La crise économique et financière s´accélère dangereusement aux Etats-Unis
Les derniers chiffres américains du chômage viennent d´être publiés :
en février les Etats-Unis ont perdu 651.000 emplois. Après 376.000 en novembre,
535.000 en décembre, 598 en Janvier, la crise, comme on le voit s´accélère. En
6 mois les Etats-Unis ont perdu 3 millions d´emplois passant de 7,6% à 8,1%. Et
si on part de 2007, les Etats-Unis ont perdu depuis 4,4 millions
d´emplois.
L´angoisse
du désastre a largement ouvert ses portes, allons-nous vers une douloureuse et redoutable dépression ?
Et les mauvaises nouvelles ne s´arrêtaient pas là : l´A.I.G avait fait
62 milliards de perte au dernier quart de l´année 2008, La Citi avait perdu 26
milliards $ ; General Motors était en banqueroute et semblait
irrécupérable, à moins de se sauver sous l´article 11 de la loi fédérale sur la
banqueroute. Mais alors Opel serait liquidé ainsi que toutes les autres société
automobiles sœurs affiliée à GM en Europe ; cela touchait le Portugal,
l´Espagne, la Suède, la Belgique, l´Allemagne, la Grande Bretagne…faisant corps
de la pyramide automobile de GM en Europe principalement. En Asie et en Chine
les sociétés de GM étaient largement rentables et indépendantes.
On parlait, à tort à mon avis des banques qui ne bougeaient pas d´un
pouce ; mais comment soutenir des sociétés de production surendettées dont
les produits n´étaient plus concurrentiels ? Par ailleurs, on oubliait que
les banques étaient gravement infiltrées de fausses valeurs que d´une part on
osait pas se débarrasser avec le faux espoir qu´on les refilerait à quelqu´un,
et de l´autre que ces valeurs, malgré tout, avaient été comptabilisées au
portefeuille des banques. S´en débarrasser sans contrepartie revenait à se
découvrir, et bien sûr faiblir. Il en avait pour des sommes vertigineuses de
par le monde…après tout on avait joué à ce faux jeu joyeusement pratiquement depuis
2001 !
L´autre talon d´Achille de l´économie américaine : l´immobilier et son
secteur hypothécaire. 45 millions d´américains étaient en passe de perdre leurs
habitats pour perte d´emploi, taux hypothécaires quasi impayables…tandis que
les valeurs immobilières chutaient pratiquement de 16 % tous les mois. Obama
avait bien fait passer un plan au Sénat pour pallier à la dégradation de ce
secteur, hélas, celui-ci ne pourrait aider que 9 millions d´américains sur les
45 millions concernés.
Les choses se corsent et deviennent de mois en mois aigres. Le président
Obama a bien introduit un budget de 3.000 milliards $ avec un déficit record de
1.750 milliards $, lequel, pour la première fois de son histoire, prévoit 698
milliards $ pour la mise sur pied d´une assurance maladie solidaire. D´autre
part, son plan d´urgence contre la crise avoisinait 800 milliards $. Ajouté,
bien entendu au 700 qui avaient été débloqués pour soutenir les banques et
éviter leur effondrement.
Toutes ces mesures portaient sur le long moyen terme. Mais pourraient-elle
influer sur le court terme immédiat et freiner l´érosion de l´emploi et des
valeurs boursières fondant inexorablement à vue d´œil ? Apparemment cette
crise est bien profonde et n´a pas encore atteint le fond du vase. Tous les
pays industrialisés en souffraient : le Japon, l´Allemagne, la France, la
Grande Bretagne, la Chine…pratiquement le monde entier. D´où viendrait les
impulses du changement et de la reprise sinon des Etats-Unis eux-mêmes qui,
rappelons-le, sont incontestablement et de loin, avec 14.560 milliards $ de PIB
l´économie la plus puissante du monde. La seconde place revient au japon qui,
lui, ne compte que 3.400 milliards $, ensuite la Chine avec 2500 milliards $.
Cette crise sera, à notre avis longue et douloureuse. Nous l´avons déjà dit
à plusieurs reprises. Pourquoi ? Parce qu´elle est doublée d´une terrible
crise des finances, et parce que ses facettes sont multiples. Selon nous tout
l´occident a dormi sur ses lauriers depuis 20 ans ; cette culture
industrielle s´est contentée d´embellir et de diversifier des systèmes de
production ne tenant compte ni de l´écologie, ni de l´épargne judicieuse des
matières premières, encore moins si, dans leur développement elle créait le
bien-être plutôt que la vile exploitation appauvrissante. On a caché, avec l´endettement
et le jonglage financier trompeur, la teneur du mal en maquillant la réalité économique
et interprété les chiffres sociaux à sa guise en se disant : cela ira mieux
demain. Or, les choses se gâtèrent encore plus…on s´en prit alors aux salaires
des petites gens pour rester à flot. A la longue, cela ne pouvait pas déboucher
sur le paradis. La Grèce, l´Espagne, l´Irlande et l´Islande en savaient quelque
chose…le Japon et la Chine aussi.
D´autre part, envahir le tiers monde et particulièrement l´Afrique de ses
surproductions sans y investir ou y créer l´emploi n´a fait qu´appauvrir ce
continent au lieu de l´aider à se développer. La Chine n´a rien fait d´autre
que répéter ou imiter cette logique irresponsable. Or, la concurrence mondiale
des produits industriels commerciaux s´accentuant et par la même occasion
l´Afrique s´appauvrissant, les clients sont morts ou ont disparu. Ceci va aussi
poser un problème pour la relève demain : d´où diable viendront les
clients ? Tout le monde était en rage de vendre pour payer ses dettes ou
refaire l´argent perdu par les banques ou par le chômage et les nombreux plans
de soutien des industries et de la consommation locale. La concurrence, à la
relève, sera encore plus musclée qu´avant la crise.
Musengeshi Katata
« Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu »
Forum Réalisance