Constitution, développement et organisation sociopolitique en Afrique
Commentaire sur l´article de Stephane Bolle :
° La République Démocratique du Congo est-elle
un Etat régional? - LA CONSTITUTION EN AFRIQUE
D´abord
remplir les exigeantes conditions du développement…
J´admet que les efforts évidents faits en RDCongo par de nombreux
gouvernements et de nombreux courants politiques vont dans le sens de doter ce
pays d´une forme de personnalité constitutionnelle du pouvoir qui le fasse
enfin fonctionner...trop de guerres et de tribalisme ou de régionalisme couvent
sous l´ignorance et la pauvreté. Ceci n´est pas réprimandable, loin de là. Mais
derrière ces efforts il y a bien quelque chose de plus fondamental que beaucoup
de juristes ou formalistes du pouvoir ont difficile à assurer, ou plutôt
dirai-je, hélas, que la vérité est ailleurs; qu´elle est moins dans la forme de
l´État, le nombre de fonctionnaires, ou la qualité de la constitution d´un
pays, mais bien dans la mise sur pied de conditions (intellectuelles,
techniques, professionnelles) et de l´organisation rationnelle effective d´une
idéologie économique de production de bien-être et de moyens et instruments de
réalisation !
Certes tous les grands esprits universitaires ont saisi l´importance de
l´organisation politique et structurelle qui manque cruellement à la RDCongo,
comme dans toute l´Afrique, par ailleurs; mais on commet la même erreur que
dans le passé: ce n´est pas la politique ou quelques fonctionnaires bien payés
ou bien instruits qui font le progrès d´un pays ou son avenir, mais bien
l´économie efficace et la production ! Et ceux-ci sont des processus de mise en
valeur autant de facteurs que de l´utilisation adéquate et raisonnée de ces
derniers à la réalisation du progrès et du bien-être d´un pays. Et je note
particulièrement ici que les agents économiques les plus influents d´une
société ne sont pas étatiques mais bien privés !
Avec ce débat constitutionnel qui est certes louable, on ne doit cependant pas
oublier de promouvoir et mettre sur pied les véritables conditions sine qua non
du développement: former le plus d´ingénieurs de haut niveau que possible,
ainsi que des ouvriers qualifiés capables de rendements exigeants et précis
comme le veut une production sévère et ambitieuse. Et bien sûr, sans une
éducation créative, une formation professionnelle continuellement progressive,
des moyens d´accumulation et d´investissement soutenant un projet de société
travailleur et déterminé, même la plus belle constitution du monde ne sert à
rien d autres qu´à s´égarer dans un labyrinthe de discussions vides, parce
qu´ils leur manque les moyens de leur politique.
Et je doute que le sens d´une Nation quelconque ne se réduise qu´à installer ou
se doter d´année en année ou de décennies en décennies de gras fonctionnaires
de tout acabit ou de juristes versés dans la discussion de la forme politique
la meilleure pour un Etat. Avec cela on ne fait qu´agrandir le nombre de
parasites et d´écornifleurs vivant sur le compte d´un peuple présentement
pauvre ! Il faudrait d´abord organiser et mettre sur pied la production avant
d´alourdir la nation d´un nombre toujours croissant de hauts discuteurs qui ne
produisent rien du tout et ne mettent même pas le principal en route ! Or,
avant de discuter si joyeusement, les gens doivent d´abord subvenir à leurs
besoins, s´instruire, travailler pour nourrir un idéal positif au sens de la
réalisation individuelle et collective. Et si ce train du progrès est mis en
marche, on verra bien alors que ce sont les moyens de production, de ceux qui
les détiennent et de ceux qui les entretiennent qui déterminent le moment, le
lieu et le contenu de la politique.
Même Kenneth Galbraith le disait. A ce
propos, les africains semblent à mon avis avoir le défaut de mettre la charrue
devant les boeufs, ou du moins de mésestimer les incroyables efforts qu´il faut
pour arriver à produire dans un monde où bien d´autres ont placé, avec leur
industrialisation, le niveau de jugement bien haut. Un complexe hérité du refus
de recolonisation, sans doute. Comme on sous estime à mon avis les efforts
mentaux et intellectuels qu´il faut mettre sur pied pour sortir de la société
traditionnelle et entrer dans la société industrialisée. Ces efforts sont
immenses et incroyablement exigeants. Alors peut-être essaie-t-on seulement de
tromper les apparences en s´attelant inutilement au subsidiaire qui ne mène
nulle part. L´important, c´est l´économie et le progrès parce que ceux-ci
mènent nécessairement à de nouvelles formes d´organisations sociales et
politique. Le développement, il a ses avantages, n´en doutons pas. Après avoir
créé les conditions du progrès fonctionnant et tranquillisant, on peut alors
discuter à loisir...et beaucoup plus sincèrement et détendu.
Musengeshi Katata
"Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu"
Forum Réalisance