Sur le dernier voyage du président Georges Bush en Afrique...
Le dernier faux bain d´amitié...
Aux Etats-Unis, chez lui où par deux fois il avait été élu, c´est à peine si on ne se détournait pas de colère et de déception lorsque son nom venait, dans le hasard des informations ou des conversations, aux oreilles. Toute l´Amérique autant intellectuelle que civile ou militaire avait fini par se rendre compte, tout au long des deux mandats que ce président a exercé, de l´incroyable incompétence que ce texan apparemment prude et retenu avait mis à jour. Et parce que le peuple américain l´avait choisi et élu, le jugement qu´on lui apportait se reflétait autant sur ses électeurs que sur les valeurs américaines profondes. Gêné et plutôt embarrassé, on se demandait comment une telle maladresse politique, économique et morale avait pu germer au sein de ce peuple ambitieux, et surtout prétendre à sa magistrature suprême. A la magistrature suprême du pays le plus riche et le plus puissant de la terre en y laissant une si peu honorable traînée de gaffes.
L´Amérique se trouvait aujourd´hui, ne nous en cachons pas, dans une douloureuse récession rampante que les coûts exorbitants (1 milliard $ par jour) des guerres de prestige inutilement entamées sous le bushisme risquaient de nuire au rapide relèvement de cette économie éprouvée autant dans ses structures que dans ses valeurs morales et culturelles. Et si ce n´était que cela, passe encore, mais les incisions et abus aux libertés fondamentales de la démocratie américaine dont celle-ci avait toujours été fière, autant que la brusquerie juridique d´alliés européens en les associant malgré eux à des enlèvements et des méthodes de tortures médiévales contraires à toute prétention de civilisation contemporaine, avaient refroidi et mis à distance les précieux alliés économiques et politiques d´une Amérique qui se voulait démocratique et défenderesse de la liberté humaine.
Et pour aggraver une atmosphère déjà empoisonnée, des banquiers américains, pour cacher leurs déboires, ne trouvèrent mieux que de prêter des hypothèques immobilières chancelantes (surprimes) à des clients douteux ou de basse bonité...pour s´en débarrasser aussitôt en les vendant aux banques européennes. Celles-ci croulent aujourd´hui sous les pertes occasionnées par ces produits douteu. Désormais, les banquiers européens ou étrangers en général y regarderaient par deux fois avant de souscrire à des produits américains. Cela entretenait-il la confiance ? Pas du tout. Et l´Amérique, dans les années qui vont suivre, va apprendre à ses dépends que dans toute récession on a grand besoin de tous ses amis. Et surtout de la confiance que ceux-ci nous accorde.
Quand on voyait Georges Bush aujourd´hui parcourir l´Afrique, proposer quid au Kenya que Kibaki tende la main à l´opposition, ce que tout le monde approuve et conseille chaudement, ou encore que le président américain condamne la Chine et l´ONU dans l´affaire du Darfour; c´est à peine si on ne se demandait pas si c´était le même Georges Bush qui brusqua l´ONU en agressant illégalement l´Irak pour détruire et assujettir sa souveraineté. Ou encore, était-ce le même président qui, contre tout usage démocratique fit ériger Guantanamo, Abu Ghraib et ordonna la torture criminelle de prévenus et leur détention au mépris de tout droit international usuel ?
Cet homme avait-il petite mémoire ou était-ce l´expression désespérée de la bêtise politique la plus frondeuse ? Ou s´agissait-il, face à des africains que la faiblesse économique et financière rendaient retenus et bons enfants, une dernière tribune pour camoufler ses déboires sous le généreux soleil des tropiques et se sentir encore admiré et respecté malgré le noir tableau qu´on affichait sans gloire à domicile ? Croyait-il par-là redorer son blason ou se doter d´une légende de sauveur averti de l´humanité ? L´Afrique, ce continent aux mille douleurs et aux milles exactions de l´histoire de l´hégémonie économique et financière occidentale serait-elle, à nouveau, et pour ainsi dire comme toujours, un lieu de fausseté et de mensonges où chaque blanc en mal de talent et d´admiration aimait à visiter pour se sentir grand, puissant et supérieur ?
Et pourtant, même si le sourire était aux lévres de tous, les africains qui, depuis avaient appris à lire les dessous des cartes, ne se laissaient plus abuser aussi facilement qu´hier. Il ne faut plus se fier aux apparences. Toute l´histoire de l´esclavage, celle de la colonisation, celle de la francafrique et de la cupidité hégémonique occidentale n´était pas restée inconnue des africains. On a beau les sous estimer ou préjudicier sciemment à leurs intérêts et à leurs doits légitimes à la réalisation existentielle et à la libertés, les africains savent déjà que "time is on my side" et que pour eux Dieu est noir. On veut aujourd´hui, comme hier, les atteler à une charrue morte: celle dont ils avaient porté le poids durant des siècles sans en jouir des fruits succulents. Et ces temps-là sont révolus. Certes il y a encore trop de parvenus et d´illuminés dans les rangs du pouvoir africain, mais la poussée des masses exigeant autant leurs droits que leurs libertés à une pleine et entière réalisation va changer les choses sur ce continent rapidement. L´histoire africaine réclamme son tribu et ses victoires afin qu´elle les mette aux pieds de ses propres enfants. Chacun pour soi, Dieu pour tous.
Au delà de ce dernier voyage sur le continent-mère de la race humaine, beaucoup se demandent comment ou quel sera le jugement que l´histoire accordera à monsieur Georges Bush. Espérons que le peuple américain qui l´avait élu aussi pompeusement lui rendra la place qui lui revient dans les annales de son histoire... Pour ma part, je considère ce texan comme le plus médiocre des présidents que l´Amérique aie jamais élu. Et je pense, à l´avenir, que les américains, comme par ailleurs tous les peuples sains et diligents de la terre, devraient exiger de tous ceux qui prétendent aspirer à la magistrature suprême de leurs états, qu´ils fassent montre de valeurs et de talent dignes d´exercer ces fonctions. Dieu merci, Obama est à l´horizon. Cela permettra de montrer que le peuple américain est tout autre que le terne Georges Bush ne l´a laissé entrevoir.
Musengeshi Katata
Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu
Forum Réalisance