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9 mars 2009

Comment le tiers-monde va-t-il survivre à la crise ?

Sur la valeur réelle et l´efficacité de l´aide. Article paru dans le Figaro.

Propos recueillis par Laure Mandeville, à New York

Bill Clinton : «Les Américains ont beaucoup appris depuis le 11 Septembre».

«Qui peut empêcher l’immigration, quand il y a la famine ?», demande Philippe Douste-Blazy. «Il faut collecter comme pour une campagne électorale : lorsque les gens croient à une cause, ils donnent», lui répond Bill Clinton.

Le Figaro Magazine – Vous faites cause commune sur plusieurs projets de lutte contre la pauvreté et les maladies dans le tiers-monde. La tempête économique ne risque-t-elle pas de balayer tous ces projets de développement ?

Bill Clinton – La crise rend plus urgente que jamais l’aide au développement des pays riches vers les pays pauvres. Deux milliards de personnes vivent avec moins de 2 dollars par jour, un milliard avec moins d’1dollar. Ce n’est pas tenable. Si le système financier américain s’est effondré en raison d’un excès d’investissement dans les subprimes, on constate que les économies européennes ont, elles aussi, massivement investi dans ces valeurs immobilières qui ont enrichi une minorité. D’où la réaction en chaîne : les fonds d’investissements britanniques, à cause de la crise irlandaise ; l’Islande, qui provoque à son tour du chômage en Angleterre ; et c’est ainsi que la pauvreté, inégalité sans cesse croissante, finit par se refléter dans tous les pays. L’interdépendance financière étant globale – pour le meilleur et pour le pire –, il est urgent de comprendre où se situent les exigences de la stabilité économique, et de faire la différence entre investissements excessifs et spéculatifs et investissements sûrs, dans des industries manufacturières ou des services. L’aide au développement doit s’inscrire dans ce mouvement, afin de créer des opportunités pour tous, et mettre un terme à l’inégalité entre pays pauvres et riches, qui déstabilise nos sociétés. Une profonde prise de conscience s’est opérée aux Etats- Unis, du fait que nous nous sommes laissés aller à vivre de manière trop séparée du reste du monde. Il faut agir sur ce front-là, non pour acheter les bonnes grâces de tel ou tel peuple, mais parce qu’il y va de notre responsabilité, comme de notre intérêt.

Philippe Douste-Blazy – La crise aura de terribles conséquences pour nos pays, c’est sûr, mais plus encore pour les plus pauvres, notamment l’Afrique subsaharienne, où le niveau de vie s’effondre, où les épidémies se multiplient. Un enfant meurt toutes les trente secondes de paludisme en Afrique, alors que les médicaments existent en Occident. La santé publique devient un problème économique, dès lors que la jeunesse n’est pas soignée et qu’elle n’a pas le ressort pour assurer son développement. Or l’aide publique au développement ne va pas augmenter. Nous espérons qu’elle ne baissera pas : ce serait une catastrophe. La solidarité dans la mondialisation n’est pas seulement une question éthique, mais politique. A quoi servira une politique d’immigration européenne si elle ne s’accompagne pas d’une politique de développement minimale ? Quel homme politique peut faire croire qu’il va empêcher l’immigration avec une loi si derrière les frontières il y a la famine ? Nous vivons les deux premiers millimètres d’une vague de 30mètres... Si nous ne réglons pas ces problèmes, le XXIe siècle sera d’une immense violence.

Le Figaro Magazine – Pensez-vous que, malgré la crise, l’Administration Obama sera plus altruiste et qu’elle changera la donne pour l’aide au développement ?

Bill Clinton – Durant leur campagne, Obama et Hillary ont tous deux affirmé qu’il fallait augmenter l’aide au développement. On parle beaucoup de l’éventuelle création d’un Fonds mondial de l’éducation sur le modèle du Fonds global contre le sida. Avec 10 milliards de dollars, on pourrait mettre à l’école tous les enfants non scolarisés dans le monde... Robert Gates, qui fait un travail remarquable – il a été maintenu à son poste par Barack Obama –, est le seul secrétaire à la Défense de l’époque contemporaine à avoir dit qu’il fallait augmenter le budget du département d’Etat, même si le budget militaire devait être réduit, car il serait fou de penser qu’on peut résoudre les problèmes du monde seulement par la force ! Les Américains ont beaucoup appris depuis le 11 Septembre. Plus personne ne fait confiance à l’équilibre artificiel issu de la guerre froide. Un accord implicite avait été conclu entre l’Amérique et ses alliés. Celle-ci maintenait un parapluie de sécurité en donnant la part du lion aux dépenses militaires, tandis que les autres pays consacraient une partie plus importante de leur PIB à l’aide au développement. Ce n’est plus tenable. Sans doute, à cause de la crise, l’aide au développement n’augmentera- t-elle pas autant que le président Obama et Hillary l’auraient souhaité, mais je serais surpris qu’elle diminue. L’Amérique va s’efforcer de trouver de l’argent, notamment sur le modèle des récoltes de fonds pour les campagnes électorales. La méthode a montré que lorsque les gens croient à une cause, ils donnent.

Le Figaro Magazine – Pour pallier les insuffisances de l’aide étatique, vous préconisez l’un comme l’autre le recours à des financements innovants. L’organisation Unitaid s’est d’ores et déjà engagée dans ce sens...

Philippe Douste-Blazy –Quelque 50 milliards d’aide gouvernementale manquent chaque année à l’appel, malgré l’engagement des Etats membres de l’ONU, pris en 2000, de fournir 150 milliards de dollars par an sur dix ans. L’élément additionnel majeur qui émergera au cours des prochains mois sera donc le phénomène des financements innovants, microcontributions volontaires qui permettront d’instaurer une mondialisation plus solidaire. Unitaid – organisation abritée par l’ONU créée par cinq pays fondateurs, dont la France, et financée par le prélèvement de 2 euros sur les billets d’avion des passagers des pays adhérents – a montré l’exemple en créant un financement indolore et pérenne. C’est un succès. A travers Unitaid, la Fondation Clinton a pu traiter trois enfants sur quatre atteints du sida dans le monde. Ce n’est pas rien ! Nous pensons étendre ce modèle en créant ce que nous appelons une contribution volontaire citoyenne planétaire. Sur les 2,5 milliards de voyageurs dans le monde, 1,5 milliard réservent leur billet sur internet par le biais de trois grosses sociétés. J’ai demandé à leurs présidents d’accepter qu’apparaisse sur leur site une fenêtre proposant de cotiser 2 euros supplémentaires sur le coût d’un billet d’avion pour financer l’aide au développement. Ils ont accepté. Nous espérons lancer ce projet à l’ONU en septembre.

Bill Clinton –Unitaid est le modèle du futur. C’est la seule grosse organisation qui s’appuie sur les contributions modestes d’un grand nombre de gens. On peut faire une analogie avec notre récente campagne présidentielle, qui a permis des levées d’argent massives à travers internet. Des millions de gens ont donné de petites sommes qui ont fait boule de neige, générant des financements sans précédent pour
Obama et Hillary.

Le Figaro Magazine – Compte tenu de possibles conflits d’intérêts induits par le nouveau poste de votre femme, Hillary, vous aurez de larges contraintes pour accepter les dons de la part des Etats. Comment votre fondation va-t-elle survivre ?

Bill Clinton –Mon accord avec l’Administration Obama dit explicitement que les gouvernements qui soutiennent mes projets de développement, de santé ou énergétiques, comme l’Australie ou l’Irlande, peuvent continuer à me financer s’ils le veulent. Si un nouveau gouvernement se présente, je devrai régler cette question avec le département d’Etat. Cela ne m’inquiète pas. Mon problème, c’est l’économie. J’ai perdu une grande quantité de dons privés et j’ai dû dépenser la moitié de mon épargne pour garder mes cliniques ouvertes. Nous sommes donc en train de revoir la liste de nos contributeurs, pour l’élargir : essayer de rassembler énormément de petites contributions, plutôt que de miser sur les dons massifs de quelques-uns.
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* Bill Clinton, 42e président des Etats-Unis, dirige la Clinton Foundation et la Clinton Global Initiative, ONG vouée à combattre la pauvreté et la maladie en Afrique. En dix ans, la Fondation Clinton a levé plus de 500 millions de dollars grâce à des donations.

* Philippe Douste-Blazy, secrétaire général adjoint des Nations unies, est conseiller spécial du secrétaire général, chargé des financements innovants. Président d’Unitaid – aide médicale dépendant de l’ONU –, il oeuvre en partenariat avec la Fondation Clinton.

 

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Commentaires
S
Parce qu´elle ne produit pas d´elle-même, parce que l´occident, ainsi par ailleurs que la Chine qui auront perdu dans cette crise des sommes folles à protéger leurs industries et leur système bancaires mis à mal vont plutôt se tourner vers le pansement de leurs blessures et la modernisation de leurs productivité, qu´ils ne sauront investir en Afrique qu´ils ont toujours considéré comme leur vache à lait. Par ailleurs, l´expérience chinoise leur aura appris qu´aider un géant à grandir...on risquait de se mettre soi-même la corde au cou. <br /> <br /> De cela j´en conclus que la décennie qui va suivre va être incroyablement douloureuse pour l´Afrique. Incroyablement douloureuse. mais c´est peut-être l´occassion pour ce continent à se débarrasser de ses illusions et de son illogisme qui consiste à croire qu´on peut, tout ne faisant soi-même que très peu d´efforts pour changer les choses au mieux, attendre des autres qu´ils viennent nous offrir le paradis quand bien même ces étrangers n´avaient, depuis des siècles, rien fait d´autre que nous opprimer, nous avilir et nous piller !<br /> <br /> Très prochainement l´Afrique devra bien choisir entre se constituer un avenir valable fait de ses propres mains et de ses propres ambitions, ou continuer à souffrir et à attendre le père Noel. En d´autres termes: se donner les moyens et les instruments réels de sa liberté et de la réalisation des rêves de ses propres enfants ou rester esclave perpétuel de la pauvreté et de la misère, même si on prétend vouloir devenir libre et indépendant. Demain ce choix sera inévitable. fini la fausseté et la sournoiserie !<br /> <br /> Shaka Bantou, j´ai dit !<br /> Forum Réalisance
M
Oh, l´aide arrive en Afrique; seulement, sous quelle forme, là est le drame et la question. On se servait de l´aide pour ouvrir les portes aux ventes d´armes, aux nombreuses escroqueries aux accumulations sociales des africains, à corrompre et dévoyer les élites africaines pour obtenir des licences permettant de puiser les eaux africaines de leur poisson, les forêts de leurs bois précieux, les sols de leurs richesses minières etc. <br /> <br /> L´aide n´était ni bénévole, ni sincère, encore moins honnête. Et si tous les occidentaux en chantaient les vertus malgré que l´Afrique sombrait de plus en plus dans la pauvreté; c´est notamment parce qu´on sait que cette aide a pour fonction une systématique de destruction morale, éthique, politique et économique des africains. <br /> <br /> On peut tout de même se demander: si on aimait et était prêt à aider les africains, pourquoi diable fermait-on les frontières cpmmerciales et économiques sciemment aux aux produits africains ? Oui, pourquoi n´investissait-on pas sur ce continent autant qu´on l´avait fait en Chine communiste ? Des questions auxquelles l´africain intelligent doit se poser et y répondre. <br /> <br /> Je ne crois absolument pas que l´occident doit continuer à entretenir un quelconque mythe selon lequel cette culture détermine ou influe sur l´avenir des africains. Trop d´escroqueries et de cruelles intrigues sont cachées là dessous. je préfèrerait, personnellement, que ces faux marchands d´humanisme se donnent plus de peine chez eux à réparer les dommages de leurs rapacité et leur injustices sociales: il y a assez de sans abrit et de pauvres en France, en Angleterre, en Allemagne, aux Etats-Unis, en irlande, en Grèce...et même à l´Est de l´Europe auquel l´Union européenne refusait 160 milliards d´aide économique pour lutter contre la crise qui les frappe de plein fouet. <br /> <br /> Pour les africains leurs élites doivent apprendre à faire leur devoir et cesser de se prostituer au premier marchand de mensonges et d´aide. C´est à mon sens la seule manière de changer les choses au mieux au lieu de tromper son monde et rouler les africains sous la table en leur faisant croire qu´ils ne sont pas tenus de faire de l´effort de s´en sortir tout seul. après tout, il s´agit de la liberté et du bien-être des africains, pas de ce que l´aide en fera ou de ce que l´occident veut en faire pour s´offrir ses esclaves culturels et économiques favoris. <br /> <br /> Musengeshi Katata<br /> "Muntu wa Bantu. Bantu wa Muntu"<br /> FR
S
L´argent n´arrive pas en Afrique ! Depuis ce temps qu´on prétend aider l´Afrique et collecter pour les pauvres de ce continent; ce continent serait déjà hors de problèmes ! Et si Clinton commencait par aider les pauvres aux Etats-Unis ? En Californie les victimes de la crise dormaient déjà à la belle étoile ! Des familles entières perdaient leurs habitats par endettement des soins médicaux et par ces hypothèques cochonnes qui ont ruiné les gens aux Etat-Unis: et si monsieur Clinton s´en prenait d´abord aux pauvres qui tendent la main devant sa maison au lieu d´aller tromper son monde en Afrique ?<br /> <br /> Ah, on comprend: avec l´Afrique on pouvait bien tricher et escroquer les gens en prétendant faire ce qu´on ne faisait pas. L´argent atterrissait ainsi sur des comptes étrangers ou allait enrichir ces champions de l´aumône...vide. Voilà le secret de l´aide à l´Afrique. On la détournait, tout simplement. Ce sport se pratiquait à coeur joie, après tout, ce ne sont que des nègres...ce petit jeu cochon doit cesser. <br /> <br /> Shaka Bantou, j´ai dit !<br /> Forum Réalisance
M
Tu as absolument raison Le Troll. mais si nous sommes tous concurrents et adversaires sur le marché, pourquoi veut-on faire croire aux africains qu´ils doivent vivre de l´aide ? Oui, pourquoi les africains devraient-ils céder leurs matières premières aux étrangers ?<br /> <br /> On ne demande pas aux riches de se départir de leurs richesses; on leur apprend seulement que leurs richesses dépendent du travail et du revenu des pauvres. Lorsque ceux-ci cesseront d´acheter chez les riches; on se demande combien de temps ces riches le resteront ! Et à propos de concurrence; l´occident n´a-t-elle pas investi en Chine plus qu´en Afrique ? cette histoire de concurrence ne serait-elle valable qu´envers les noirs et africains ?<br /> <br /> Pour ma part je crois que l´impasse entre l´occident et l´Afrique ne peut être réellement résolue que par la raison et le bon sens, or la raison, comme on le sait, n´est jamais le fondement des rapports économiques. Seul l´intérêt prédomine. C´est pourquoi lorsque j´entends Clinton divaguer ou le FMI descendre sur la rue en Afrique, je me dis qu´il y a saloperie en cours. Il suffit d´aller gratter derrières les intentions et les chiffres pour que tout devienne clair. <br /> <br /> Je me demande si la meilleure solution ne serait pas la séparation radicale de l´Afrique de l´occident: cela permettrait à l´Afrique de se guérir de sa naiiveté, de ses illusions et retrouver une identité économique et culturelle précise et déterminée, tandis que l´occident aurait le temps de se rendre compte de l´importance ou la valeur réelle de ses rapports avec l´Afrique. Sans cela nous assisterons toujours à la kermesse du faux, de l´abus et celle du criminel se faisant passer pour humaniste. L´Afrique est à ce point désaccordée de ses propres valeurs qu´elle arrive même à protéger un Omar el Béchir criminel de notoriété publique ! N´est-ce pas incroyable ? <br /> <br /> Tout cela parce que l´occident y a soutenu des dictateurs sanguinaires et y a abattu tous les politiciens francs et talentueux qui soutenaient les intérêts et l´indépendance de leurs peuples. Aujourd´hui, et par réaction aux malfaisances postcolonialistes des européens, les africains se rétractent face à la notion de justice que défend l´occident car celle-ci a trop souvent été teintée de parti pris et de soutenance d´intérêts criminels. Voilà où nous a conduit la culture du faux et celle de la mystification: à ne plus savoir ce que sont les valeurs humaines réelles auxquelles nous devons apporter notre appui et les défendre. <br /> <br /> Musengeshi Katata<br /> "Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu"<br /> FR
L
Bonjour, Musengeshi et Shaka,<br /> Investir en Afrique c'est redonner de l'espoir à ceux qui la fuit. Du même coup on stope la migration de sa main d'oeuvre et de ses intellectuels et cerise sur le gâteau ces pays se relance sur le marché économique. Tout le monde a à y gagner.<br /> Mais n'oublions pas que celui qui a déjà tout ne voudra pas partager ou voir un potentiel concurent sur le marché. On a affaire à une sorte de Camora économique, de pègre, car ceux-la bafouent toutes les lois.<br /> Il faut que libre échange est lieu comme le prône les pays industrialisés et qu'eux-même enlève tout protectionnisme(Toujours le double langage)<br /> <br /> Amitiés, Le Troll.
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