La grande ironie des élections européennes
Curieuse inversion : on s´attendait, dans cette crise et ses
quotidiens lots de banqueroutes et de licenciements, que les conservateurs
soient nettement repoussés aux suffrages, or, ce sont les socialistes qui ont
payé la facture ! Le monde à l´envers pour avoir voulu préserver les
petites gens des méfaits de la crise ou la gauche a été sanctionnée pour s´être
associée aux syndicats pour marcher contre l´enfant chéri de tout le monde occidental :
le capital ? L´Europe s´est tassée à droite, et alors ; les problèmes
que posent cette crise et l´avenir de l´UE ne se sont pour autant pas évaporés !
Une
dangereuse inversion qui punit la naïveté et le suivisme des socialistes
« Le
poète est comme l´oiseau qui se moque des nuages et se rit de l´archer ;
exilé sur le sol au milieu de huées, ses ailes de géant l´empêchent de marcher » Baudelaire. L´albatros.
Même Léopold II, le plus renégat des monarques belges néolibéral avait,
dans sa doctrine, dit aux missionnaires en partance pour le Congo : « apprenez-leur
à croire, pas à raisonner. » Formés à cette école, aujourd´hui les
congolais ont difficile à réfléchir et résoudre logiquement leurs difficultés,
quand bien même leurs solutions pendaient devant leur nez ! Mussolini, lui
disait : « Le peuple, est une putain qui préfère le mâle le plus fort. »
En Italie, et malgré les relents d´escroc et d´immoralité qui le poursuivaient,
Berlusconi battait toute la concurrence politique et la mettait au pied du mur
avec une majorité écrasante. Ceci pour dire que lorsqu´on essaie avec la raison
de faire passer un message en politique, et face aux gens de peu d´autonomie
intellectuelle et économique…après tout tous les occidentaux sont issus du
capitalisme et du néolibéralisme depuis leur éducation jusqu´aux fruits économiques
sociaux dont ils jouissent aujourd´hui des bienfaits ! Mais oui, soyons
sincères : toute l´histoire du bien-être et du système économique
occidental vient du pillage des Amériques, de l´extermination de ses indiens et
de l´esclavage des africains…ainsi que la colonisation et la francafrique qui
permirent jadis le commerce triangulaire et aujourd´hui un enrichissement indécent
avec lequel on pouvait jouer au capitalisme de casino.
Et ne pas avoir eu le courage de dire aux gens clairement que cette époque
néolibérale, avec cette crise est terminée…et qu´il faudra veiller à ne pas
appauvrir ses futurs clients à l´avenir avec des exportations étouffantes
ou avec un subventionnisme sournois : c´est la cause véritable de la défaite de
la gauche aux européennes. Car les gens réagissent ainsi : Never change the winning Team. Les gens
du commun savent que le capitalisme est allé piller le monde entier pour qu´ils
vivent décemment, qu´ils s´industrialisent et soient de la race la plus riche et
la plus créative du monde. Sinon pourquoi se pressait-on à faire partie de l´Union
Européenne, le berceau du néolibéralisme capitaliste ? Pourquoi devraient-ils
croire que les choses ont changé ? 600 ans d´hégémonie absolue sur le
monde, ça marque. Dieu est à nos côtés, se répètent-ils comme on le leur avait
appris ; après tout on leur a toujours dit qu´il était blanc ! Nos politiciens
salauds, nos grand escrocs commerciaux, ils vont bien trouver quelques
solutions pour que nous nous tirions d´affaire à moindre mal, mais que ce
soient les autres qui paient nos factures…comme par le passé. Vive le
capitalisme !
Or, les choses, malheureusement, ont vraiment changé. Le temps de
tricheries, de paradis fiscaux pour escrocs de notoriété publique, de boucs émissaires,
de chiens à noyer qu´on accusait de rage, de fausses aides qui ne servaient qu´à
corrompre et à appauvrir ou ces temps où on bombardait les femmes et les
enfants à loisir pour mettre la main sur le pétrole ou autres matières premières….ces
temps-là sont, hélas, révolus. Bien révolus. Ce qui manquait aux occidentaux
aujourd´hui, c´était des acheteurs pour leurs exportations. Les américains qui
avaient vécu effrontément au dessus de leurs moyens en prétendant que cela était
du « Rêve Américain » s´étaient réveillés en catastrophe : perclus de dettes. Et jouer au casino de la
fausse monnaie ne nous avait tous qu´enfoncé dans une crise financière sans précédent.
S´endetter, vivre au-dessus de ses moyens, mépriser et appauvrir ses futurs
clients….cela devait finir ou on se mettait soi-même la corde au cou. Et par-là
même conduisait-on son système économique et politique à l´impasse du collapse.
Voilà ce que les socialistes devraient dire aux électeurs : la vérité.
Au lieu de taper sur les conservateurs ou les accuser, comme leurs banquiers
canailles, d´être de la même écurie. Provoquer un large débat de société plutôt
qu´incriminer les gens ou les diviser. Après tout, n´importe quel socialiste
occidental est lui aussi un produit de tous ces méfaits ou il en a été nourri !
Si ce grand débat n´a pas lieu, on verra encore comme actuellement en Allemagne
où le Parti Socialiste avec 20,8% des suffrages perd 0,8 % par rapport aux élections
européennes passées, mais semble plus mal en point que les conservateurs ayant
perdu 6,2% mais totalisant 38% des voix. Et on peut se demander : cette
crise, à qui devrait-elle profiter sinon au socialistes ? Les efforts des
socialistes pour défendre Opel, le prix du lait valant moins que celui de l´eau
minérale, pour défendre l´emploi ; tout cela ne serait pas honoré par les électeurs ?
Que faut-il faire, alors ?
Exact : faire moins de tapage et laisser faire les banqueroutes qui
jonchent le trottoir en criant à l´aide publique et aux subventions du
portefeuille des contribuables. Ils sont des milliers…et demain leur nombre va
augmenter. Mais lorsque les gens auront enfin compris ce qui se passe réellement,
ils cesseront de réfléchir en terme de catégorie Gauche-Droite ou à user de
leurs réflexes conservateurs ou raciste
dépassés. Ils vont enfin se mettre à penser et à réfléchir. Et les solutions
nouvelles ou des politiques adéquates seront possibles. Obama a les mêmes
ennuis aux Etats-Unis : il a bien gagné les élections, mais les américains
veulent rester ce qu´ils ont toujours été : dépensiers, arrogants,
superlatifs gratuitement sur le dos du monde entier et surtout sur celui des
pays pauvres auxquels ils privaient des flux financiers d´investissements pour
jouer au casino du financement trompeur et de l´argent facile tournant sur
place.
Changer la mentalité d´un pays qui a vécu longtemps ses erreurs et ses excès
comme des fondements de sa victoire économique et de son bien-être est bien
difficile. S´endetter indéfiniment n´est pas une solution au problème ; ce
la n´appauvrit que les pensionnaires, l´Etat et les générations suivantes. Il faut bien que
le peuple voie les choses autrement et change. Autrement, et malgré la victoire
et la justesse de la politique d´Obama, il échouera bien. Car l´Amérique, ce n´est
pas seulement son président, ses managers et politiciens illuminés ou pas… c´est
aussi et surtout le petit peuple des universités aux travailleurs qualifiés en
passant par la petite vendeuse ou le marchand de journaux. Eux aussi doivent
comprendre que les choses ont bien changé. Mieux vaut prévenir que guérir,
dit-on. Avec l´avènement de la société de consommation, on a sciemment empêché
les gens de réfléchir ou de voir les choses plus loin que leur nez. Aujourd´hui
cependant il faut leur donner les moyens de redevenir responsable de leur
propre avenir. De participer à la gestation d´une politique RÉELLEMENT fiable à
tout point de vue. Et bien plus honnête et respectueuse des acquis et des
valeurs sociales les plus chères à la société.
Musengeshi Katata
« Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu »
Forum Réalisance