ignoré nos cris et nos larmes pendant longtemps, nous sommes malgré
tout fiers que le peuple américain se soit décidé à changer les choses. L´espoir,
comme le dit si bien Obama lui-même, est un défi qu´il faut avoir le courage de
relever. Ceci est valable pour le monde entier. Ainsi donc, ayons le courage de
voir de l´avant et construire, dans un meilleur contexte - espérons-le vivement
- un monde plus équitable à tous les meilleurs rêves constructifs de tous ses
enfants.
Musengeshi
Katata
« Muntu
wa bantu, Bantu wa Muntu »
A lire, au besoin, l´article : "Les nuages s’amoncellent sur
l’économie mondiale" Ce qui est particulièrement intéressant dans cet
article, c´est qu´il a été écrit en 2005 ! Et cependant, il décrit amplement
ce qui se passe aujourd´hui. http://socialisme.free.fr/cps21_economie.htm