Ayons le courage de critiquer et corriger nos aînés en Afrique
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Même Cheikh Anta Diop n´est pas infaillible !
Là vous m´avez bien déçu, cher @ Upahotep Kajor; je m´attendais de votre
part de plus d´autocritique...et surtout de dépassement du discours de Cheikh
Anta Diop...que j´ai lu il y a trente ans ! Le problème avec les écrits, c´est
qu´ils sont statiques, même la Bible, le Coran ou n´importe quelle
constitution. C´est pourquoi les gens réellement intelligents réécrivent et
rediscutent ces écrits.
Pour le cas de Cheikh Anta Diop que j´admire, ce que je lui reproche, c´est
son manque d´économisme criant ! Vous relevez ici ses trois facteurs:
historique, linguistique, psychologique...Où est donc resté l´économie et la
production et où est resté la promotion intellectuelle, la science et la technologie ? Tout cela
tombe-t-il du ciel ? Comprenez-moi bien: je suis sûr que Cheikh Anta Diop y a
pensé; seulement, à mon sens il a bien oublié d´y apporter un accent
particulier ! Or ce sont ces derniers facteurs qui déterminent la quintessence
réelle d´une culture, son avenir et sa vitalité créative ! Ce défaut, tous les
africains le font...ou alors ils croient que ces facteurs sont entendus ou
évidents dans une culture. Ce n´est absolument pas vrai. Voyez-vous, mon ami,
quand on fait des prétentions de soi aussi engagées pour notre continent que
les vôtres, la moindre des choses est qu´on fasse montre du détail le plus
méticuleux et le plus averti qui soit, pourquoi ?
Parce qu´au regard justement du passé des pyramides, des Bâtons d´Ishango,
des reines de Méroé, d´empires glorieux qui ont vu le jour en Afrique et
disparu cependant en ne laissant derrière eux que pierres froides et sable du désert ;
devant notre perte de technicité et de savoir-faire qui nous a valu
l´esclavage, la colonisation de tous les envahisseurs de nos terres, nous
sommes bien en droit de nous demander pourquoi nous sommes tombés si bas ? Et
si nous avons fait des erreurs, quelles étaient-elles et comment peut-on
aujourd´hui y remédier et retrouver notre créativité et notre ingéniosité
d´antan et bien mieux encore ? Car, ceci soit dit, le monde d´aujourd´hui est
encore plus criminel qu´hier car plus compétitif, faux et sournois.
A propos de votre facteur psychologique, je me permets de dire ceci: il n´y
a pas meilleur argument psychologique qu´une économie qui fonctionne et nourrit
les rêves et les attentes de ses enfants d´espoir et de meilleur avenir ! Par
contre, je me demande ce que ferait et vaudrait votre cure de psychologie dans
la pauvreté et la misère ? Et précisément si au lieu d´investir dans l´avenir
de leurs propres enfants, les élites africaines faisaient comme actuellement de
jeter l´argent par la fenêtre et consommer étrangers ? Vous sous-estimez
l´économie, mon ami et c´est dangereux, bien dangereux parce que vous ne me
donnez pas l´air d´avoir compris ce qui fait la force réelle ou la puissance d´une
culture.
A propos de votre facteur linguistique je vous donne cette blague belge sur
le bilinguisme pour vous détendre: deux sociétés de production s´installent à
bruxelles. L´une affiche à sa porte: ici on parle français; l´autre affiche le
lendemain: ici on ne parle pas, on travaille ! Vous comprendrez certainement
que j´aime la deuxième version de cette blague, n´est-ce pas…
Musengeshi Katata
"Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu"
Forum Réalisance